samedi 29 septembre 2012

We Love Green J3 (16 Septembre 2012)


La dernière journée du festival commence sous une météo estivale avec Herman Düne, venu présenter les titres de Mariage à Mendoza (B.O. d'un film sortant début 2013). Les aléas des transports parisiens et de l'organisation du festival (un bracelet par jour, soit refaire la queue chaque après-midi, est-ce vraiment nécessaire ?) nous font malheureusement louper le début du concert. On se contentera donc de quelques extraits des albums précédents ("With A Fistful Of Faith" et "This Summer", nous semble-t-il). La belle voix du chanteur (chapeau beige vissé sur le crâne) est pour beaucoup dans le charme des morceaux. Les folkeux français terminent sur un titre très dansant qu'ils prolongent par un long passage noisy. On les trouve meilleurs lorsqu'ils se cantonnent au format pop.

Cody ChesnuTT avait été une belle découverte il y a de ça dix ans avec son brillant Headphone Masterpiece et ses pépites soul lo-fi. Depuis, il avait disparu de la circulation (un live il y a 6 ans, un EP il y a 2 ans), et son concert ne fait que renforcer notre conviction que cela est profondément injuste. Dans un monde parfait, Cody serait être numéro un des ventes. Car - ne mâchons pas nos mots - le chanteur américain joue dans la catégorie des grands. Récemment, on ne voit que Raphael Saadiq pour lui faire concurrence. Et si on remonte à l'âge d'or de la soul, c'est clairement à Marvin Gaye que l'on songe. S'il est encore loin d'avoir le répertoire de l'ancien protégé de Berry Gordy, la similitude vocale et stylistique est frappante.

Venu présenter en avant-première son nouvel album (Landing On A Hundred) - qui devrait sortir cet automne -, Cody ChesnuTT n'interprète aucun titre de son premier disque. Pari risqué, mais relevé haut la main tant les nouvelles chansons sont à la hauteur des espérances. Plus produites que les anciens morceaux, mais démontrant toujours une facilité mélodique insolente. Casque militaire vissé sur le crâne, l'américain prend un sacré plaisir et donne un festival vocal pendant près d'une heure.

Electric Guest lui succède sur scène. Le groupe californien, dont le premier album Mondo produit par... Danger Mouse (oui, encore lui) jouit d'un très bon succès d'estime, est attendu de pied ferme par bon nombre de fans. La France a en effet réservé un excellent accueil à l'album. Lequel, sans être un chef d'oeuvre, s'avère être un bon album pop, très bien produit (par qui déjà ?), avec des mélodies accrocheuses et des singles emballants ("This Head I Hold" en tête).

On avoue un faible pour ce jeune groupe malgré quelques défauts relevés sur disque et qui crèvent les yeux sur scène. On pense notamment à cette voix, certes plutôt jolie, mais qui manque cruellement de puissance. A ce niveau, l'épreuve du live est cruelle pour Asa Taccone. Difficile également de reproduire sur scène les arrangements du disque. Bref, le show très propret et honnête d'Electric Guest fait passer un bon moment aux spectateurs (si l'on en juge par le festival de smartphones qui encombrent notre vue), mais il y a encore du boulot pour devenir un vrai groupe de scène.

La soirée se termine air un DJ Set très pop de Breakbot (qui, mixant derrière d'imposantes lèvres rouges flashy, conclut sur l'excellent "Baby I'm Yours"), puis par celui - très musclé - des stars du moment : le collectif nantais C2C. Deux très bons shows qui montrent une fois de plus que le DJing frenchy a de beaux jours devant lui.


La vidéo du concert de Cody ChesnuTT (filmé pour Arte Live Web) :


La vidéo du concert d'Electric Guest (filmé pour Arte Live Web) :


We Love Green J2 (15 Septembre 2012)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

La deuxième journée démarre avec la mini-claque du festival : La Femme. Avec les français, c'est l'effet Kiss Cool assuré. Leur musique a beau emprunter beaucoup au passé, c'est un concentré de fraîcheur et de vitalité. Au centre de la scène les deux choristes / claviers, fort jolies, concentrent l'attention en se déhanchant et en minaudant aussi pas mal (surtout la brune en robe blanche). Elles sont entourées par deux synthés masculins, l'un enduit de peinture verte, l'autre portant une couronne de fleurs, le tout dans un esprit très We Love Green.

A droite de la scène un guitariste qui fait un peu la tronche mais qui fait bien son boulot. Cheveux teints et couronne de fleurs également. Quand il ne joue pas de guitare, il s'essaie... au synthé. Au fond de la scène, un musicien au visage peint en vert s'occupe des percussions et... d'un clavier. Au final seul le batteur - crinière verte, cela va de soi - ne bidouille pas de synthé.

En plein milieu d'après-midi, les festivaliers ayant fait le déplacement apprécient tout en se dorant la pilule au soleil. Les titres s'enchaînent sans que la tension de retombe. De "Sur La Planche" à "Télégraphe" en passant par "Anti Taxi !" (où comment être rock et écolo), La Femme creuse son sillon à mi-chemin entre le surf rock et les claviers 80's, et avec un hédonisme pleinement assumé. Une très belle découverte.

Hédonisme, ce n'est pas le maître mot de Micachu & The Shapes. On a du mal à accrocher à leur rock déstructuré, lo-fi et brouillon. La voix rauque et peu mélodieuse de Micachu n'arrange rien à l'affaire. Nous passons notre chemin et en profitons pour sillonner les stands du festival, où les volontaires très pédagogues ne ménagent pas leurs efforts pour nous apprendre à trier nos déchets et avoir les bons gestes écolo.

Une dégustation de boisson bio plus tard, nous revoilà devant la scène, pressés de revoir Camille après son passage triomphal au Café de la Danse l'an dernier. Pas le temps de s'ennuyer, la chanteuse est en grande forme. Toujours centré sur Ilo Veyou, le spectacle est total. Triturant ses chansons, jouant avec celles des autres (Michael Jackson), tantôt virtuose, tantôt sensible, tantôt drôle, tantôt déjantée, Camille relègue la concurrence francophone loin derrière. Une fois les principaux titres d'Ilo Veyou interprétés avec brio, Camille - vêtue d'une robe dorée - revisite ses albums passés : "Ta Douleur", "Paris" et "Cats & Dogs" viennent rappeler que le talent de la dame n'est pas né de la dernière pluie.

Beirut non plus n'est pas un nouveau venu. Curieusement, le groupe de Zach Condon a traversé les années 2000 sans parvenir à soulever chez nous un intérêt démesuré. Mais si les deux premiers albums ne nous avaient pas ému plus que cela, The Rip Tide - sorti l'été dernier - a été pour nous une révélation. La version live de l'affaire aboutit à un sentiment mitigé : si le charme des morceaux et la voix envoûtante de Condon séduisent, on reste un peu sur notre faim, avec l'impression d'avoir écouté l'album assis dans un pré.

La setlist parcourt les trois albums du groupe, proposant des morceaux de choix de The Rip Tide ("Vagabond", "Santa Fe", "Port Of Call", "The Rip Tide"). Ce concert nous offre l'occasion de  réévaluer à la hausse des morceaux comme "Elephant Gun" (au faux air de "Port Of Call"), "Postcarads From Italy" et son ukulele, "Nantes" ou encore "The Shrew" qui, avec ses cuivres sortis tout droit des Balkans et sa trompette mélancolique, nous transporte dans un film de Kusturica.

Le public se manifeste bruyamment à chaque début de titre puis écoute religieusement la suite des morceaux, lesquels ressemblent note pour note à l'original. Et c'est là où le bas blesse : les chansons sont très bien interprétées, mais on ne perçoit pas de variation par rapport aux versions des albums. Reste que, bien servi par ses cinq musiciens (2 cuivres, 1 accordéon, 1 batterie et 1 conterbasse), Zach Condon remporte les suffrages grâce, notamment, à une voix qui charrie son lot d'émotions.

Après les subtiles trompettes, les envolées lyriques et le ukulele, Klaxons déboule et nous détruisent les tympans. Pas connus pour faire dans la dentelle, les ex-futurs sauveurs du rock anglais proposent un set ultra efficace dont les titres les plus marquants - excepté "Echoes" - restent ceux du premier disque ("It's Not Over Yet", "Golden Skanks", "As Above, So Below"). Rien de bien nouveau donc mais, comme d'hab, un concert carré des sujets de sa majesté.

La vidéo du concert de Beirut (filmé pour Arte Live Web) :


La vidéo du concert de Klaxons (filmé pour Arte Live Web) :

 

Crédits Photo : Lionel Amable et Pierre Baubeau.

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We Love Green J1 (14 Septembre 2012)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

We Love Green, c'est reparti pour un tour ! Pour sa deuxième édition, le festival parisien écolo ajoute un troisième jour à sa programmation. Au menu, comme l'an dernier : une seule scène trônant dans le jardin de Bagatelle (légèrement décalée par rapport à l'an dernier), une ambiance bonne enfant et une météo estivale jouant les prolongations.

Retour de boulot oblige, on loupe la prestation de Kindness, dont l'unique écoute de World, You Need A Change Of Mind (joli titre) n'avait pas suffi à nous convaincre. Django Django (vêtus tous les quatre de t-shirt bordeaux tachetés bleu ciel) s'escrime déjà sur scène lors qu'on arrive. Le premier album des anglais, malgré quelques limites, est une des belles surprises de ces derniers mois. Leur concert, quoi qu'un peu court, sera à la hauteur de nos attentes.

Malgré quelques digressions peu utiles, les titres dansants et psychédéliques de l'album font mouche sans exception : "Hail Bop" et son groove lancinant, l'explosive "Default", au riff malin et efficace (qui n'atteint pas complètement la puissance de la version disque), "Firewater", sorte de surf-pop détraqué, ou encore une curiosité psychédélique ("Zumm Zumm"). Le chanteur, qui a un je-ne-sais-quoi d'Alex Kapranos, se montre enthousiaste et remuant sur scène. Le groupe, bien rôdé, reproduit fidèlement l'ambiance de l'album. Le dernier morceau joué ("Wor") reproduit la formule gagnante de "Default" et "Hail Bop", mais reste un ton en-dessous. 

Dès les derniers accords du concert, le parc semble se remplir soudainement. L'arrivée de Norah Jones sur scène dans une poignée de minutes n'y est sans doute pas pour rien. La chanteuse américaine, un peu perdue de vue (volontairement on l'avoue) depuis le miraculeux Come Away With Me inaugural (dix ans déjà !), est revenue en grâce à nos yeux suite à son très bon dernier album (Little Broken Hearts, cinquième disque de la dame), dont le charme doit beaucoup il faut dire à la production de l'omniprésent Danger Mouse.

Sa séduisante compilation sortie l'an dernier (... Featuring, recueil de duos ayant émaillé sa jeune carrière) avait déjà réveillé notre intérêt pour la jolie trentenaire. Sa participation à l'excellent projet Rome (mené de main de maître par... Danger Mouse et Daniele Luppi, où elle partage le chant avec Jack White) avait entretenu le charme. Little Broken Hearts, qui vaut essentiellement par la beauté du chant et la mise en boîte de la moitié de Gnarls Barkley (Danger Mouse, au cas où vous n'auriez pas saisi), constituera la majorité de la setlist.

Sobrement vêtue (robe verte parfaitement dans le thème du week-end et veste en jean), Norah Jones n'a pas besoin d'en faire des caisses pour gagner l'adhésion du public. Nous n'aurons pas droit à un grand show pyrotechnique à la Coldplay mais les chansons rien que les chansons. Tout juste quelques ravissants sourires et "thank you !" entre les morceaux. Si cette simplicité est bienvenue, on regrette au final un spectacle un peu trop lisse. Le concert est un long fleuve tranquille, on passe une heure très agréable en compagnie de Miss Jones, mais on en ressort quelque peu en manque d'aventures.

Le doux spleen qui habite ses chansons ("Take It Back", "4 Broken Hearts", "Miriam") et sa voix caressante accentuent encore cette impression. Le sautillant single "Say Goodbye", qui porte bien la patte Danger Mouse, ou encore "Happy Pills" sortent un peu le public d'un doux ronronnement. Si Norah Jones, alternant entre claviers, guitares et piano, se concentre sur ses morceaux, elle est accompagnée par un (bon) guitariste à qui il faudra expliquer que ce n'est pas son show mais celui de la dame qui chante à ses côtés. Mes voisins de fosse - éméchés - ne sont pas dupes et crient, en hommage à la robe de la chanteuse : "We love green ! We love you !". Sans doute habituée à ce genre de déclarations, celle-ci sourit.

Quelques offrandes sont disséminées dans la setlist : "Come Away With Me", "Black" (superbe extrait de Rome), "What Am I To You ?", "Don't Know Why", "Lonestar". A chaque fois, le public est aux anges, ce qui se comprend vu la qualité des chansons. Il ne fallait pas attendre davantage de ce concert qu'un charmant mais trop policé flash-back sur une décennie de carrière. Ce qui n'est déjà pas si mal.

Arrive ensuite sur scène l'énigme de la soirée : James Blake. Cette question, qui nous taraudait déjà avant les premières notes du jeune anglais, s'imposera comme une évidence à l'issue de la soirée : que peuvent bien lui trouver ses fans ? Sur scène, il ne se passe rien. Blake chante comme s'il voulait se pendre. Sa voix trafiquée est difficilement supportable. Le tout est d'une lenteur éprouvante. Bref, on ressent un ennui infini. Le mouvement dub-step n'a jamais été notre tasse de thé mais on espérait tout de même autre chose que cette triste fin de soirée.

La vidéo du concert de Norah Jones (filmé pour Arte Live Web) :


Crédits Photos : Lionel Amable et Pierre Baubeau

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samedi 25 août 2012

We Love Green # 2 (14-16 Septembre 2012)



Après une première édition encourageante l'an passé, We Love Green investit à nouveau le Parc de Bagatelle du 14 au 16 Septembre, soit un jour de plus qu'en 2011. Le concept reste sensiblement le même : faire rimer musique chic et sensibilisation écologique dans le cadre verdoyant de Bagatelle.

Cette année encore, le label Because - gage de qualité - est partenaire du festival et les concerts s'annoncent alléchants : Norah Jones, Electric Guest, Camille, Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin, Beirut, Cody Chesnutt, Klaxons, Herman Düne, ou encore Django Django vont se succéder tout au long du week-end.


L'an dernier, seules la pluie, les boissons au prix excessif et la programmation un peu légère le premier jour avaient légèrement gâché notre plaisir. Gageons que cette deuxième édition sera encore plus réussie et que le projet louable de We Love Green parviendra à perdurer dans les années à venir. Solidays a montré la voie en matière de Festival militant il y a près de 15 ans avec le succès que l'on sait, espérons que We Love Green saura l'imiter.


Programmation du Vendredi 14 Septembre (18h - Minuit) : Norah Jones, James Blake, Kindness, Django Django.
Programmation du Samedi 15 Septembre (15h - Minuit) : Beirut, Camille, Klaxons, La Femme, Micachu & The Shapes.
Programmation du Dimanche 16 Septembre (15h - Minuit) : Herman Düne plays "Mariage A Mendoza", Charlotte Gaisbourg ("Stage Whisper" avec Connan Mockasin), Cody Chesnutt, Breakbot, Electric Guest.

samedi 30 juin 2012

Solidays J1 (22 Juin 2012)



C'était avec une certaine anxiété que l'on regardait les prévisions météo ces derniers jours. Il faut dire que les annonces d'averses laissaient présager un Solidays pluvieux, donc boueux. Bonne nouvelle : le soleil est de la partie, on en vient même à se plaindre de la chaleur dans l’interminable file d'attente du camping.

Pour tuer l'attente, on s'amuse à observer par-ci par-là les différentes stratégies opérées par les festivaliers pour cacher de l'alcool dans leurs affaires avant la fouille. Sur ce terrain, certains rivalisent d'inventivité. Cette année Solidays a eu la bonne idée de programmer les premiers concerts à 18h. On ne vivra donc pas les premiers instants musicaux de cette édition depuis la file d'attente comme cela a pu être le cas dans le passé.

On a même le temps de se poser dans le camping pendant que Bénabar oeuvre sur la grande scène avec ses chansons franchouillardes. On n'écoute que d'une oreille, d'autant plus que l'ancien scénariste de Canal + fait partie de ces artistes qu'on a l'impression de voir chaque année à Solidays.

C'est autrement plus mobilisé et attentif que l'on se rend au concert de Miles Kane - dont l'album Colour Of The Trap a été un des rayons de soleil de l'année passée. Déjà vu en janvier dernier au Casino de Paris (en première partie des Arctic Monkeys), celui qui ressemble de plus en plus à un sosie de Noël Gallagher première période n'a pas baissé le pied depuis.

Enchaînant les morceaux accrocheurs rodés par des mois passés sur la route ("Rearrange", "Kingcrawler", "My Fantasy", "Quicksand", "Counting Down The Days" ou "Colour Of The Trap"), quelques titres inédits pas encore au niveau du reste de la setlist, et une reprise de Dutronc ("The Responsible"), Miles Kane séduit avec ses chansons ultra-référencées. Mention spéciale à un "Inhaler"' étonnant de sauvagerie, et aux excellentes "Rearrange" et "Come Closer".

Tiré à quatre épingles dans son costume bleu et en osmose avec son groupe, Miles Kane livre un très bon concert dans l'indifférence générale. La faute incombe à Selah Sue, qui se produit immédiatement après sur la scène Paris.


On ne présente plus la petite belge qui n'en finit plus de monter et d'écumer les scènes de festivals. Si sa musique n'a rien de révolutionnaire, il est difficile de rester insensible à l'entrain de ses morceaux et au charme de la chanteuse. Portée par des morceaux taillés pour les foules ("This World", "Black Part Love", "Raggamuffin", "Peace Of Mind", "Crazy Vibes", "Crazy Sufferin Style"), une reprise judicieuse ("Lost Ones" de Lauryn Hill) et une belle présence sur scène, Selah Sue remporte aisément les faveurs du public. On attend maintenant de voir ce qu'il adviendra du 2ème album, où la chanteuse sera cette fois-ci attendue au tournant.

La grosse affiche de la soirée est Metronomy, groupe aussi séduisant  sur disque qu'il s'avère frustrant sur scène. Comme au festial We Love Green l'an dernier, les anglais ne parviennent pas à insuffler en live une dynamique à leurs morceaux. Si bien qu'on a parfois l'impression d'écouter l'album au grand air. Le groupe est sur la route depuis un an et demi et cela se sent. Si l'on ajoute à ça une setlist qui pêche par quelques longueurs, le bilan et peu reluisant. Reste la magie de quelques titres ("The Bay", "Heartbreaker", "Everything Goes My Way") qui rend le concert des anglais plaisant à défaut d'être enthousiasmant.

On court secouer la tête avec Birdy Nam Nam, quatuor de DJ français pas là pour faire dans la dentelle. Beats syncopés, martèlement de basses, crescendos orgasmiques : toute la panoplie du live électro fédérateur est là. Seule ombre au tableau : le froid de canard qui gagne petit à petit l'Hippodrome de Longchamp.

Les plus courageux ont tenu jusqu'à The Kills, qui joue à 01h00 sur la scène Bagatelle. Le duo anglo-américain, qui a sorti un très bon quatrième album l'an dernier (Blood Pressures), n'a (presque) rien changé à sa formule gagnante sur scène : Jamie Hince tient la baraque, arrache à sa guitare des riffs stridents et crasseux pendant qu'Alison Mosshart (qui arbore une crinière rougeoyante), tour à tour aguicheuse ou sauvage,  feule dans le micro et tient son rôle à la perfection.

La setlist sans faute se concentre sur le dernier disque ("Future Starts Now" et ses tambours, "DNA", "Satellite", "Baby Says", "The Last Goodbye") sans oublier quelques clins d'oeil au passé ("Tape Song"). Fidèles à leur réputation, The Kills ne déçoivent pas et viennent ponctuer avec brio cette première journée de Solidays. Le froid et la fatigue ayant eu raison de notre bravoure, nous faisons l'impasse sur la Nuit Electro en ayant bien l'intention de se rattraper demain.


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samedi 11 février 2012

Arctic Monkeys (Casino de Paris, 31 Janvier 2012)



Pour combattre la vague de froid qui s'est abattue sur la France cette semaine, le Casino de Paris propose ce soir une double affiche qui risque de faire bondir le mercure : Miles Kane et les Arctic Monkeys. Soit, actuellement en matière de rock, la crème anglaise.

Entrée sur "Les Cactus" de Jacques Dutronc, pantalon de cuir, chemise léopard, clins d'oeils appuyés aux premiers rangs : Miles Kane ne lésine pas sur la séduction tape-à-l'oeil pour charmer son public. Tout ceci pourrait desservir l'anglais s'il n'avait pour lui une formidable collection de chansons pop.

Après la sombre "Better Left Invisible" et son riff au cordeau en guise d'amuse-bouche, le chanteur bombe le torse sur le refrain de "Counting Down The Days", bien soutenu par un public de connaisseurs. Réjouissant. On savoure ensuite la splendide "Rearrange", décidément irrésistible bijou pop. Plus étonnant, Miles Kane offre une reprise d'un titre de Jacques Dutronc ("The Responsible"), très fidèle quoi que plus musclée que l'original. Sympathique curiosité qui nous projette tout droit dans les 60's.

Miles Kane fait ensuite parler la réverb' et abreuve la salle de "ayayaya" sur l'excellente "Kingcrawler". Cette dernière, comme "Telepathy" - jouée juste dans la foulée - prouve que la science des refrains n'a plus de secrets pour le jeune anglais (25 ans). "Quicksand", toute en légèreté, apporte chaleur et entrain à une salle qui ne demande qu'à se trémousser. "My Fantasy", douceur très T-Rex dans l'esprit, se démarque de "The First Of My Kind", nouvelle chanson très énergique. Du même tonneau que les autres morceaux interprétés ce soir, elle laisse espérer une suite discographique réussie à l'excellent Colour Of The Trap.


Comme on l'espérait, "Come Closer" déclenche l'euphorie dans la salle. Grande chanson, grande performance. Miles Kane conclut son set avec un "Inhaler" gonflé aux hormones. L'anglais s'impose comme un excellent performer, même s'il en fait parfois un peu trop. Seul regret : ne pas avoir eu la chance d'entendre Alex Turner interpréter "Standing Next To Me" avec son comparse des Last Shaddow Puppets (honneur réservé aux spectateurs de l'Olympia trois jours plus tard).

Gros morceau de la soirée, les singes de l'Arctique feraient presque figure de vétérans au stade du quatrième album. A l'âge où nombre de groupes parviennent enfin à percer (26 ans de moyenne), les quatre de Sheffield ont déjà conquis une bonne partie du globe. En ouverture, on attend "Library Pictures" - comme cet été - et on s'apprête à jouer des coudes d'entrée. Alex Turner nous cueille avec "Don't Sit Down 'Cause I've Moved Your Chair". Le son est énorme, les Arctic Monkeys n'ont jamais sonné aussi heavy. Petite piqûre de rappel dans la foulée : "Teddy Picker" et "Crying Lightning" sont décidément de grandes chansons.

Si l'on excepte une parenthèse sereine où Alex Turner fait valoir ses talents de crooner ("The Hellcat Spangled Shalalala" puis "Black Treacle"), la première moitié du concert, frénétique et endiablée, nous envoie régulièrement dans les cordes. Gros sons de guitare, batterie martelée, riffs agressifs, basse lourde et setlist musclée : les Arctic Monkeys sont venus pour nous en mettre plein les oreilles. Depuis leur passage chez Josh Homme les anglais ne sont plus les mêmes et veulent qu'on le sache.

Noyé dans un pogo continu au beau milieu de la fosse, l'enchaînement de "Brianstorm", "The View From The Afternoon" et du monumental "I Bet You Look Good On The Dancefloor" nous laisse lessivé et euphorique. On cherche vainement de l'air sur  l'explosive "Library Pictures". "Evil Twin" - face B musclée de "Suck It And See" - et la bourrine "Brick By Brick" finissent de nous achever.


La suite des évènements, plus variée ("This House Is A Circus", "Pretty Visitors" (avec un cinquième homme à l'orgue), "She's Thunderstorms" ("celle-ci est pour les filles !" décrète Alex Turner) et "Do Me A Favour"), montre Arctic Monkeys dans toute sa complexité et sa diversité.

La soirée se termine par un rappel cinq étoiles : "Suck It And See", splendide ballade portant la marque Turner, "Fluorescent Adolesent", tube certifié qui nous ramène cinq ans en arrière, en plein été 2007, et l'incontournable et impressionnante "505" (pour laquelle Miles Kane, heureux comme un gosse, se joint à ses potes), qui clôt tous les concerts du groupe depuis la seconde tournée.

Depuis leurs débuts, les Arctic Monkeys ne cessent de progresser et nous surprendre. L'évolution physique de leur chanteur (banane y compris) est un parfait étalon du chemin parcouru. Que reste-t-il en effet de l'oisillon chétif et boutonneux des débuts ? Caché derrière sa tignasse lors de la tournée Humbug, Turner parade aujourd'hui dans son perfecto (piqué à Miles Kane semble-t-il), transpire le charisme et la confiance en soi. Pour preuve, outre cet excellent concert, il réalise deux exploits : se recoiffer sur scène avec un peigne sans avoir l'air con et porter un col roulé avec classe.

Dicton de la soirée : température polaire et singes arctiques font bon ménage.

PS : Au petit jeu des différences entre les setlist (quasiment identiques) des trois concerts parisiens, celui de l'Olympia est déclaré vainqueur. Outre "Little Illusion Machine (Wirral Riddler)" avec Miles Kane (joué aussi au Zénith), la salle du Boulevard des Capucines a eu le privilège d'accueillir l'excellentissime Richard Hawley sur "You And I" (face B de "Black Treacle"). Même si le titre n'est pas franchement mémorable, voir Alex Turner et Richard Hawley en même temps sur scène reste un moment privilégié.

Setlist Arctic Monkeys :

01  Don't Sit Down 'Cause I've Moved Your Chair
02  Teddy Picker
03  Crying Lightning
04  The Hellcat Spangled Shalalala
05  Black Treacle
06  Brianstorm
07  The View From The Afternoon
08  I Bet You Look Good On The Dancefloor
09  Library Pictures
10  Evil Twin
11  Brick By Brick
12  This House Is A Circus
13  Still Take You Home
14  Pretty Visitors
15  She's Thunderstorms
16  Do Me A Favour
17  When The Sun Goes Down
Rappel 1
20  Suck It And See
21  Fluorescent Adolesent
22  505


Le concert à l'Olympia filmé :

dimanche 29 janvier 2012

The Black Keys (Zénith, 25 Janvier 2012)



Carton rock des derniers mois, The Black Keys débarquent en France fin janvier, forts de deux albums épatants en autant d'années. Leur tournée est "sold out" partout où ils passent. Leurs noms sont sur toutes les lèvres - et sur toutes les couvertures de magazines. Bref, la consécration semble en bonne voie pour le duo d'Akron. Acquis à la force du médiator après dix années passées à écumer les petites salles aux quatre coins du monde, ce succès amplement mérité fait plaisir à voir (même s'il faut bien avouer que la concurrence ne fait pas rage).

C'est donc dans les Zénith que se produisent désormais Dan Auerbach (guitare/chant) et Pat Carney (batterie). Après Lille hier, les voilà à Paris, désormais accompagnés d'un deuxième guitariste et d'un clavier. En attendant notre pression au bar nous entendons la fin du set de Portugal The Man (et notamment l'excellent single "So American"), groupe prometteur qu'il faudra revoir.

"Howlin' For You" est jouée d'entrée. Batterie militaire, riff ciselé et refrain repris en choeur : le ton est donné. De manière prévisible, les titres de Brothers et El Camino constituent l'essentiel de la setlist. En une poignée de chansons imparables ("Sister", "Gold On The Ceiling", "Strange Times", "Run Right Back", "Dead And Gone"), le duo marque son territoire et prouve qu'il a les épaules pour séduire les grandes salles. Le public n'a d'ailleurs aucun mal à se laisser convaincre, sautille allègrement et donne de la voix sur chaque refrain. Plus appliqués que déchaînés, les Black Keys déroulent.

Après une entrée en matière calibrée mais à l'efficacité indéniable, on assiste à un tout autre concert. Les deux musiciens additionnels quittent la scène, laissant Dan Auerbach et Pat Carney remonter le cours de leur histoire. La bride est lâchée, les deux comparses s'en donnent à coeur joie, Dan se fendant notamment de quelques jolis solos. Si la qualité des mélodies reste inférieure aux titres les plus récents du duo, cet intermède de quatre morceaux offre au Zénith un pur moment de rock & roll.

La suite du concert est plus convenue et inégale. Surtout, à mesure que la soirée avance, quelques faiblesses apparaissent clairement : les morceaux finissent par se ressembler un peu (ici et là, on n'est pas loin de la formule), le jeu de batterie de Pat Carney s'avère trop stéréotypé et ne soutient pas la comparaison avec l'inventivité de Dan Auerbach à la six cordes. Ce dernier, également excellent chanteur, s'impose sans conteste comme la véritable force motrice du duo. The Black Keys aurait aussi pu s'épargner le coup de la boule à facette ou du nom du groupe qui clignote en fond de scène sur le dernier titre - Coldplay ou les Hives font ça très bien.

On ressort de la salle avec un sentiment mitigé. Malgré de vrais moments enthousiasmants (ne serait-ce que pour "Lonely Boy", la soirée valait le détour), un travail bien fait, une setlist construite intelligemment (les Black Keys commencent à avoir une belle petite collection de tubes), les riffs explosifs en pagaille, ce concert nous laisse un peu sur notre faim. Le plus dur commence peut-être pour les Black Keys : parvenir à conserver leur crédibilité rock indé tout en creusant la brèche qu'ils ont fraîchement ouverte vers le succès planétaire. Jusqu'ici l'équilibre est parfait, mais on croise les doigts pour que dans le futur, les Black Keys ne fassent pas un pas de plus vers le mainstream.

Setlist The Black Keys :

01  Howlin' For You
02  Sister
03  Gold On The Ceiling
04  Strange Times
05  Run Right Back
06  Dead And Gone
07  Thickfreakness
08  Girl Is On My Mind
09  I'll Be Your Man
10  Your Touch
11  Little Black Submarines
12  Nova Baby
13  Next Girl
14  Chop And Change
15  Money Maker
16  Ten Cent Pistol
17  Same Old Thing
18  Tighten Up
19  Lonely Boy
Rappel 1
20  Everlasting Light
21  She's Long Gone
22  I Got Mine

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