lundi 25 janvier 2010

Bikinians "Rhinocirrhosis EP"

Outre ses bières, ses frites, ses chocolats et une gentillesse dont on ferait bien de s'inspirer par-ici, ce que l'on envie le plus aux belges, c'est leur scène rock : dEUS, Venus, Ghinzu, Girls In Hawaii, 2 Many DJ's, Absynthe Minded, Arno, Zita Swoon, etc... Il y a une vie en dehors de Jean-Philippe Smet, fort heureusement.

Nos nouveaux venus au nom improbable, Bikinians, s'inscrivent dans la droite lignée de ces groupes aux goûts anglo-saxons très affirmés. Leur pop-rock sautillant, aux mélodies joyeuses et aux riffs de guitares alternant habilement entre embrasement et douceur, fait mouche immédiatement. Envoyé avec une fougue juvénile, la musique de Bikinians se révèle sacrément efficace. On pense immédiatement à des cousins belges des écossais de 1990's ("How", "Rhinocirrhosis"). The Spinto Band, Franz Ferdinand, Supergrass ("Old Lady Face"), The Wombats ou encore Weezer ("2nd Hand Shop") ne sont jamais très loin non plus.

Généalogie fort impressionnante, mais la question se pose : ces belges ont-ils réellement les épaules pour suivre le même parcours que leurs aînés ? Seul l'avenir nous le dira, mais cet EP révèle dors-et-déjà un groupe au talent prometteur.

Pour qui veut en avoir le cœur net, Bikinians sera en concert à La Flèche d'Or le 5 Mars. Des secousses sont à prévoir dans la fosse.

Découvrez la playlist Bikinians


Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.

dimanche 17 janvier 2010

Concerts à venir... Février 2010

Midlake le 2 Février au Casino de Paris
Emily Jane White le 2 Février à l'Alhambra
Charlie Winston le 2 Février au Zénith
Stereophonics le 4 Février à l'Olympia
Kasabian le 8 Février à l'Olympia
Diving With Andy les 8 & 9 Février au Café De La Danse
Richard Hawley le 10 Février à l'Alhambra
BB Brunes le 10 Février à l'Olympia
The Animals (& The Brew) le 12 Février au Plan (Ris-Orangis - 91)
Bill Callahan le 12 Février au Café De La Danse
Jil Is Lucky (& Kid Harpoon) le 13 Février au Rack'am (Brétigny-sur-Orge - 91)
Local Natives le 17 Février à La Maroquinerie
Izïa le 18 Février au Plan (Ris-Orangis - 91)
Mustang + Bob Log III + + Hell's Kitchen (Festival "Les Nuits De L'Alligator") le 22 Février à la Maroquinerie
Yael Naim le 25 Février à la Salle Pleyel
Vampire Weekend le 25 Février à l'Olympia
Eldia + Honkeyfinger + Henry's Funeral Show le 25 Février à la Flèche d'Or
La Roux le 26 Février au Bataclan

mardi 12 janvier 2010

Air (Casino de Paris, 11 Janvier 2010)

C'est peu convaincu par le dernier opus des français (Love 2) que l'on se rend au Casino de Paris pour (re)voir Air. Le groupe, jadis passionnant, semble condamné depuis quelque temps au surplace. La grande densité de leur répertoire leur permettra-t-elle de prendre leur envol en live ce soir ? On l'espère et on les en sait capable.

C'est 1973, jeune combo folk francilien, qui se charge de lancer la soirée. Très clairement influencés par des groupes comme America ou Kings Of Convenience, 1973 rend une copie correcte et attachante, à la qualité mélodique indéniable, mais manquant d'envergure. Visiblement stressés au plus haut point, ils ne parviennent pas vraiment à se lâcher.

On avait quitté Air trempé et frustré lors de leur concert avorté au Bassin de Neptune du Château de Versailles en Juin 2007 (les shows enfiévrés d'Étienne de Crecy et surtout de Phœnix avaient réussi à passer entre les gouttes, mais la pluie avait eu raison des synthés de Air après seulement deux titres). Ce soir, on repart atterré. Pourtant, notre dernier souvenir des deux astronautes électro-pop remonte à leur très bon concert au Zénith en 2004 (tournée Talkie Walkie).

Six ans plus tard, les deux versaillais osent le pari risqué de jouer accompagnés d'une simple batterie, et interprètent leurs titres dans leur plus simple appareil. Pari perdu et fan déçu : orphelines de leurs luxuriants arrangements, les chansons du duo deviennent quelconques, sans relief. Sans intérêt. Au bout d'un moment, les titres finissent même par tous se ressembler. Un comble. Le voile se lève, on touche du doigt les cruelles limites d'un de nos groupes préféré. Même des splendeurs comme "How Does It Make You Feel ?", "Kelly Watch The Stars !" ou "Cherry Blossom Girl" tombent à plat. Les morceaux se succèdent et la déception s'installe chaque fois un peu plus : on déchante complètement.

Confirmation est faite, également, qu'après le décevant Pocket Symphony (dont aucun titre ne sera joué ce soir), Love 2 n'est qu'un ersatz de leurs précédents albums. Pour ne rien arranger, on ne se rappelait pas que Jean-Benoît Dunckel pouvait être si horripilant : pauses condescendantes, voix parfois insupportable, parties de clavier simplistes, le bilan est peu flatteur. Nicolas Gaudin, lui, s'en sort beaucoup mieux. Élégant et sobre, il offre un jeu de basse passionnant quoique répétitif et des parties de guitare efficaces qui sauvent un peu la mise. Mais on ne peut se contenter de cette peau de chagrin. En 1h20 d'un concert plein de froideur, Air a réussi à détruire dix ans d'adoration béate. Un concert à vite oublier.

Setlit Air : 01 Do The Joy, 02 So Light Is Her Footfall, 03 Love, 04 Remember, 05 J'ai Dormi Sous L'Eau, 06 Venus, 07 Missing The Light Of The Day, 08 Tropical Disease, 09 People In The City, 10 Radian, 11 Cherry Blossom Girl, 12 Be A Bee, 13 Highschool Lover, 14 How Does It Make You Feel ?, 15 Talisman, 16 Alpha Beta Gaga, 17 Kelly, Watch The Stars ! / Rappel / 18 Heaven's Light, 19 Sexy Boy, 20 La Femme d'Argent

Découvrez la playlist Air "Love 2"

Crédits Photos : Le Hiboo
Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.

dimanche 10 janvier 2010

Jacques Dutronc (Arènes de l'Agora, Evry, 9 Janvier 2010)

Quelle mouche Corse a donc piqué Jacques Dutronc ? Retiré depuis des années sur l'Île de Beauté, le beau Jacques y jonglait avec un emploi du temps de ministre (Corse) : siestes, cigares, whisky et chats. La dernière fois que l'on a entendu parler du Playboy des 60's (la version "chanteur"), cela remonte à sa tournée de 1992.

L'événement est donc de taille, d'autant plus que cette date à Évry est la toute première de la tournée. On aperçoit d'ailleurs Philippe Manœuvre dans la salle. Alors : vrai événement, dernière facétie d'un pré-retraité ou simple mise à jour des comptes en banque ? La question se pose vu qu'aucun nouvel album n'est envisagé (ce qui n'est peut-être pas plus mal) et que notre Aventurier préféré n'a rien de plus à offrir que lors de sa précédente tournée. Si ce n'est 18 ans de plus au compteur.

Oui, mais voilà : Dutronc, on l'aime. Irrévocablement. Sans retenue. On l'a aimé à l'instant-même où on a entendu "Les Cactus" pour la première fois. On a aimé ses chansons sans savoir que c'étaient les siennes. Il a beau appartenir à la génération de nos parents, on ne peut s'empêcher de l'aimer. On l'aime parce qu'il détonne, parce que ses chansons ne nous quittent plus sitôt entendues. Parce qu'il est furieusement drôle. Et, surtout, on l'aime parce qu'il est Rock. Oui : ce monsieur de 67 ans avec une hanche en plastique, qui chante ce soir devant un parterre de cartes vermeilles, est infiniment plus subversif que n'importe quelle bouffonnerie de Superbus.

Dans "Et Moi Et Moi Et Moi", il y a autant de Kinks que de Rolling Stones. Et puis Dutronc, contrairement à Johnny, ne s'est jamais tourné en ridicule. Le concert de ce soir, qui inaugure la tournée, est l'occasion de vérifier que son aura est toujours intacte et que ses chansons n'ont pas pris une ride. En un mot : sa sortie de pré-retraite est une belle réussite. Alignant les tubes de son répertoire, Dutronc a la partie facile. Mais il le fait avec conviction, bien épaulé par un groupe en béton armé (qu'on aurait aimé plus subtil par moments).

Là où le mari de Françoise Hardy nous surprend le plus, c'est lorsqu'il enfile son superbe costume de crooner : les versions de ses ballades chantées ce soir sont prodigieuses ("L'Opportuniste", "Gentleman Cambrioleur", "Le Plus Difficile", "J’Aime Les Filles", "Il Est Cinq Heures, Paris S’éveille", "Comment Elles Dorment", "Le Petit Jardin" ou encore "Les Playboys"). Sa voix, rayonnante, est restée intacte. Elle a conservé son charme d'époque. Il n'y a dès lors plus de contestation possible : Dutronc est un grand chanteur.

Seules ombres au tableau : cette danseuse naine en robe décolletée rose qui vient se trémousser sans raison à la droite du chanteur. C'est du plus mauvais goût. On se serait également dispensé de quelques jeux de lumières lourdingues. Dutronc aurait par ailleurs gagné à raccourcir son délire samba assaisonné de claquette ("La Compapade"), certes amusant, mais ennuyeux à la longue. Enfin, les quelques erreurs techniques sans conséquence émaillant le spectacle sont, quant à elles, habilement rattrapées par le maître de cérémonie.

Fidèle à son personnage, Dutronc joue la carte de la nonchalance et du cynisme entre deux morceaux, nous distille quelques délicieuses perles de mauvaise foi et d'humour acide. Juste avant de regagner les coulisses après un dernier titre, il lance à la cantonade : "Les répétitions vous ont plu ? Voici le concert !", puis rejoue "Et Moi, Et Moi, Et Moi", qui avait déjà ouvert le concert.

Il pose sur son siège un panneau où est inscrit "A Demain", puis se retire. Le public, au début timide mais qui s'est progressivement lâché, ne l'entend pas de cette oreille. Debout, il en redemande pendant de longues minutes. En vain, croit-on lorsque les lumières se rallument. Mais alors que l'on s'apprête à regagner la sortie, Dutronc réapparaît sur scène, visiblement ému par l'enthousiasme du public. Pour une fois nous assistons à un vrai rappel, gagné à la force des poignets, et pas vraiment prévu. Le groupe rejoue "La Fille Du Père Noël", puis Dutronc demande au public quelle chanson il veut entendre. Devant les centaines de réponses qui fusent de toutes parts, il lance : "J'entends rien alors on fait c'qu'on veut", et il entame "Les Cactus". Après une dernière acclamation, nous sortons de la salle absolument ravis, accompagnés par la voix de Paul McCartney et son "Eleanor Rigby".

Setlist : 01 Et Moi, Et Moi, Et Moi, 02 On Nous Cache Tout, On Nous Dit Rien, 03 Comment Elles Dorment (Le Polisson Du Polochon), 04 Qui Se Soucie De Nous (avec intro "Satisfaction"), 05 Madame l’Existence, 06 La Fille Du Père Noël, 07 L'Opportuniste, 08 Gentleman Cambrioleur, 09 L'Hymne à l'Amour (Moi L'Noeud), 10 Le Plus Difficile, 11 Tous Les Goûts Sont Dans Ma Nature (avec Etienne Daho), 12 J'Aime Les Filles, 13 Les Playboys, 14 Fais Pas Ci, Fais Pas Ça, 15 Les Cactus, 16 Le Petit Jardin, 17 Il Est Cinq Heures, Paris S’éveille, 18 La Compapade, 19 Merde In France, 20 Et Moi Et Moi Et Moi (bis) / Rappel / 21 La Fille Du Père Noël, 22 Les Cactus.

Découvrez la playlist Jacques Dutronc


Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.