
A 69 ans, Roy Ayers jouit d'une aura d'artiste culte. Ce qui signifie parfois stades remplis et hordes de fans enragés, mais plus souvent "musique réservée à un petit cercle de fidèles admirateurs". C'est le cas pour le pape du vibraphone qui, au vu du public clairsemé, n'a pas déplacé les foules ce soir. Quelques petits malins se sont mêmes placés sur la colline surplombant l'enceinte pour jouir gratuitement du spectacle.
Sur scène, un clavier (Rolland), un bassiste, un batteur blanc (et anglais), un percussionniste nigérian, un choriste/chauffeur de salle à béret et sandales Adidas et un saxo/clavier (Korg) composent le backing band. Roy, en devant de scène, dirige les opérations. Vêtu d'une très saillante combinaison costard-bonnet-chaîne en or-lunettes en plastique jaune et rouge, il jongle entre vibraphone et chant.

Impassible en fond de scène, un improbable cow-boy noir tout droit sorti de Shaft scrute les moindres faits et gestes du groupe. Le manager, sans doute. Pendant ce temps, Roy Ayers alterne habilement entre parties de vibraphone inspirées, chant et moments où il laisse son groupe déployer son groove irrésistible. Le saxo amuse la galerie puis finit couché après un solo énergique.
Alors que ça s'embrasse avec la langue à notre gauche sous les derniers rayons du soleil couchant, le maître de cérémonie s'improvise juke-box. Il demande au public les titres qu'il désire entendre. S'en suit un prévisible brouhaha qui semble fort l'amuser. N'entendant rien, il décide que ce sera "Baby You Got It", sur laquelle le choriste y va de son solo en voix de fausset. La suite n'est qu'une pluie de standards : "Searchin", "Can't You See Me", "No Stranger To Love", et bien entendu "Everybody Loves The Sunshine".

Vendant T-Shirts et disques à la sortie du concert, acceptant avec générosité de poser pour des photos, Roy Ayers est l'exemple même de l'injustice commerciale. Comme il l'a dit un peu plus tôt sur scène, "il est très difficile de trouver (ses) CD, vu que les maisons de disques ne sortent plus que les albums de Beyoncé". Hilarant ou triste, c'est selon. Cruelle vérité quoi qu'il en soit.
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