Concert chroniqué pour Froggy's Delight.
Répondant à l'appel du blues, nous nous rendons ce soir à La Maroquinerie pour assister à la première des sept soirées parisiennes du festival "Les Nuits de l'Alligator" - consacré à la musique née sur les rives du Mississippi. L'affiche de ce soir s'avère aussi aussi éclectique qu'intéressante : de grands suisses (Hell's Kitchen), de jeunes pousses Clermontoises qui montent (Mustang), et un astronaute prêcheur de blues (Bob Log III).
Les Hell's Kitchen sont chargés de démarrer la soirée. Ils entament leur set par un blues lancinant et écorché, puis enchaînent avec deux morceaux beaucoup plus virulents et entraînants, chargés de saturation. Quarante minute durant, ils alterneront entre ces deux styles.
Sur scène, un guitariste-chanteur, un batteur-percussionniste et un contrebassiste. Le guitariste, tout sauf un manchot, nous gratifie de quelques solos forts réjouissants. Un brin déjanté, il assure aussi le spectacle par ses grimaces, ses cris et poses en tous genre, et ses tentatives d'avalage de micro. Le batteur, lui, alterne entre batterie et washboard, alors que le contrebassiste demeure imperturbable.
Le passage tonique et musclé des Hell's Kitchen n'apporte certes rien d'extraordinaire ou de révolutionnaire, mais les suisses rendent tout de même une très bonne copie, honnête et inspirée, qui a convaincu le public, nous y compris.
Place à Mustang : dès leur apparition, on se retrouve projetés illico au beau milieu des années 50. Tout sur scène (musique, fringues, voix, coiffures) ramène à la décennie dorée du rock & roll. Vêtus de blanc, cheveux gominés et coiffés façon Elvis pour le chanteur, pantalon à bretelle et chapeau pour le bassiste, lunettes de soleil pour le batteur : les Mustang ont tout pour plaire à Didier l'Embrouille.
Après un méticuleux changement de plateau, ils attaquent par "Mustang", un titre instrumental qu'on jurerait écrit par les Shadows. La guitare est bourrée de réverb, la basse est ronde et chaude, la batterie soutient le tout habilement. La musique des trois garçons est complètement à contre-courant, on les imagine aisément faire un tabac dans les 50's.
Les mauvaises langues les cantonneront à des Chats Sauvages ou des Chaussettes Noires modernes. La filiation existe mais est réductrice. Ces trois gars ont de l'énergie à revendre, de vraies qualités de musiciens et des influences racées (Gene Vincent, Elvis Presley, Chuck Berry, mais pas seulement). Le rêve Américain fonctionne à plein régime pour Mustang. Mais ils font un peu trop propres sur eux pour que notre curiosité se transforme en enthousiasme. Il leur manque encore une dose d'agressivité rock pour convaincre complètement.
Même si les compositions ne sont pas encore toutes à la hauteur, Mustang s'impose comme un bon groupe de scène. Ils alternent efficacement slows ("La Plus Belle Chanson Du Monde", superbe ballade dont les accords ne sont pas sans rappeler un célèbre duo versaillais), rockabilly ("Sexy Symphonie"), surf pop ("King Of The Jungle"), rock & roll ("Je M'Emmerde"), yéyé ("Pia Pia Pia") et ajoutent quelques effets électroniques - boîtes à rythmes et synthé - ("C'est Fini", très Kraftwerk dans l'esprit).
Les tics vocaux de Jean Felzine peuvent parfois crisper, mais on voit surtout en lui un bon chanteur, à la maturité et à la maîtrise vocale indéniable. S'ajoute à cela le fait que la version live présentée ce soir est autrement plus convaincante que celle du disque. Il faut prendre Mustang pour ce qu'il est : un exercice de style passionné mais encore tendre. Même si leur prestation a ses limites, les anachroniques Clermontois sont donc bien plus qu'une simple caricature et finissent par remporter la partie.
Dernier artiste à rentrer en piste ce soir : Bob Log III. Imaginez un Daft Punk orphelin de ses platines, transformé en Homme-Orchestre, et jouant du John Lee Hooker sous amphétamines. De profil, avec son téléphone incrusté dans le casque en guise de micro, on croirait voire une mouche géante sur scène. Ne lui manque plus que les ailes. Arrivée depuis les coulisses en jouant sur sa guitare, l'américain ne s'octroie aucun temps mort. Le pied droit vissé sur la pédale de grosse caisse et le gauche sur ses cymbales, le musicien offre un blues cradingue complètement déjanté envoyé à toute allure. Au-delà du concept scénique amusant, Bob Log III donne sérieusement envie de remuer du popotin.
Expérience bizarre tout de même que de fixer un cosmonaute à guitare pendant une heure. Une chose est sûre : ce n'est pas par le regard qu'il fait passer ses émotions. L'américain n'a pas sa langue dans sa poche et manie fort bien la provocation : ses pitreries baragouinées entre deux morceaux font glousser les spectateurs. Au cours d'hilarants monologues, il supplie notamment ces derniers de lui donner à boire ("I'll drink everything, I'm a thirsty motherfucker !") puis enchaîne sans transition avec "A song about absolutely nothing". Tout ça n'a ni queue ni tête, le show a un aspect décalé et foutraque très plaisants.
Mais là aussi, le concept a ses limites. Certes emballants et sacrément décapants, les titres suivent le même schéma et s'avèrent répétitifs au bout du compte. Mais ne faisons pas la fine bouche : son show est suffisamment étonnant pour passer un bon moment musical.
Cette charmante soirée d'ouverture du festival "Les Nuits de l'Alligator" a tenu ses promesses. Dans une ambiance décontractée et bon enfant, on a assisté à trois déclinaisons différentes et réussies du blues.
Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.
Les Hell's Kitchen sont chargés de démarrer la soirée. Ils entament leur set par un blues lancinant et écorché, puis enchaînent avec deux morceaux beaucoup plus virulents et entraînants, chargés de saturation. Quarante minute durant, ils alterneront entre ces deux styles.
Sur scène, un guitariste-chanteur, un batteur-percussionniste et un contrebassiste. Le guitariste, tout sauf un manchot, nous gratifie de quelques solos forts réjouissants. Un brin déjanté, il assure aussi le spectacle par ses grimaces, ses cris et poses en tous genre, et ses tentatives d'avalage de micro. Le batteur, lui, alterne entre batterie et washboard, alors que le contrebassiste demeure imperturbable.
Le passage tonique et musclé des Hell's Kitchen n'apporte certes rien d'extraordinaire ou de révolutionnaire, mais les suisses rendent tout de même une très bonne copie, honnête et inspirée, qui a convaincu le public, nous y compris.
Place à Mustang : dès leur apparition, on se retrouve projetés illico au beau milieu des années 50. Tout sur scène (musique, fringues, voix, coiffures) ramène à la décennie dorée du rock & roll. Vêtus de blanc, cheveux gominés et coiffés façon Elvis pour le chanteur, pantalon à bretelle et chapeau pour le bassiste, lunettes de soleil pour le batteur : les Mustang ont tout pour plaire à Didier l'Embrouille.
Après un méticuleux changement de plateau, ils attaquent par "Mustang", un titre instrumental qu'on jurerait écrit par les Shadows. La guitare est bourrée de réverb, la basse est ronde et chaude, la batterie soutient le tout habilement. La musique des trois garçons est complètement à contre-courant, on les imagine aisément faire un tabac dans les 50's.
Les mauvaises langues les cantonneront à des Chats Sauvages ou des Chaussettes Noires modernes. La filiation existe mais est réductrice. Ces trois gars ont de l'énergie à revendre, de vraies qualités de musiciens et des influences racées (Gene Vincent, Elvis Presley, Chuck Berry, mais pas seulement). Le rêve Américain fonctionne à plein régime pour Mustang. Mais ils font un peu trop propres sur eux pour que notre curiosité se transforme en enthousiasme. Il leur manque encore une dose d'agressivité rock pour convaincre complètement.
Même si les compositions ne sont pas encore toutes à la hauteur, Mustang s'impose comme un bon groupe de scène. Ils alternent efficacement slows ("La Plus Belle Chanson Du Monde", superbe ballade dont les accords ne sont pas sans rappeler un célèbre duo versaillais), rockabilly ("Sexy Symphonie"), surf pop ("King Of The Jungle"), rock & roll ("Je M'Emmerde"), yéyé ("Pia Pia Pia") et ajoutent quelques effets électroniques - boîtes à rythmes et synthé - ("C'est Fini", très Kraftwerk dans l'esprit).
Les tics vocaux de Jean Felzine peuvent parfois crisper, mais on voit surtout en lui un bon chanteur, à la maturité et à la maîtrise vocale indéniable. S'ajoute à cela le fait que la version live présentée ce soir est autrement plus convaincante que celle du disque. Il faut prendre Mustang pour ce qu'il est : un exercice de style passionné mais encore tendre. Même si leur prestation a ses limites, les anachroniques Clermontois sont donc bien plus qu'une simple caricature et finissent par remporter la partie.
Dernier artiste à rentrer en piste ce soir : Bob Log III. Imaginez un Daft Punk orphelin de ses platines, transformé en Homme-Orchestre, et jouant du John Lee Hooker sous amphétamines. De profil, avec son téléphone incrusté dans le casque en guise de micro, on croirait voire une mouche géante sur scène. Ne lui manque plus que les ailes. Arrivée depuis les coulisses en jouant sur sa guitare, l'américain ne s'octroie aucun temps mort. Le pied droit vissé sur la pédale de grosse caisse et le gauche sur ses cymbales, le musicien offre un blues cradingue complètement déjanté envoyé à toute allure. Au-delà du concept scénique amusant, Bob Log III donne sérieusement envie de remuer du popotin.
Expérience bizarre tout de même que de fixer un cosmonaute à guitare pendant une heure. Une chose est sûre : ce n'est pas par le regard qu'il fait passer ses émotions. L'américain n'a pas sa langue dans sa poche et manie fort bien la provocation : ses pitreries baragouinées entre deux morceaux font glousser les spectateurs. Au cours d'hilarants monologues, il supplie notamment ces derniers de lui donner à boire ("I'll drink everything, I'm a thirsty motherfucker !") puis enchaîne sans transition avec "A song about absolutely nothing". Tout ça n'a ni queue ni tête, le show a un aspect décalé et foutraque très plaisants.
Mais là aussi, le concept a ses limites. Certes emballants et sacrément décapants, les titres suivent le même schéma et s'avèrent répétitifs au bout du compte. Mais ne faisons pas la fine bouche : son show est suffisamment étonnant pour passer un bon moment musical.
Cette charmante soirée d'ouverture du festival "Les Nuits de l'Alligator" a tenu ses promesses. Dans une ambiance décontractée et bon enfant, on a assisté à trois déclinaisons différentes et réussies du blues.
Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.
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