mercredi 30 juin 2010

Solidays J3 : "A Family Affair" (27 Juin 2010)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

Après une courte nuit, on retrouve dès le matin les températures caniculaires de la veille. On ne résiste pas à l'appel de la douche (solaire, la douche, ce qui n'a que des avantages : on fait l'économie d'une heure et demi de queue, l'eau est tiède et non froide, on peut boire l'apéro en même temps et, surtout, ça permet à certain(e)s d'exacerber leurs pulsions exhibitionnsites). Alors que l'on se savonne gaiement, les messages cocasses (à défaut d'être toujours fins) se succèdent au micro (oui, encore et toujours Radio Camping) : "Ce message s'adresse aux gens qui font la queue aux toilettes : ça serait cool que vous laissiez passer devant nos potes Jo' et Steph', ça fait 3/4 d'heure qu'ils font la queue et ils ont super envie de faire caca. En plus on les attend pour l'apéro" ; "On vient protester parce qu'on n'a pas d'herbe autour de notre tente. Il n'y a que de la terre. Donc si quelqu'un a de l'herbe, on est preneurs ! On vous attend à côté du terrain de volley-ball". Jolie surprise au petit-déjeuner (vers 12h) : sur la scène Paris (faisant face au camping), les balances de -M- tournent en un mini-concert pour les volontaires de Solidays. L'excitation monte d'un cran.

Gush démarre les hostilités ce dimanche, sous un Dôme bienvenu vu la lourdeur de l'atmosphère à l'extérieur. Déjà vantée auparavant, la qualité des prestations live des quatres jeunes français se confirme. Dans un registre plus électrique qu'à l'accoutumée, la fratrie met tout son coeur à l'ouvrage et accouche d'un set brillant. Les claps de "The Big Wheel" sonnent le rappel pour les festivaliers, qui se dirigent avec empressement devant la scène. Ils ont bien raison car, mis à part une ou deux chansons plus faiblardes ("Remedy"), on a droit à une collection de tubes : l'irrésisitble "Dance On", le tube "Let's Burn Again", l'explosive"No Way", la splendide ballade "My Favourite Song" interprétée par la voix écorchée du batteur. On se souviendra longtemps de l'enchaînement final "You Really Got Style" et "Vondelpark".

Gush, c'est America en boeuf avec les Beach Boys, Buffalo Springfield célébrant les Beatles. Tout (musique, coupes de cheveux, habits) porte à croire que les garçons se sont trompés de siècle. Ils semblent évoluer dans une dimension temporelle parrallèle. Echangeant leurs instruments, se succédant au chant et offrant des harmonies vocales de toute beauté, Gush tient déjà sa place dans le gratin pop (de terre).

Malgré quelques velléités de conscience professionnelle, l'appel du bout du monde (zone ombragée, vous vous rappelez ?) conjuguée à la chaleur étouffante de ce dernier dimanche de juin auront raison du concert des Local Natives. On se rattrape avec le groove efficace quoique répétitif de Souljazz Orchestra. Il est un peu tôt pour chalouper une bière à la main, mais on apprécie tout de même la science du rythme des canadiens.

Place à la formation hexagonale qui cartonne chez les d'jeuns (et pas que) : Pony Pony Run Run. Les cousins bègues d'Hey Hey My My, bretons pure souche (ils sont nantais) sont clairement une des attractions principale de la journée au vu de l'imposant flot continu de festivaliers venant gonfler un public pourtant déjà bien garni. En même temps : Pony Pony Run Run à l'Hippodrome de Longchamp... Forcément.

Malgré les singles efficaces et calibrés pour les radios ("Hey You", "Walking On The Line"), les poneys pas si fringants que ça sont bien loin d'atteindre les sommets de 16 Horsepower et surtout Sparklehorse (RIP). Bilan ? Le batteur fait toujours la même chose, les chansons se suivent et se ressemblent, le chanteur a des lunettes de soleil et le clavier a une mèche. L'espace temps semble être bloqué en 1986. Au moins Gush a eu la finesse de choisir la bonne décennie.

Il en va tout autrement de Nneka, petit bout de femme rappelant Ayo à plusieurs points de vue : belle, habitée, munie d'une voix chaude et intense, d'un sourire irrésistible et jouant une musique folk emprunte de soul et de hip-hop. La nigériane a tout pour plaire et le fait sans mal. Enchaînant les parties vocales, ralentissant et accélérant la cadence à bon escient, elle se met rapidement le public dans la poche. Ses tubes "Heartbeat", "Mind vs. Heart" et "Suffri" parviennent aisément à faire bouger l'assemblée. On peut lui reprocher une attitude trop statique sur scène, mais pour le reste, on est charmé.

On était curieux de voir à quoi ressemble Izia sur scène, on n'est pas déçu. Elle est exactement telle qu'on l'imaginait : une furie dotée d'une voix à décorner les boeufs. A se demander si son paternel ne serait pas plutôt monsieur Pop (iguane de son métier). Après le père la veille, c'est la fille qui triomphe ce soir devant un parterre noir de monde - il faut dire que la venue de Mathieu Chedid (autre fils de) a quelque peu sonné le rabattement des festivaliers vers cette partie-ci du festival. Malgré des compos encore très perfectibles, fifille Higelin donne une leçon de charisme et de rock & roll attitude à à peu près tous les artistes qui se sont présentés devant nous durant le week-end. Tous ? Non ! Car un artiste résiste encore et toujours à l'envahisseur...

Qui en Gaule actuellement arrive à le cheville de -M- question maîtrise de la scène ? On cherche bien, on ne trouve pas. Tout au long de sa tournée et ce soir encore, il a prouvé que transcender un album aussi plat que Mister Mystère en un feu d'artifice funky-électro-afro-rock est chose possible. -M- est unique, et c'est pour ça qu'on l'aime, comme il le dit. Entrée en fanfare sur "Mister Mystère" en ombre chinoise derrière son double M géant, coiffure extravagante de corbeau, lunettes étoilées et scintillantes : -M- est un showman-né, ça ne s'invente pas. Il a ça dans le sang et ça se voit. Pas le temps de s'ennuyer : chacun de ses titres est trituré et remixé, pour aboutir à des versions explosives.

Excepté les dispensables "Hold Up" et "Ça Sonne Faux", -M- commet un sans faute. Que ce soit les titres de son dernier album ("Est-Ce Que C'est Ça ?", "Le Roi Des Ombres", "Amssétou") ou d'anciens tubes qui ont gagné une place à vie dans notre cœur ("Je Dis Aime", "La Bonne Étoile", "Machistador", "Le Complexe Du Corn-Flakes"), le répertoire de fifils Chédid a de quoi rendre jaloux plus d'un chanteur. De longs solos de guitare en morceaux de bravoure (jeu avec les dents, avec un enfant qui lui tient les deux mains), de divers passages délirants (slam géant dans la fosse, jet de corn-flakes, costume de super-héro, strip-tease, double squelettique du chanteur courant sur place) en jeux avec le public (il réussit l'exploit de faire s'asseoir entièrement une foule de festival, de lui faire faire 30 cris d'affilée et de le faire participer à une chorégraphie géante sur "Amssétou"), -M- écrase la concurrence et propose un spectacle (car c'est autant un spectacle qu'un concert) mémorable.

Arrive comme chaque année le moment où Luc Barruet (co-fondateur et président de Solidarité Sida) joue le rôle du rabat-joie de service en annonçant la fin du concert et donc du festival. Profitant de l'occasion pour annoncer un nouveau record d'entrées (168 000 entrées sur les 3 jours), il se fait copieusement huer (c'est de bonne guerre). Alors qu'une partie des festivaliers commence à regagner la sortie et que les bénévoles de Solidays envahissent la scène, -M- revient seul, guitare en main et grosse caisse au pied. En parfait homme-orchestre, il offre comme dernières réjouissances de splendides medleys de "La Fleur", "Faut Oublier", "Mama Sam", "Qui De Nous Deux", et"A Tes Souhaits".

Les artistes pour lesquels nous irons à un concert les yeux fermés ne sont pas légion. -M- est de ceux-là. Après Manu Chao l'an dernier, Solidays se conclut encore une fois de la plus belle des manières. Au vu de l'affluence record et de la masse impressionnante de spectateurs présente aujourd'hui, on se dit que si Longchamp devient trop petit pour les Solidays, il faudra essayer un très long champ. C'est fatigué mais plutôt satisfait de ces trois jours que nous quittons cette 12ème édition du festival. La sortie du festival s'avère moins déjantée que l'an dernier : le slogan 2009 "libérez les lapins" a laissé cette année la place à "libérez les catins". Ce qui n'est pas mal non plus.

Lire également la chronique du festival sur Froggy's Delight.

mardi 29 juin 2010

Solidays J2 : "On ira tous à Paradis" (26 Juin 2010)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

"Une personne handicapée s'est faite voler sa béquille, merci de la rapporter le plus vite possible. Si vous voyez une béquille rouge, rapportez-la au micro de toute urgence". Il s'en passe des belles, à Solidays... Radio Camping. C'est vrai, on l'avait oubliée celle-là ! Comme si la chaleur étouffante ne suffisait pas à nous extirper de nos tentes, les enceintes du camping balancent dès 9h du matin Muse, Black Eyed Peas, David Guetta et consorts, entrecoupés d'annonces souvent hilarantes de festivaliers : "On voudrait savoir s'il était possible que vous annonciez les titres de Bob Marley en avance, histoire qu'on ait le temps de rouler ?", "Spéciale dédicace à tous les Nantais, Nantes la vraie capitale de la Bretagne !".

Après un début d'après-midi passé à chercher de l'ombre et à roupiller, nous entamons cette deuxième journée par une visite du site : village des associations, manèges, scène France 4, stand des produits laitiers, boutique Solidays. Alors qu'une queue monstre patiente sous le soleil pour le saut à l'élastique, nous prêtons une oreille au groupe afro Fanga, qui envoie du jus sur la scène Bagatelle. Rythmes syncopés et improvisations inspirées : Fanga est une bonne introduction à la venue demain de Femi Kuti.

"On ira tous à Paradis" semble être le dicton du jour : impossible en effet d'approcher à moins de 100 m du Dôme, là où Madame Depp se produit. Une grande scène aurait été plus judicieuse. Tant pis pour Joe (le taxi). On en profite pour se faufiler sous la scène Domino et attendre Jil Is Lucky (au détriment des BB Brunes, qui s'agitent sur la grande scène, à l'autre bout du festival). La formation de Jil Bensénior est un des groupes français les plus en vogue actuellement. Leur premier album sorti l'an dernier a connu un joli succès d'estime, et Jil Is Lucky s'est taillé une excellente réputation en écumant les salles de concert et les scènes de festival. On les retrouvera notamment au Casino de Paris en décembre prochain, signe que le bouche à oreille fonctionne bien. Quid du concert ? Habile, Jil Is Lucky fait un strike : son folk tzigane décalé fait mouche et ravit les spectateurs entassés sous le chapiteau. Tour à tour entraînant et touchant, enjoué et mélodique, l'univers coloré de Jil Is Lucky séduit.

Séduction, le nom colle bien à Hindi Zahra, dont le chant sensuel et habité ferait fondre le plus glacé des cœurs. Déjà testée et validée (en avril dernier au Plan), la prestation scénique de la franco-marocaine est un régal. Malgré des problèmes de larsens et un son médiocre, elle parvient sans difficulté à envoûter le chapiteau de sa voix mélancolique. Chacune de ses apparitions nous convainc un peu plus qu'Hindi Zahra est une future grande dame.

Après un tour au "bout du monde" (havre de paix ombragé et paradis du sandwich à la raclette) puis un remplissage des bouteilles vides au stand de l'eau de Paris, nous retournons sous le Dôme pour écouter Jamie Lidell des jeunes. Affublé d'un t-shirt "The End", l'anglais mène son affaire de main de maître. Très à l'aise et doté d'une voix fantastique, il produit ce qui reste comme l'un des tous meilleurs spectacles de ce festival. Les titres du complexe mais excellent nouvel album (Compass) mettent plus de temps à charmer le public, mais à chaque extrait de Jim (son précédent disque, sorti il y a deux ans), c'est de la folie pure. "Another Day", "Out Of My System" ou "Wait For Me" déclenchent une vague collective de déhanchements. La musique de Jamie Lidell, au carrefour de l'électro et de la soul, habitée et allègre, est aussi passionnante sur scène que sur disque.

Pendant que Diam's s'échine sur la grande scène, on s'enfile un plat de pastas aux restos du monde (rayon Italie, of course). Les premiers méfaits des mélanges alcoolisés pointent leur nez ici et là dans l'hippodrome. Notre estomac contenté, on se dirige vers la scène Bagatelle où le barde fou Jacques Higelin s'apprête à nous servir un feu d'artifice. A l'image de son excellent concert à la Cigale en mars dernier, le patriarche Higelin éclabousse Solidays de sa classe. Revenu en grâce ces derniers temps avec son splendide album Coup De Foudre (2010), il nous propose comme à son habitude un cocktail musical chamarré emprunt de loufoquerie et de beauté pop. Clou du spectacle : les splendides versions de "Champagne" (seul au piano) et "Pars" (joué en reggae).

C'est parti ensuite pour une deuxième nuit électro qui, à l'exception du show percutant de Chinese Man, ne parvient pas à nous passionner davantage que celle de la veille. Les bonnes vibrations sont à chercher du côté du Nova Club, plus efficace que Miss Kittin, Missill ou Bost & Bim. A l'écoute des commentaires élogieux, on regrette de ne pas avoir assisté au concert de Skip The Use.

Lire également la chronique du festival sur Froggy's Delight.

lundi 28 juin 2010

Solidays J1 : "Dans la famille Williams, je voudrais Pharrell" (25 Juin 2010)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

Bien mis en jambes par notre parcours du combattant pré-festival (RER, métro plein à craquer, bus bondé, bouchons, chaleur), nous arrivons à Solidays gonflé à bloc et prêt à en découdre. Mieux vaut en effet être d'attaque avant d'affronter ces 3 jours de musique et de fête.

C'est accompagné des dernières notes du concert de Winston McAnuff que nous entamons cette 12ème édition. Le reggae cool du Jamaïcain, chargé de vibrations positives, s'avère parfait pour commencer en douceur le festival.

Mais cette quiétude est de courte durée : à peine le temps de souffler que l'on se prend de plein fouet le set rageur des Blood Red Shoes. Un gars, une fille. Mais pas de Jean Dujardin. Le duo furieusement sexy de Brighton - Laura-Mary Carter, la guitariste/chanteuse au sex-appeal fou rappelle Alison Mosshart (The Kills, The Dead Weather), la timidité en sus - fait voler en éclat l'ambiance bon enfant qui régnait jusqu'ici : la foule s'excite sous les coups de boutoirs des anglais. "Light It Up", "Don't Ask", "It Is Happening", "Count Me Out", "Keeping It Close" : les morceaux de Blood Red Shoes sont d'intenses salves électriques.

A voir les deux jeunes rockers évoluer, on se dit que le blondinet Steven Ansell (batterie et chant) a bien de la chance de voir son acolyte chanter tous les jours à ses côtés. Mais entre ses fûts qu'il martèle allègrement et ses cordes vocales qu'il maltraite également, le bougre n'a que peu de temps pour contempler le spectacle agréable qui se déroule sous ses (et nos) yeux. N'ayant pas eu d'autre choix que de délaisser les jeunes premiers de la pop française, les parisiens au regard Revolver - qui passent en même temps sous le Dôme -, on ressort rassasié de ce concert explosif.

Malgré un réel entrain et des chansons sympathiques, ce n'est pas exactement la même chose avec Olivia Ruiz. Il faut dire que la compagne de Mathias Malzieu (chanteur de Dionysos) nous parle de crêpes aux champignons et de poil sous les aisselles. N*E*R*D, au moins, ça cause de filles, surtout, et de sexe, beaucoup.

Ayant déjà assisté au show chaud bouillant de General Elektriks en mars dernier au Bataclan, on sait ce qui attend les festivaliers sous le dôme et on les envie. Pour notre part, saisissant l'occasion de voir enfin N*E*R*D sur scène, on se rue vers la scène Bagatelle pour y assister au numéro des américains. A côté de nous fuse un commentaire on ne peut plus pertinent : "N*E*R*D, c'est pas de la M*E*R*D" entend-on notre voisin dire le plus sérieusement du monde.

Il faut dire que depuis une décennie, Pharrell Williams (aucun lien avec Robbie) - que ce soit avec les Neptunes ou N*E*R*D - tient la dragée haute au ghota du hip-hop et du R&B mondial. Producteur génial, demandé de toutes parts (Snoop Dogg, Madonna, Kelis, Jay-Z, Britney Spears, Justin Timberlake, Gwen Stefani, Uffie, etc... - la liste est longue), il a montré avec N*E*R*D qu'il savait également écrire de bonnes chansons. Ne restait plus qu'à confirmer sur les planches.

C'est désormais chose faite : N*E*R*D signe en ce début de soirée un des shows les plus percutants du festival. Au sein d'une set-list faisant la part belle aux trois premiers albums du groupe (parmi lesquels sont jouées les irrésistibles "She Wants To Move" et "Everyone Nose") viennent se glisser quelques extraits du prochain album (Nothing) à paraître en septembre prochain.

Pharell est au four et au moulin et, pour tout dire, même si ses deux acolytes rappeurs ne déméritent pas, on ne voit que lui. Le groupe est malheureusement desservi par un son plus que limite. Les basses saturées et les batteries (N*E*R*D joue avec deux batteurs) couvrent le reste, tant et si bien que les titres sont parfois parfois difficilement audibles. On doute que les américains aient eu le temps de faire des balances vu l'empressement avec lequel il sont arrivés sur scène... quelques minutes après l'heure prévue. Petite faute de goût : ces danseuses aux positions lascives qui n'apportent rien au spectacle. Fort heureusement, M.Williams tient la barre et malgré ces petits désagréments, N*E*R*D épate.

On sait pourtant à quoi s'attendre avec Archive, mais on tente quand même le coup. Au cas où. Célébrés sur un malentendu comme les descendants de Pink Floyd suite à deux bons albums (You All Look The Same To Me, 2002 et Noise, 2004), une poignée de bons morceaux et surtout un chef d'œuvre (la chanson "Again"), Archive est devenu depuis une imposture. Au faîte de leur gloire, leurs performances scéniques étaient déjà pénibles. Depuis quelques années ils se sont surtout distingués par deux albums quelconques voire mauvais (Lights, 2006, Controlling Crowds, 2009). On ne retiendra de leur passage à Solidays que le vide de leurs compositions.

Si Craig Walker avait réussi à insuffler une âme au groupe, Archive est aujourd'hui complètement dépassé. Pour ne rien arranger, leur show lénifiant subit à mi-parcours une longue coupure de son qui n'a pourtant pas démotivé le public, réuni en masse devant la scène Paris pour voir les anglais.

Notre estomac nous rappelant à l'ordre, c'est vers les restos du monde que nos pieds nous emmènent pour ingurgiter un yassa au poulet (plat sénégalais) réconfortant. Une petite bière glanée en route et on est d'attaque pour le concert très attendu de Kasabian. Au risque de se répéter, on rappellera à quel point l'excellent West Ryder Pauper Lunatic Asylum (2009) a fait remonter dans notre estime un groupe que l'on se plaisait à railler auparavant. Le combo de Leicester s'est transformé en l'espace de quelques mois en un formidable groupe de stade.

Le concert de ce soir ne fait que confirmer ce que l'on avait déjà vu en février dernier à l'Olympia : servis par une set-list impressionnante piochant dans leurs trois albums, Kasabian est une machine hyper rodée capable de soulever les foules. S'ouvrant sur "Vlad The Impaler", leur concert n'accuse aucun temps mort, aucune faiblesse (jugez plutôt : "Fast Fuse", "Where Did All The Love Go ?", "Underdog", "Shoot The Runner", "Empire", "Julie & The Moth Man", "Fire", "Reason Is Treason"). Le seul bémol vient une nouvelle fois du son, qui ne rend pas grâce aux arrangements des morceaux. On attend à présent avec impatience la suite de l'aventure discographique des anglais.

Ayant raté les très bons Hocus Pocus (qui jouaient en même temps que Kasabian) et ne pouvant aller découvrir Féfé sur la scène Domino, on se dirige vers Wax Tailor pour écouter la transcription live de son hip-hop aérien. Le souvenir qu'on en avait se vérifie ce soir : malgré de très bons moments ("Seize The Day / Que Sera", "B-Boy On Wax", "Say Yes"), on préfère Wax Tailor en CD.

En dépit de l'apport de chanteurs / rappeurs qui se succèdent au micro, d'une flûte traversière et d'un violoncelle, la scène manque de vie, de mouvement. Incluant trop de morceaux down tempo - pourtant délicieusement interprétés par la charmante Charlotte Savary -, Wax Tailor ne parvient pas à nous garder en haleine jusqu'au bout. Si on apprécie toujours autant les bricolages électro hip-hop du DJ français sur ses albums, il ne semble pas encore taillé pour des scènes de cette envergure.

Les belges de Ghinzu sont, eux, rompus à ce genre d'exercice. En six ans et deux très bons disques (Blow, 2004, Mirror Mirror, 2009), ils se sont constitués une solide réputation dans l'Hexagone. Alternant douceur mélodique et agressivité électrique sur disque, la rumeur les dit habités d'une folie furieuse sur scène. Démarrant sur "Mother Allegra", complainte aux accents religieux, les bruxellois assument leur goût des contrastes : ils balancent dans la foulée "Mirror Mirror", dont le riff éléphantesque fait écho au Muse d'Absolution.

Sans que l'on ne comprenne trop pourquoi, le charme de leurs chansons n'opère pas vraiment sur scène. Ce n'est pourtant pas faute de se dépenser : le chanteur / clavier (John Stargasm), lunettes noires vissées sur le nez, fait le show. Régulièrement parcouru de spasmes, il arpente la scène, s'offrant en spectacle. Ses acolytes suivent le mouvement, jouant puissamment. Mais cela manque de subtilité et semble parfois trop calculé. Les quelques mots adressés par le chanteur à la foule entre deux morceaux donnent également l'impression que Ghinzu se prend un peu trop au sérieux. Malgré une version énergique de "Do You Read Me", ce concert nous laisse sur notre faim.

Pourtant annoncés par une vague hype, Crookers (de Berlin) peine à nous faire danser sous le Dôme. Le duo de DJ's italiens y parvient sur quelques remix bien sentis, mais déçoit dans l'ensemble. C'est également le cas de cette fin de nuit électro : ni Elisa Do Brasil ni Beat Torrent (à télécharger absolument) ne parviennent à insuffler la flamme sacrée aux festivaliers restés éveillés jusqu'au bout de la nuit. Frustré par cette première journée en demi-teinte, nous regagnons le camping pour y entendre ici et là des appels à l'apéro.

Lire également la chronique du festival sur Froggy's Delight.

vendredi 11 juin 2010

Franz Is Dead "Ah - Leu - Cha"

Laurent Blot. Ce nom ne vous dira sans doute rien, mais Franz Is Dead, c'est lui. Et lui, c'est aussi le chanteur d'Eldia. Et Eldia, c'est un groupe qu'on aime beaucoup. C'était déjà le cas pour leur premier album (And All The People On The Ship Say Land Ho, 2007), et on a récemment dit beaucoup de bien de leur dernier Ya Ya Ya (2010). Entre les deux, Laurent Blot s'est donc offert une escapade solitaire sous le nom de Franz Is Dead.

Ceux qui apprécient Eldia aimeront ce disque, c'est aussi simple que ça. La plupart de ces titres auraient pu finir sur un disque du groupe sans qu'on n'y trouve à crier au scandale. Certes les arrangements sont moins fournis que sur les albums d'Eldia, mais on y découvre de bien jolies choses (entre autres "Really Want You", "I Remember You", "Concentrate").

Le premier titre, "Let It Go", n'est pas la plus grande réussite du disque. Le son irritant du clavier et les accords trop répétitifs freinent notre enthousiasme. Laurent Blot se rattrape très vite avec "When You're Gone", expédition du côté du territoire funk plutôt réussie, avec un riff efficace. Sur "Really Want You" - une des meilleures chansons de l'album - , quelque part entre The Divine Comedy et Pulp, le chanteur propose sa vision du dandysme pop. On adhère. "I Remember You" est parcouru par un synthé à la Jimmy Cliff ("Many Rivers To Cross"). On frôle la ballade sirupeuse par instants, mais Laurent Blot se déjoue habilement des pièges du genre.

"Einstein In Disguise", étonnante rengaine jazzy, offre un refrain entêtant. "Concentrate" s'impose comme une des meilleures chansons écrite à ce jour par le chanteur. Ligne de basse chaloupée, chant collant parfaitement au morceau, atmosphère juste ce qu'il faut d'étrange : une belle réussite à partir de trois fois rien. "The Stranger" sonne comme du Grandaddy. Plus convenue, elle se révèle convaincante par intermittence. L'album se clôt par "It's Only Words", sous haute influence Fab Four et se terminant par un riff gras façon Deep Purple.

Ah - Leu - Cha part un peu dans tous les sens : on sent que Laurent Blot est guidé par le plaisir d'explorer de nouvelles pistes. C'est à la fois l'avantage et le risque des albums solo : une liberté totale, pas de cahier des charges. Cette galette a beau ne pas être le disque de l'année, c'est à coup sûr la confirmation qu'Eldia et son chanteur Laurent Blot sont à suivre de très près.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.


Découvrez la playlist Franz Is Dead

jeudi 10 juin 2010

John Grant "Queen Of Denmark"

Qui est donc ce John Grant, ressurgi de nulle part avec cette Reine du Danemark sous le bras ? Ex-chanteur de The Czars (groupe de Denver), homosexuel, ex-toxico et alcoolique en quête de rédemption : le personnage n'est pas banal.

Sortant de sa retraite, il signe un disque miraculeux à tous points de vue, touché par la grâce de bout en bout. Une œuvre où beauté et délicatesse sont les maîtres mots. D'entrée, "TC And Honeybear" plante le décor : superbe symphonie céleste au spleen marqué, elle articule arpèges de guitare acoustique, voix grave et vibrante, vocalises de sirène, touches de piano, partie de flûte traversière. On retrouve le même équilibre sur "Marz", ritournelle élégiaque servie par de somptueuses parties de cordes. Le reste de l'album est du même acabit, offrant par ailleurs des passages plus enjoués ("Silver Platter Club") ou aux sonorités plus synthétiques ("Jesus Hates Faggots").

Comme tout miraculé, John Grant a ses sauveteurs, et non des moindres : travaillant main dans la main, l'album bénéficie d'une production 4 étoiles signée Midlake. Lesquels apportent une touche non négligeable à un disque autrement plus poignant que leur dernier Courage Of Others, dont l'aridité et l'austérité finissait par lasser.

Queen Of Denmark a beau être un disque tourmenté, la splendeur des harmonies commue cette tristesse latente en un enchantement musical permanent. John Grant met tout son cœur à l'ouvrage et pond des mélodies à la mélancolie déchirante. Dans la galaxie des clochards célestes, le chanteur de Denver semble bien parti pour suivre les traces de Mark Linkous ou d'Elliott Smith. En espérant que la fin de l'histoire sera différente cette fois-ci...

Le myspace de John Grant.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.

mercredi 9 juin 2010

Solidays 2010

Après une édition 2009 déclarée "Zone érogène de solidarité", c'est sous le signe du "In Vivo" que les organisateurs nous concoctent Solidays cette année (25-26-27 Juin). Réunis lundi dernier à la Région Île-De-France autour de Luc Barruet (Directeur-Fondateur de Solidarité Sida) et Jean-Paul Huchon (Président nouvellement réélu de la région Île-De-France), la fine équipe du festival ainsi que ses parrains (François Cluzet, Sébastien Folin, Marco Prince) sont venus nous présenter les contours de Solidays 2010.

Élément incontournable et fondateur du grand raout parisien estival, Solidays est avant tout un festival solidaire, dont le but est de récolter des fonds pour la lutte contre le SIDA. Sensibilisation, prévention, information, débats, rencontre avec des militants de tous horizons, parcours ludiques, expositions : les militants de Solidarité Sida ne se ménagent pas pour faire prendre conscience aux festivaliers que le SIDA fait encore des ravages.

Après deux années fastes, le festival se destine vers une nouvelle année record : Pass 3 et 2 Jours épuisés, ne restent plus que des Pass Journée. Fort est à parier, que le festival affichera complet cette année encore.

Outre le prix attractif, la jolie programmation de cette édition 2010 semble être responsable de la venue en masse des festivaliers à l'Hippodrome de Longchamp. Jugez plutôt :

Vendredi 25 : Kasabian, Ghinzu, N.E.R.D., General Elektriks, Blood Red Shoes, Revolver, Wax Taylor, Archive, Hocus Pocus, Olivia Ruiz, Winston McAnuff, Féfé, Staff Benda Billi, Les Musiciens Du Métro, Curry & Coco, Audrey Lavergne, Smod, Phoebe Kildeer /// Nuit Electro : Crookers, Beat Torrent, Nasser Live, CongopunQ, Elisa Do Brasil, Trojan Sound System.

Samedi 26 : Hindi Zahra, Jacques Higelin, Jamie Lidell, Toots & The Maytals, BB Brunes, Jil Is Lucky, Vanessa Paradis, Rodrigo & Gabriela, Diam's, Babylon Circus, Skip The Use, The Inspector Cluzo, Oldelaf, Carmen Maria Vega, Fanga, Tumi & The Volume, Paris Jeunes Talents, Bang Bang Eche, Yvan Le Bolloch', Mei Tei Sho /// Nuit Electro : Chinese Man, Scratch Bandits Crew, Missill, Miss Kittin, Mondkopf, Bost & Bim.

Dimanche 27 : -M-, Femi Kuti, Gush, Nneka, Izia, Florence + The Machine, Ariane Moffatt, Pony Pony Run Run, Local Natives, Delphic, Jeff Lang, Oxmo Puccino, Shakaponk, Souljazz Orchestra, Che Sudaka, Java, Brother Ali, Tremplin Région Île-De-France.

lundi 7 juin 2010

Concerts à venir... Juillet 2010

Main Square Festival du 2 au 4 Juillet à Arras
Eurockéennes de Belfort du 2 au 4 Juillet à Belfort
The Fitzcarraldo Sessions + Patrick Watson le 3 Juillet à La Salle Pleyel
Scissor Sisters le 4 Juillet au Bataclan
Arcade Fire le 5 Juillet au Casino De Paris
Julian Casablancas le 6 Juillet à La Cité de la Musique
Peter Doherty & Guests le 7 Juillet à La Cité de la Musique
Iggy & The Stooges le 7 Juillet à l'Olympia
The Divine Comedy (Special Solo Show) le 8 Juillet à La Salle Pleyel
Charlotte Gainsbourg les 8 & 9 Juillet à La Cigale
Prince le 9 Juillet à Arras (Main Square Festival)
Cocoon (Plays Nick Drake) le 10 Juillet à La Cité de la Musique
Crosby, Stills & Nash les 12 & 13 Juillet à l'Olympia
Les Vieilles Charrues du 16 au 18 Juillet à Carhaix
Nada Surf les 19 & 20 Juillet à La Maroquinerie
Dum Dum Girls le 23 Juillet à Glazart
The Dandy Warhols le 26 Juillet à La Cigale