Au stade du 7ème album, que peuvent bien encore apporter à la pop les Belle & Sebastian ? Question légitime, et pourtant : même si l'on n'attend plus d'eux monts et merveilles, les B&S prouvent album après album qu'ils restent créatifs et crédibles.
Write About Love apporte une pierre de plus à l'édifice hautement mélancolique des écossais. Pas d'embrouille sur la marchandise : ce disque ne révolutionnera pas la planète pop mais procure un confortable plaisir.
L'entrée en matière est poussive ("I Didn't See It Coming", lorgnant vers le progressif). Puis les choses s'améliorent avec "Come On Sister". Guitare vaguement strokesienne, atmosphère gentillette et guilerette (on ne nomme pas inocemment son groupe Belle & Sebastian), synthés d'un autre âge : on adhère. Réchauffement climatique confirmé avec "Calculating Bimbo", ballade décontractée et doucement mélancolique.
Comme c'est souvent le cas pour les titres un peu faiblards de Belle & Sebastian, c'est le refrain qui sauve "I Want The World To Stop". Sortez les mouchoirs, allumez les briquets : place ensuite à la ballade qui tue tellement qu'elle est belle. Il faut dire qu'il est assez difficile de résister au charme de "Little Lou Ugly Jack Prophet John". Vague à l'âme quand tu nous tiens.
Le titre "Write About Love" délaisse la pop ouatée qui a donné au groupe ses lettres de noblesse pour s'adonner avec succès à une musique élancée et efficace plus proche des deux derniers essais du groupe (les sympathiques Dear Catastrophe Waitress, 2003 et The Life Pursuit, 2006). "I'm Not Living In The Real World" fait un tour du coté psyché, on pense à du Love chanté par Syd Barrett, ou un assemblage débile dans ce genre. Belle surprise, mais les enluminures ne compensent pas totalement les faiblesses de la composition.
"The Ghost Of Rockschool", plaisante mais anecdotique, offre à entendre de belles parties de cuivre. "Read The Blessed Pages", jolie sérénade acoustique, se retrouve défigurée à mi-chemin lorsqu'un vilain son de flûte de pan fait son apparition dans un style purement péruvien. Vangelis, sors de ce corps. Si l'on se bouche les oreilles au moment de son intervention, c'est un titre très honorable. "I Can See Your Future", chanson cinématographique comportant une fois encore de très beaux cuivres et un agréable chant féminin, est une belle réussite. Enfin, "Sunday's Pretty Icons" est entraînante mais pas inoubliable.
Write About Love est donc un disque partiellement raté, mais au véritable charme. L'atout de Belle & Sebastian, c'est qu'on les aime malgré leurs défauts. Write About Love ne convaincra donc pas les détracteurs de la troupe écossaise et ne changera certes pas notre vie, mais procure son lot de bien-être. Belle & Sebastian c'est comme les Chupa Chups : ça a beau être bourré de sucre, on y plonge avec délice. Un plaisir coupable.
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