lundi 12 avril 2010

The Parisians "Shake The Ashes Of Our Enemies"

Chaque scène a ses grands perdants, à l'image de The Parisians, qui arrivent bien après la bataille. Surgis des bars de la capitale il y a 4-5 ans en même temps que la génération "Paris Calling" (Naast, BB Brunes, Plasticines, Second Sex, Shades et autres), leur parcours depuis est moins flatteur que celui de leurs acolytes. La faute notamment aux quelques remaniements internes qui ont rythmé la vie du groupe. Ces six années chaotiques aboutissent à Shake The Ashes Of Our Enemies, premier album fiévreux des jeunes parisiens enregistré sous la houlette de Yarol Poupaud.

Élevés à bonne école, affichant la panoplie du parfait petit punk (perfecto, silm et converse usées jusqu'à la moelle), les Parisians sont un pur produit des années 2000. Membre du club des groupes en "The", ce n'est pas un hasard si Shake The Ashes Of Our Enemies sonne comme une synthèse des formations phares du rock du début de millénaire (The Libertines, The Strokes, The Hives, Queens Of The Stone Age). Sur l'échiquier rock national, les Parisians s'apparentent à des petits cousins des perpignanais de Hushpuppies : ils partagent la même fougue, le même amour du larsen et le même talent pour confectionner des refrains qui restent en tête.

The Parisians proposent onze chansons à l'efficacité indéniable ("Dark Story Tough City", "Time For Nothing More", "Next Round Is On Me", "Just Like","Hips N'Lips") mais qui se cantonnent encore trop à reproduire le son de leurs aînés. Disque de jeunesse par excellence avec tout ce que cela suppose de défauts (titres pas d'une folle originalité et pas encore tous au niveau) et de qualités (enthousiasme, fraîcheur, spontanéité), Shake The Ashes Of Our Enemies est un album excitant mais dont la principale faiblesse est de donner une sensation de déjà entendu. Mais bourré d'énergie, joué pied au plancher et traversé par un esprit Garage Rock à toute épreuve, il ravira les aficionados du genre.

Pour The Parisians, le chemin vers une plus grande reconnaissance artistique passe maintenant par un émancipation vis à vis de ses influences. Leurs titres ne demandent qu'à arriver à maturité pour surprendre davantage. Quoi qu'il en soit, les Parisians tiennent là leur revanche sur le destin, et on leur prédit un joli petit succès avec ces petites bombes punk prêtes à enflammer les planches.

Lire également la critique du disque sur Froggy's Delight.


Découvrez la playlist The Parisians

dimanche 11 avril 2010

Hindi Zahra (Le Plan, Ris-Orangis, 10 Avril 2010)

C'est une affiche ô combien alléchante que nous propose Le Plan ce soir : le duo instrumental Ballake Sissoko & Vincent Segal et la franco-marocaine à la voix de cristal Hindi Zahra. La salle Essonnienne prouve une fois de plus la qualité et l'éclectisme de sa programmation, sans égale en banlieue parisienne (l'EMB Sannois mis à part).

Le concert de Ballake Sissoko (le malien joue de la kora, instrument à corde africain) & Vincent Segal (au violoncelle) vient juste de commencer lorsque l'on pénètre dans la salle. C'est avec surprise que l'on découvre une fosse entièrement assise et une atmosphère figée. On entendrait une mouche voler. Le duo, guidé par un esprit de liberté manifeste, nous propose une heure de sonorités africaines riches et bariolées. On connaissait la virtuosité de Vincent Segal au violoncelle, mais il parvient encore à nous surprendre : la retranscription des instruments africains au violoncelle est bluffante. Les yeux fermés, ses doigts agiles parcourant son kora, Ballake Sissoko enchaîne les arpèges et les mélodies. Le mariage des deux sonorités fonctionne à merveille, les deux instrumentistes étant clairement sur la même longueur d'onde. Malgré la grande qualité de leur prestation, on finit par décrocher : leur musique trop solennelle manque de vie. On serait curieux de voir ce que cela donnerait avec des percussions et un chant en plus.

En matière de voix, Hindi Zahra est parmi ce qui se fait de mieux aujourd'hui en France. La jeune chanteuse (30 ans) n'a pas son pareil pour chanter le spleen. Déjà sous le charme de son tout récent Handmade, elle confirme tout le bien que l'on pense d'elle en livrant sur la scène du Plan une performance en tous points fascinante.

Son groupe (deux guitares, un clavier, une batterie) l'accompagne à la perfection, sans en faire trop, sachant se mettre en retrait lorsqu'il le faut et mettant parfaitement en lumière son magnifique écrin vocal. La chanteuse commence par poser l'ambiance avec deux titres lancinants absents de l'album mais d'une évidence mélodique pourtant remarquable. Dès ses premières notes dans le micro, la force de son chant envoûte.

"Fascination" et "Imik Si Mik", deux des plus beaux titres de l'album, viennent confirmer nos impressions avant que la splendide "At The Same Time" et le tube "Beautiful Tango" n'enfoncent le clou. Les versions des titres joués, plutôt sages et fidèles jusqu'ici, partent ensuite dans de longues et jubilatoires improvisations. Hindi Zahra s'amuse à détourner ses chansons, à les triturer dans tous les sens ("Kiss & Thrills", avec une superbe introduction aux percussions, "Oursoul", "Set Me Free"). Les musiciens s'en donnent à cœur joie, chacun se lançant dans de brillants chorus.

La chanteuse revient seule à la guitare pour un "Don't Forget" émouvant de simplicité et de beauté. Déjà admirables et touchantes sur disque, ses compositions deviennent magiques en concert. Même une chanson de la trempe de "Waiting In Vain" de Bob Marley (sur Exodus, 1977) ne perd aucunement de sa superbe. Mieux : elle parvient à en donner une version toute personnelle et extrêmement réussie. Le public exulte. Modeste, Hindi Zahra considère que "c'est l'effet Bob".

"Stand Up", sans conteste le meilleur passage du concert, se révèle absolument géniale en live. La version euphorisante jouée ce soir est beaucoup plus forte que celle du disque, un peu trop sage. La chanteuse muscle son chant et ne se cache plus. Elle regarde le public droit dans les yeux et joue avec lui, évoquant même par instants James Brown avec ses gimmicks vocaux irrésistibles ("Do what you gotta do", "Stand up on your two feet baby"). Les spectateurs répondent présents puis donnent de la voix lorsque le groupe se retire en coulisses.

Un rappel nous voulons, un rappel nous aurons. La troupe revient pour un titre, "Music", qui vire en rock façon "Immigrant Song" de Led Zeppelin. Étonnant mais réussi. Hindi se déchaîne, laisse ses cheveux s'exprimer et dévoile une facette insoupçonnée de sa personnalité. Ballades, soul, folk, reggae, jazz et donc rock : tous les genres sont pris à bras le corps avec le même enthousiasme et la même réussite. Son concert est un voyage, à travers les styles musicaux, les langues, les sentiments.

Timide mais habitée, Hindi Zahra impose par la seule force de sa musique un univers extrêmement personnel. Elle parvient à insuffler un souffle oriental à ses compositions folk tout en en proposant des versions reggae. Sa façon atypique d'exprimer ses émotions avec son corps y participe aussi (main qui vibre à l'unisson de son chant, danse heurtée, yeux fermés et bouche ouverte), de même que ses mélodies originales et onctueuses. Mais ce qui fait son charme, c'est cette voix irrésistible, à la douceur et la fluidité incomparables. Hindi a montré qu'elle sait durcir le ton lorsqu'il le faut. Mais par dessus tout, c'est la puissance mélancolique de son chant qui fait décoller ses morceaux, et nous avec. Lorsqu'elle y parvient, le fantôme de Billie Holiday n'est jamais très loin.

Le Myspace de Ballake Sissoko.

Le Myspace d'Hindi Zahra.


Découvrez la playlist Hindi Zahra

mercredi 7 avril 2010

Concerts à venir... Mai 2010

Tindersticks le 3 Mai au Bataclan
Rufus Wainwright le 3 Mai au Théâtre Mogador
Minor Majority le 3 Mai au Café de la Danse
General Elektriks le 3 Mai à l'Olympia
Revolver le 5 Mai au Bataclan
Luke les 5 et 26 Mai au Bataclan
Hey Hey My My le 5 Mai à La Maroquinerie
Pavement + The National le 7 Mai au Zénith
LCD Soundsystem les 8 et 9 Mai au Bataclan
Lonely Drifter Karen le 11 Mai à l'Européen
Eldia le 11 Mai au Batofar
Hawksley Workman le 12 Mai à La Maroquinerie
Black Rebel Motorcycle Club le 12 Mai au Bataclan
RJD2 le 13 Mai au Trabendo
La Roux le 13 Mai à l'Olympia
Deerhunter le 13 Mai à La Maroquinerie
Midnight Juggernauts le 14 Mai à La Maroquinerie
Madness le 14 Mai au Zénith
U.N.K.L.E. le 17 Mai à l'Elysée-Montmartre
Hole le 17 Mai au Bataclan
Sia le 18 Mai à l'Olympia
Liars le 19 Mai à La Maroquinerie
Natalie Merchant le 20 Mai à l'Alhambra
Gush + Lilly Wood & The Prick le 21 Mai à l'EMB Sannois (95)
Jamie Lidell le 21 Mai à l'Alhambra
Cocorosie les 21 et 22 Mai au Casino de Paris
Yodelice le 25 Mai à l'Olympia
Richard Hawley le 25 Mai au Bataclan
Gossip les 25 et 26 Mai au Zénith
Band Of Skulls le 25 Mai au Nouveau Casino
Ibrahim Maalouf le 29 Mai à La Cigale
Hindi Zahra les 31 Mai et 1er Juin à La Cigale
Gaetan Roussel le 31 Mai à La Cigale