samedi 29 septembre 2012

We Love Green J3 (16 Septembre 2012)


La dernière journée du festival commence sous une météo estivale avec Herman Düne, venu présenter les titres de Mariage à Mendoza (B.O. d'un film sortant début 2013). Les aléas des transports parisiens et de l'organisation du festival (un bracelet par jour, soit refaire la queue chaque après-midi, est-ce vraiment nécessaire ?) nous font malheureusement louper le début du concert. On se contentera donc de quelques extraits des albums précédents ("With A Fistful Of Faith" et "This Summer", nous semble-t-il). La belle voix du chanteur (chapeau beige vissé sur le crâne) est pour beaucoup dans le charme des morceaux. Les folkeux français terminent sur un titre très dansant qu'ils prolongent par un long passage noisy. On les trouve meilleurs lorsqu'ils se cantonnent au format pop.

Cody ChesnuTT avait été une belle découverte il y a de ça dix ans avec son brillant Headphone Masterpiece et ses pépites soul lo-fi. Depuis, il avait disparu de la circulation (un live il y a 6 ans, un EP il y a 2 ans), et son concert ne fait que renforcer notre conviction que cela est profondément injuste. Dans un monde parfait, Cody serait être numéro un des ventes. Car - ne mâchons pas nos mots - le chanteur américain joue dans la catégorie des grands. Récemment, on ne voit que Raphael Saadiq pour lui faire concurrence. Et si on remonte à l'âge d'or de la soul, c'est clairement à Marvin Gaye que l'on songe. S'il est encore loin d'avoir le répertoire de l'ancien protégé de Berry Gordy, la similitude vocale et stylistique est frappante.

Venu présenter en avant-première son nouvel album (Landing On A Hundred) - qui devrait sortir cet automne -, Cody ChesnuTT n'interprète aucun titre de son premier disque. Pari risqué, mais relevé haut la main tant les nouvelles chansons sont à la hauteur des espérances. Plus produites que les anciens morceaux, mais démontrant toujours une facilité mélodique insolente. Casque militaire vissé sur le crâne, l'américain prend un sacré plaisir et donne un festival vocal pendant près d'une heure.

Electric Guest lui succède sur scène. Le groupe californien, dont le premier album Mondo produit par... Danger Mouse (oui, encore lui) jouit d'un très bon succès d'estime, est attendu de pied ferme par bon nombre de fans. La France a en effet réservé un excellent accueil à l'album. Lequel, sans être un chef d'oeuvre, s'avère être un bon album pop, très bien produit (par qui déjà ?), avec des mélodies accrocheuses et des singles emballants ("This Head I Hold" en tête).

On avoue un faible pour ce jeune groupe malgré quelques défauts relevés sur disque et qui crèvent les yeux sur scène. On pense notamment à cette voix, certes plutôt jolie, mais qui manque cruellement de puissance. A ce niveau, l'épreuve du live est cruelle pour Asa Taccone. Difficile également de reproduire sur scène les arrangements du disque. Bref, le show très propret et honnête d'Electric Guest fait passer un bon moment aux spectateurs (si l'on en juge par le festival de smartphones qui encombrent notre vue), mais il y a encore du boulot pour devenir un vrai groupe de scène.

La soirée se termine air un DJ Set très pop de Breakbot (qui, mixant derrière d'imposantes lèvres rouges flashy, conclut sur l'excellent "Baby I'm Yours"), puis par celui - très musclé - des stars du moment : le collectif nantais C2C. Deux très bons shows qui montrent une fois de plus que le DJing frenchy a de beaux jours devant lui.


La vidéo du concert de Cody ChesnuTT (filmé pour Arte Live Web) :


La vidéo du concert d'Electric Guest (filmé pour Arte Live Web) :


We Love Green J2 (15 Septembre 2012)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

La deuxième journée démarre avec la mini-claque du festival : La Femme. Avec les français, c'est l'effet Kiss Cool assuré. Leur musique a beau emprunter beaucoup au passé, c'est un concentré de fraîcheur et de vitalité. Au centre de la scène les deux choristes / claviers, fort jolies, concentrent l'attention en se déhanchant et en minaudant aussi pas mal (surtout la brune en robe blanche). Elles sont entourées par deux synthés masculins, l'un enduit de peinture verte, l'autre portant une couronne de fleurs, le tout dans un esprit très We Love Green.

A droite de la scène un guitariste qui fait un peu la tronche mais qui fait bien son boulot. Cheveux teints et couronne de fleurs également. Quand il ne joue pas de guitare, il s'essaie... au synthé. Au fond de la scène, un musicien au visage peint en vert s'occupe des percussions et... d'un clavier. Au final seul le batteur - crinière verte, cela va de soi - ne bidouille pas de synthé.

En plein milieu d'après-midi, les festivaliers ayant fait le déplacement apprécient tout en se dorant la pilule au soleil. Les titres s'enchaînent sans que la tension de retombe. De "Sur La Planche" à "Télégraphe" en passant par "Anti Taxi !" (où comment être rock et écolo), La Femme creuse son sillon à mi-chemin entre le surf rock et les claviers 80's, et avec un hédonisme pleinement assumé. Une très belle découverte.

Hédonisme, ce n'est pas le maître mot de Micachu & The Shapes. On a du mal à accrocher à leur rock déstructuré, lo-fi et brouillon. La voix rauque et peu mélodieuse de Micachu n'arrange rien à l'affaire. Nous passons notre chemin et en profitons pour sillonner les stands du festival, où les volontaires très pédagogues ne ménagent pas leurs efforts pour nous apprendre à trier nos déchets et avoir les bons gestes écolo.

Une dégustation de boisson bio plus tard, nous revoilà devant la scène, pressés de revoir Camille après son passage triomphal au Café de la Danse l'an dernier. Pas le temps de s'ennuyer, la chanteuse est en grande forme. Toujours centré sur Ilo Veyou, le spectacle est total. Triturant ses chansons, jouant avec celles des autres (Michael Jackson), tantôt virtuose, tantôt sensible, tantôt drôle, tantôt déjantée, Camille relègue la concurrence francophone loin derrière. Une fois les principaux titres d'Ilo Veyou interprétés avec brio, Camille - vêtue d'une robe dorée - revisite ses albums passés : "Ta Douleur", "Paris" et "Cats & Dogs" viennent rappeler que le talent de la dame n'est pas né de la dernière pluie.

Beirut non plus n'est pas un nouveau venu. Curieusement, le groupe de Zach Condon a traversé les années 2000 sans parvenir à soulever chez nous un intérêt démesuré. Mais si les deux premiers albums ne nous avaient pas ému plus que cela, The Rip Tide - sorti l'été dernier - a été pour nous une révélation. La version live de l'affaire aboutit à un sentiment mitigé : si le charme des morceaux et la voix envoûtante de Condon séduisent, on reste un peu sur notre faim, avec l'impression d'avoir écouté l'album assis dans un pré.

La setlist parcourt les trois albums du groupe, proposant des morceaux de choix de The Rip Tide ("Vagabond", "Santa Fe", "Port Of Call", "The Rip Tide"). Ce concert nous offre l'occasion de  réévaluer à la hausse des morceaux comme "Elephant Gun" (au faux air de "Port Of Call"), "Postcarads From Italy" et son ukulele, "Nantes" ou encore "The Shrew" qui, avec ses cuivres sortis tout droit des Balkans et sa trompette mélancolique, nous transporte dans un film de Kusturica.

Le public se manifeste bruyamment à chaque début de titre puis écoute religieusement la suite des morceaux, lesquels ressemblent note pour note à l'original. Et c'est là où le bas blesse : les chansons sont très bien interprétées, mais on ne perçoit pas de variation par rapport aux versions des albums. Reste que, bien servi par ses cinq musiciens (2 cuivres, 1 accordéon, 1 batterie et 1 conterbasse), Zach Condon remporte les suffrages grâce, notamment, à une voix qui charrie son lot d'émotions.

Après les subtiles trompettes, les envolées lyriques et le ukulele, Klaxons déboule et nous détruisent les tympans. Pas connus pour faire dans la dentelle, les ex-futurs sauveurs du rock anglais proposent un set ultra efficace dont les titres les plus marquants - excepté "Echoes" - restent ceux du premier disque ("It's Not Over Yet", "Golden Skanks", "As Above, So Below"). Rien de bien nouveau donc mais, comme d'hab, un concert carré des sujets de sa majesté.

La vidéo du concert de Beirut (filmé pour Arte Live Web) :


La vidéo du concert de Klaxons (filmé pour Arte Live Web) :

 

Crédits Photo : Lionel Amable et Pierre Baubeau.

Lire l'article sur Froggy's Delight.

We Love Green J1 (14 Septembre 2012)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

We Love Green, c'est reparti pour un tour ! Pour sa deuxième édition, le festival parisien écolo ajoute un troisième jour à sa programmation. Au menu, comme l'an dernier : une seule scène trônant dans le jardin de Bagatelle (légèrement décalée par rapport à l'an dernier), une ambiance bonne enfant et une météo estivale jouant les prolongations.

Retour de boulot oblige, on loupe la prestation de Kindness, dont l'unique écoute de World, You Need A Change Of Mind (joli titre) n'avait pas suffi à nous convaincre. Django Django (vêtus tous les quatre de t-shirt bordeaux tachetés bleu ciel) s'escrime déjà sur scène lors qu'on arrive. Le premier album des anglais, malgré quelques limites, est une des belles surprises de ces derniers mois. Leur concert, quoi qu'un peu court, sera à la hauteur de nos attentes.

Malgré quelques digressions peu utiles, les titres dansants et psychédéliques de l'album font mouche sans exception : "Hail Bop" et son groove lancinant, l'explosive "Default", au riff malin et efficace (qui n'atteint pas complètement la puissance de la version disque), "Firewater", sorte de surf-pop détraqué, ou encore une curiosité psychédélique ("Zumm Zumm"). Le chanteur, qui a un je-ne-sais-quoi d'Alex Kapranos, se montre enthousiaste et remuant sur scène. Le groupe, bien rôdé, reproduit fidèlement l'ambiance de l'album. Le dernier morceau joué ("Wor") reproduit la formule gagnante de "Default" et "Hail Bop", mais reste un ton en-dessous. 

Dès les derniers accords du concert, le parc semble se remplir soudainement. L'arrivée de Norah Jones sur scène dans une poignée de minutes n'y est sans doute pas pour rien. La chanteuse américaine, un peu perdue de vue (volontairement on l'avoue) depuis le miraculeux Come Away With Me inaugural (dix ans déjà !), est revenue en grâce à nos yeux suite à son très bon dernier album (Little Broken Hearts, cinquième disque de la dame), dont le charme doit beaucoup il faut dire à la production de l'omniprésent Danger Mouse.

Sa séduisante compilation sortie l'an dernier (... Featuring, recueil de duos ayant émaillé sa jeune carrière) avait déjà réveillé notre intérêt pour la jolie trentenaire. Sa participation à l'excellent projet Rome (mené de main de maître par... Danger Mouse et Daniele Luppi, où elle partage le chant avec Jack White) avait entretenu le charme. Little Broken Hearts, qui vaut essentiellement par la beauté du chant et la mise en boîte de la moitié de Gnarls Barkley (Danger Mouse, au cas où vous n'auriez pas saisi), constituera la majorité de la setlist.

Sobrement vêtue (robe verte parfaitement dans le thème du week-end et veste en jean), Norah Jones n'a pas besoin d'en faire des caisses pour gagner l'adhésion du public. Nous n'aurons pas droit à un grand show pyrotechnique à la Coldplay mais les chansons rien que les chansons. Tout juste quelques ravissants sourires et "thank you !" entre les morceaux. Si cette simplicité est bienvenue, on regrette au final un spectacle un peu trop lisse. Le concert est un long fleuve tranquille, on passe une heure très agréable en compagnie de Miss Jones, mais on en ressort quelque peu en manque d'aventures.

Le doux spleen qui habite ses chansons ("Take It Back", "4 Broken Hearts", "Miriam") et sa voix caressante accentuent encore cette impression. Le sautillant single "Say Goodbye", qui porte bien la patte Danger Mouse, ou encore "Happy Pills" sortent un peu le public d'un doux ronronnement. Si Norah Jones, alternant entre claviers, guitares et piano, se concentre sur ses morceaux, elle est accompagnée par un (bon) guitariste à qui il faudra expliquer que ce n'est pas son show mais celui de la dame qui chante à ses côtés. Mes voisins de fosse - éméchés - ne sont pas dupes et crient, en hommage à la robe de la chanteuse : "We love green ! We love you !". Sans doute habituée à ce genre de déclarations, celle-ci sourit.

Quelques offrandes sont disséminées dans la setlist : "Come Away With Me", "Black" (superbe extrait de Rome), "What Am I To You ?", "Don't Know Why", "Lonestar". A chaque fois, le public est aux anges, ce qui se comprend vu la qualité des chansons. Il ne fallait pas attendre davantage de ce concert qu'un charmant mais trop policé flash-back sur une décennie de carrière. Ce qui n'est déjà pas si mal.

Arrive ensuite sur scène l'énigme de la soirée : James Blake. Cette question, qui nous taraudait déjà avant les premières notes du jeune anglais, s'imposera comme une évidence à l'issue de la soirée : que peuvent bien lui trouver ses fans ? Sur scène, il ne se passe rien. Blake chante comme s'il voulait se pendre. Sa voix trafiquée est difficilement supportable. Le tout est d'une lenteur éprouvante. Bref, on ressent un ennui infini. Le mouvement dub-step n'a jamais été notre tasse de thé mais on espérait tout de même autre chose que cette triste fin de soirée.

La vidéo du concert de Norah Jones (filmé pour Arte Live Web) :


Crédits Photos : Lionel Amable et Pierre Baubeau

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