lundi 28 mars 2011

Anna Calvi "Anna Calvi"


Calvi, Calvi... Ne tentons pas de jeu de mots. Trop risqué. C'est du sérieux, Anna Calvi. Au moment où vous lisez ces lignes, vous frôlez sûrement l'overdose de superlatifs concernant la demoiselle. Faîtes-vous une raison, cette affaire est bien partie pour durer...

Calvi par-ci, Calvi par-là, la miss est encensée partout, a fait la couverture de presque tous les magasines musicaux et est adoubée telle une future reine. On la compare déjà à Jeff Buckley, Patti Smith, PJ Harvey. Le tout à seulement 22 ans. Nous avouons donc avoir un peu la pression à la première écoute (et si nous n'aimions pas ?). D'un naturel méfiant, nous avons bien tenté de résister à cette énième vague hype. Mais nous avons été emportés par la tornade lyrique qu'est le premier album de l'anglaise.

Nous entrons dans le disque comme dans un songe ("Rider To The Sea", splendide instrumental inaugural aux envolées guitaristiques qui ne sont pas sans rappeler un certain Jeff Buckley) pour n'en ressortir que dix chansons plus tard. Après cette vaporeuse mise en bouche, place à la trilogie enchanteresse ("No More Words", "Desire" et "Suzanne & I"). "No More Words", toute en retenue, distille une ambiance feutrée et exhale le romantisme (le vrai, qui prend aux tripes, pas celui en toc vomi à longueur de journée sur les ondes). "Desire", exaltée et épique, fait irrémédiablement penser aux glorieuses aînées Patti Smith, Siouxsie et Chrissie Hynde. "Suzanne & I", parcourue par une rythmique rebondissante où le batteur maltraite sa caisse claire, convoque à la fois le feu et la glace.

En quatre titres éblouissants, l'affaire est pliée, la magie opère. La barre est placée très haut, mais la suite n'est pas en reste. A commencer par "Blackout", chanson absolument parfaite. Florence & The Machine et Nicole Atkins ne sont pas bien loin. Les titres oscillent entre beauté pure et traversées de démons ("First We Kiss", "I'll Be Your Man", "The Devil"). "Love Won't Be Leaving" conclut le disque sur une note optimiste.

Lyrisme échevelé, chant fiévreux, sens de l'interprétation rare, superbe pochette, joli minois et regard de braise : Anna Calvi dispose d'une puissance de séduction peu commune. La chanteuse fait des merveilles avec trois fois rien, les arrangements étant cantonnés au strict minimum. Elle frappe un grand coup avec ce premier effort qui, bien que contemplatif, n'accuse paradoxalement presque aucun temps mort : tension à chaque recoin, captivant du début à la fin. Pour Anna Calvi, future grande, le plus dur reste à venir : confirmer. Mais quoi qu'il advienne, on n'oubliera pas ces débuts grandioses.

Lire l'article sur Froggy's Delight.

Découvrez la playlist Anna Calvi

samedi 26 mars 2011

Oh La La ! (Nouveau Casino, 23 Mars 2011)

Après plusieurs années de disette post-A.S. Dragon, Natasha remonte ce soir sur scène avec son nouveau combo, Oh La La ! pour un premier concert parisien au Nouveau Casino.






Ce sont les petits jeunes d'Air Bag One qui sont chargés de lancer la soirée. Dans un style qui rappelle en vrac Adam Kesher, Phoenix et Two Door Cinema Club, ils s’acquittent brillamment de leur mission. Très belle voix, musique dynamique et efficace, beaucoup de bonnes idées, de l'entrain, un côté hédoniste plaisant. Mais leurs titres, un peu trop touffus, gagneraient à être plus concis. Surtout, il manque encore la mélodie qui met tout le monde d'accord. Reste que ce concert bien maîtrisé (on sait combien les premières parties peuvent être casse-gueule) gagne en qualité au fur et à mesure des morceaux. Le trio aux cheveux parfaitement décoiffés (guitare / synthé / batterie, aidé de bandes pré-enregistrées de basse et synthé) nous offre même une antépénultième chanson aux airs de tube.

Lors de l'entracte, quelques minutes après Clément (son guitariste) on voit Natasha surgir des coulisses, fendre la foule setlist en main, visiblement nerveuse. Plutôt bon signe. C'est un Monsieur Loyal adepte du mauvais goût assumé (chaque phrase est entrecoupée par un "bande de fils de putes" ou un rôt, au choix) qui introduit Oh La La ! par une tirade Bukowskienne truculente à défaut d'être tordante.



Le groupe entame par "Nu Dans Ton Jean" et son refrain aussi étrange qu'efficace ("Qui est-il ? C'est elle. Qui est-elle ? C'est il."). "Goodbye Superman" et "Relax" (à des années lumières de Mika), deux des meilleurs titres de l'album, posent les bases du concert : tendus et énergiques. On sent pourtant le groupe (contrairement à ce qui était annoncé, le trio est accompagné d'une bassiste sur la majorité des titres) pas encore libéré, pas complètement à l'aise. Natasha râle contre son micro cassé, il y a peu d'interaction avec un public bien mollasson, les titres sont fidèles et interprétés avec enthousiasme, mais le groupe reste un poil sage.

Et puis sur "Carmen" et "Really Nothing" - pourtant loin d'être nos extraits préférés -, ça y est : la bête est lâchée. Profitant d'un instrumental électro, Natasha se lance dans une danse lascive et le public se retrouve captivé. La reprise sauvage du "It's Like That" de Run DMC (curieuse mais réussie) enfonce le clou. Ces trois décharges électriques successives ont remis le concert sur de bons rails.



"Tomorrow" et "Not In The Mood" font retomber la tension et explorent le versant pop d'Oh La La !. Natasha, posant telle une féline sur l'enceinte de retour, s'invente en Catwoman. On adhère. "Un Poing C'est Tout" donne à voir un étrange happening : tenu en laisse par la chanteuse et vêtu d'une combinaison sado maso, le Monsieur Loyal du début fait son show à quatre pattes sur la scène, maltraité par sa maîtresse qui poursuit son couplet l'air de rien.

"Oser" reste le meilleur moment du set : avec ce morceau, Oh La La ! a sans doute trouvé la bonne formule. Natasha se lance dans un bref slam vite écourté devant le peu de réaction des spectateurs. Le public n'est clairement pas à la hauteur du show. Comme un signe, le "O" de l'écriteau Oh La La ! se casse la gueule en fond de scène. Le guitariste essaie tant bien que mal de réveiller un public amorphe en le piquant au vif, mais rien n'y fait.



Un "Paris Ne T'Aime Pas" tonitruant conclut le set. La chanteuse tente un deuxième slam plus réussi et enchaîne sur le refrain sans transition. Le groupe revient après un rapide rappel (on a connu fosse plus bruyante) pour interpréter "Rendez-Vous Avec Un Salop", pièce maîtresse du disque. "Est-ce que c'est mieux avec une salope ?" lance Natasha, sûre de son effet.



Ce concert était manifestement important pour le groupe, qui l'a, on le sent, un peu mauvaise. La faute à une assistance bizarrement apathique (peut-être l'album est-il sorti trop récemment ?). Le groupe, pas encore totalement rôdé, a tout de même livré une prestation solide et prouvé qu'il avait les épaules et les chansons pour enfiévrer une fosse. Confirmation attendue devant un parterre plus remuant.

Setlist Oh La La ! : 01 Nu Dans Ton Jean, 02 Goodbye Superman, 03 Relax, 04 Carmen, 05 Really Nothing, 06 It's Like That (Run DMC), 07 Tomorrow, 08 Not In The Mood, 09 Un Poing C'est Tout, 10 Oser, 11 Paris Ne T'Aime Pas / Rappel / 12 Rendez-Vous Avec Un Salop


jeudi 17 mars 2011

Interview Oh La La ! - extraits - (Hotel Amour, Paris, 16 Mars 2011)


C'est à l'hotel Amour, situé à deux pas de la place Pigalle qu'Oh La La ! se prête au jeu de l'interview pour Froggy's Delight. Leur premier album plutôt bien reçu dans la presse spécialisée, le moment est maintenant venu d'aller le défendre sur la route.

Natasha (chant), Antoine (batterie) et Clément (guitare) répondent à nos question. Natasha se met tout d'abord en retrait. Elle laisse la parole à Clément et surtout Antoine, appuyant ou précisant régulièrement les réponses de ses acolytes. Le message est passé : Oh La La ! est un vrai groupe et non le nouveau projet solo de l'ex-chanteuse d'A.S. Dragon.

Le trio fonctionne de manière démocratique, sans se prendre la tête, et on sent que c'est important pour les trois musiciens. On essaie bien de titiller Natasha sur le contraste avec son précédent combo, mais on la sent un peu réticente à l'idée d'évoquer A.S. Dragon, donc on n'insiste pas.

Tout d'abord, comment en êtes-vous venus à travailler avec Benjamin Lebeau, qui a réalisé l'album ?
Antoine : Benjamin a effectivement réalisé l'album mais a aussi composé des titres.
Natasha : On se connaît depuis un petit moment. Antoine était batteur du groupe The Film, dans lequel Benjamin jouait aussi
Antoine : On s'est rencontrés sur une date en tournée où on jouait avec A.S. Dragon. Le contact s'est fait comme ça et c'est parti tout de suite derrière.

Du coup au moment de passer à Oh La La !, vous avez pensé à lui ?
Natasha : En fait, Oh La La ! ça s'est fait comme ça, entre nous.
Antoine : Ça s'est fait naturellement.
Clément : Natasha avait des idées, des ébauches de morceaux, Benjamin a retravaillé dessus, a mis son nez dedans. Ça s'est fait rapidement et c'est venu très naturellement.

C'est Natasha et Benjamin qui ont écrit tout l'album ou tout le monde a participé ?
Antoine : Clément et moi avons participé aux arrangements, on a aussi composé des titres ensemble. Comme on est une bande de potes, il s'est trouvé qu'on était là en même temps à faire les morceaux. Encore une fois ça s'est fait très naturellement. Il se trouve qu'on était là le soir où ils bossaient, et puis on s'est rajoutés, on a pris nos instruments, chacun de notre côté on cherchait aussi des idées.
Clément : On a fait notre truc entre potes...
Natasha : Voilà, c'était un vrai travail collectif.
Antoine : C'était vraiment agréable du coup.

Du coup c'est le jour et la nuit comparé avec la façon dont s'est formé A.S. Dragon ? Et j'imagine que ce n'est pas du tout la même façon de travailler ?
Natasha : Non, pour le coup c'est carrément différent. Mais je ne vais pas parler de la façon de travailler d'A.S. Dragon maintenant...

Le fait d'être un trio c'est quelque chose que vous vouliez ou ça s'est imposé de lui-même ?
Natasha : Ça s'est imposé de soi. On a fait plusieurs essais pas complètement concluants.
Antoine : On avait auparavant des formations où on était vraiment en groupe.
Natasha : On était cinq...
Antoine : On avait guitare, clavier, basse, batterie, chant. Du coup on est revenus sur une formule un peu plus étroite en rajoutant des machines et des séquences sur scène pour retranscrire le côté un peu électro du disque.
Natasha : En studio, chacun jouant de plusieurs instruments, tout le monde a un peu tout fait. Par exemple il n'y avait pas un bassiste attitré : Antoine, Clément ou moi avons à un moment joué des parties de basse. C'était la personne présente au moment où on enregistrait la partie qui jouait.
Antoine : C'est exactement la même façon de travailler que pour la composition des morceaux.
Natasha : C'est du bidouillage, c'est comme des chaises musicales.

Pas de place attirée et tout le monde participe à tous les niveaux.
Natasha : Voilà, c'est ça.

Et donc pas de musicien supplémentaire en live.
Natasha : Non, on reste en trio.
Antoine : On retranscrit les morceaux à trois avec des séquences que moi j'envoie à la batterie. On se pose par-dessus, Clément à la guitare, Natasha au chant et à la basse sur quelques titres. On essaie de faire quelque chose d'assez électro sur plusieurs morceaux, d'où les séquences avec des claviers et des basses dessus. Mais on essaie de les faire oublier le plus possible.

Avec The Film vous étiez quatre...
Antoine : Quatre la plupart du temps, parfois trois.

Et cinq avec A.S. Dragon. Le fait de passer à un trio rend les choses différentes sur scène, non ? Ça vous amène à occuper davantage de place ?
Antoine : Non, pas forcément, ça ne change pas vraiment grand chose.
Clément : Notre musique s'y prête, elle est très directe et épurée..
Natasha : Il y a une énergie assez brute.
Clément : On n'a pas besoin de faire des nappes de cordes ou des trucs de ce genre, c'est vraiment dans l'énergie.

Les morceaux plus pop de l'album, vous les durcissez un peu en live ?
Antoine : C'est possible qu'ils soient un peu plus durs, oui.
Natasha : Sans doute. C'est plus rock sur scène que sur disque.
Clément : On a de l'énergie à revendre, et puis en arrivant sur scène on a envie de s'amuser. Comme on s'amuse plus quand c'est fort...

Sur le disque il y a un duo avec Katerine ("Un Poing C'est Tout"), comment est venue l'idée du morceau ?
Antoine : C'est Katerine qui l'a apporté...
Natasha : Il a apporté le texte, et nous avons fait la musique. Je lui avais laissé carte blanche... Et c'est du pur Katerine.
Antoine : Il est assez fun à jouer.
Natasha : Sur la démo, Benjamin avait marqué "tube" pour ce morceau, il devait penser au côlon...
Antoine : Ou l'intestin grêle... Mais ça s'arrête avant normalement...

Avez-vous eu des difficultés pour trouver une maison de disque ? C'est le problème de pas mal de groupes en ce moment...
Natasha : Non, ça n'a pas été facile.
Antoine : C'est le problème de beaucoup de groupes effectivement.
Natasha : De toute façon maintenant les maisons de disques ne veulent plus de projet en chantier, ils veulent un produit quasi fini. Nous on y est peut-être allés un peu tôt donc on a perdu du temps. On aurait dû y aller à la toute fin du processus.
Clément : Maintenant ça se passe comme ça, tu arrives avec un projet fini...
Natasha : En gros il faut que tu te présentes avec ton disque et ton clip. Puis ils te signent et ils prennent 80%...

Eux s'occupent de la diffusion, la pub, la communication ?
Antoine : Voilà, la promo, tout ça...

Donc l'album est complètement auto-produit ?
Natasha : C'est un petit peu auto-produit, mais la maison de disque a quand même mis de l'argent pour qu'on retourne en studio. Mais on a gardé beaucoup des pistes qu'on avait déjà. Au niveau du son, tout était déjà plus ou moins fixé. La direction de la réalisation était là.

En même temps ça vous laisse une grande marge de liberté, j'imagine qu'ils ne sont pas forcément intervenus sur le processus ?
Natasha : Oui, de toute façon ils avaient validé la direction qu'on avait prise, donc c'était assez clair en fait.
Antoine : La direction était déjà prise sur la plupart des morceaux avant d'aller en studio, puisque Benjamin bossait avec nous dès le départ.
Natasha : Oui, on n'est pas arrivé avec des versions guitare-voix qu'on a transformées en quelque chose d'électronique. Le truc était déjà là.

Les démos étaient déjà bien abouties ?
Natasha : Carrément.
Antoine : Benjamin, c'est quelqu'un qui fait beaucoup de productions, il maîtrise les sons donc quand on arrive en studio il y a déjà la qualité de son...
Natasha : La couleur...
Antoine : L'ambiance est là, il n'y a pas besoin de tout retravailler après. Benjamin a travaillé en binôme avec Julien Delfaud, qui a réalisé l'album, et tous les deux ont super bien bossé ensemble.
Natasha : Julien était aussi là depuis le début, c'est un copain. Il a suivi tout le processus de fabrication.

samedi 5 mars 2011

Interview HushPuppies - extraits (21 Février 2011)


A l'occasion de la sortie de leur dernier album The Bipolar Drift, HushPuppies nous reçoit pour une interview chez GroundZero, le magasin de disques indépendant du batteur.

Il s'est écoulé quatre ans depuis la sortie de Silence Is Golden (2007). Que s'est-il passé pour vous entre les deux albums, mis à part la tournée ?

Cyrille (guitare) : Quatre ans ? ça fait si longtemps que ça ?

Olivier (chant) : Eh ouais, ça ne nous rajeunit pas. Pour nous, le temps de gestation est à peu près de quatre ans puisqu'on est cinq.

Le temps de se mettre tous d'accord ?

Cyrille (guitare) : C'est à peu près une année par musicien en fait.

Olivier (chant) : En fait depuis la sortie de Silence Is Golden, on a fait la deuxième tournée, ce qui nous a quand même pris un an et demi. On n'a commencé à composer le troisième album qu'après. Du coup ça ne fait plus quatre ans, mais déjà deux ans et demi. On a aussi dû chercher un autre label parce que celui où on était s'est cassé la gueule. Ça nous a pris du temps et au final on s'est rendu compte qu'on n'était jamais mieux servis que par soi-même. On a donc auto-produit l'album.

Ça n'a pas été trop compliqué de trouver une nouvelle maison de disque ?

Olivier (chant) : En fait on a trouvé une licence, pas une maison de disque.

Cyrille (guitare) : Elle fait la distribution, la promo, le développement de l'album, ce genre de choses.

L'album s'ouvre sur une longue plage presque progressive qui est en fait trois morceaux en un. Je trouve qu'elle résume bien les différentes facettes de Hushpuppies.

Cyrille (guitare) : C'est assez représentatif, effectivement, je pense que tu as raison. La première partie aurait même pu devenir une chanson.

Olivier (chant) : Voire même un single.

Cyrille (guitare) : A un moment, on a pensé à développer du chant dessus et faire partir la chanson dans une autre direction. Mais on avait envie de ce côté progressif. On n'aime pas trop le terme parce que c'est souvent assimilé à une scène dans laquelle on ne se reconnait absolument pas. Mais j'entends progressif dans le premier sens du terme : un morceau qui peut, à partir de quelque chose assez basique, évoluer dans des directions complètement différentes.

Olivier (chant) : Ce morceau, on l'a voulu comme ça et en ouverture de l'album parce qu'il y a ce côté progressif qui ouvre sur une plage complètement pop à la Beatles, et ça nous correspond bien. Le côté rock, le côté un peu plus électro/expérimental au milieu et le côté pop à la fin, c'est vrai que ça nous résume bien.

Cyrille (guitare) : Le titre de l'album (ndA : "The Bipolar Drift", soit "la dérive bipolaire" en français) nous rappelle ça : on a essayé de faire cohabiter sur ce disque à la fois notre amour pour la pop et ses formules efficaces avec des plages plus expérimentales et des recherches dans le son. Pour nous c'était évident d'ouvrir avec cette chanson car ça posait les bases de l'album.

Ce nouvel album sonne plus contrasté que les deux précédents. Mis à part "Stop", "A Dog Bay", " Twin Sisters" ou "Frozen Battle", c'est un disque plus calme que les deux premiers. On est moins dans l'urgence, il y a plus d'espace, c'est plus contemplatif.

Olivier (chant) : C'est vrai que de fait on était moins dans l'urgence parce qu'on a pris plus de temps pour écrire et enregistrer les morceaux. On a pris le temps pour y réfléchir et le fignoler.

Les compositions vous ont-elles entraînés dans cette voie ou aviez-vous d'emblée la volonté de faire quelque chose de plus doux ?

Cyrille (guitare) : On ne voulait pas forcément faire quelque chose de plus doux, mais on voulait vraiment apporter une nouvelle couleur à cet album par rapport aux précédents. Certes, de par le temps que l'on a mis à enregistrer ce disque, certaines chansons ont mis plus de temps à arriver à maturité. Mais contrairement aux autres albums, on a écrit beaucoup de chansons, dont une bonne partie a été mise de côté alors qu'elles étaient quasi abouties. Mais elles ne correspondaient pas à ce vers quoi on voulait tendre, elles sortaient de la couleur de l'album. On ne voulait pas de toute façon rester dans le rock assez facile et efficace des deux premiers albums.

The Bipolar Drift donne l'impression que vous avez cherché à élargir votre palette sonore. C'est particulièrement flagrant au niveau du clavier.

Wilfried (clavier) : A chaque album on essaie de se remettre en question. Sur le troisième on voulait proposer quelque chose de plus abouti et qu'on n'avait pas encore fait.

Franck (batterie) : Et puis surtout, c'est le premier disque qu'on a fait avec un réalisateur. Il a apporté sa touche à cet album. Sur les deux premiers, on a enregistré juste avec un ingénieur du son. Il avait très bien bossé d'ailleurs, mais là le producteur est vraiment rentré dans la structure et la texture des morceaux. Il a apporté des sons de guitare et de clavier qu'on n'utilisait pas auparavant.

Wilfried (clavier) : Il a introduit le chorus, le delay à foison...

Franck (batterie) : Des claviers qu'on n'aurait jamais pensé utiliser... Le fait de choisir un réalisateur, c'était vraiment dans ce but là. On s'est dit que sans cette oreille extérieure, nos compos sonneraient trop "Hushpuppies" alors qu'on voulait faire quelque chose de différent.

Cyrille (guitare) : On voulait s'éloigner des étiquettes qu'on nous collait, du coup on a pris le contre-pied de certaines de nos habitudes sonores. Le simple fait d'utiliser un nouveau synthé, ça amène à une nouvelle façon de composer.

Wilfried (clavier) : Même dans le traitement des guitares et des claviers, on a introduit un delay qu'on n'utilisait pas avant. Donc même avec les mêmes instruments qu'avant mais traités différemment, ça apporte une couleur complètement différente. Sur le premier album, il n'y avait pas de réverb, rien. Deuxième un peu de réverb. Troisième réverb et delay.

Olivier (chant) : Il y a quand même toujours eu du delay sur ma voix...

Wilfried (clavier) : On s'est permis des choses auxquelles on n'aurait pas pensé il y a 6 ans.

Cyrille (guitare) : Le simple fait d'aller chercher un réalisateur, c'était une façon de se mettre en danger par rapport au son qu'on avait l'habitude d'utiliser. On savait en choisissant ce réalisateur qu'il allait nous tirer vers des sonorités nouvelles.

Franck (batterie) : C'est sûr que ce n'est pas drôle de faire le même disque à chaque fois.

Du coup c'est vrai qu'on trouve des morceaux étonnants sur l'album : "Zero One" et "Twin Sister" font très new wave, alors que "Every Night I Fight Some Giant" fait beaucoup penser à Zero 7.

Wilfried (clavier) : En fait, le premier album de Zero 7 a été très présent pour nous quand il est sorti, bizarrement.

Franck (batterie) : On est quand même des grands fans de Air. Si tu écoutes le début de "Down, Down, Down" sur le deuxième album, ça fait très Air. Il y a quand même des prémices sur nos précédents albums, sur des intros ou des fins de morceaux. Mais effectivement on n'avait jamais osé pousser l'idée jusqu'au bout, on a essayé cette caisse claire à la Virgin Suicides...

Wilfried (clavier) : De même sur "Frozen Battle", on assume ce côté dansant.

Franck (batterie) : "Zero One", tu dis que ça fait new wave, mais c'est le premier mroceau où on utilise une boîte à rythme.

Wilfried (clavier) : Et puis les synthés sont très années 80, avec un son bien caractéristique.

Cyrille (guitare) : Pour revenir à "Twin Sister", on ne l'a pas du tout écrit comme un morceau new wave, on ne l'a pas fait consciemment. On a d'ailleurs hésité à l'insclure dans l'album, on se demandait si ça collerait avec les autres titres.

Franck (batterie) : En fait, on ne s'est rien interdit. Par exemple un son de clavier 80's qu'on aurait refusé d'emblée il y a quelques temps, là on l'utilise si ça sert le morceau.

Cyrille (guitare) : On n'a pas eu non plus la logique de se demander si ça serait faisable en live ou si les gens allaient aimer. Le but était de pousser nos idées le plus loin possible.

Wilfried (clavier) : Quitte même à revenir parfois en arrière, voire carrément zapper certaines chansons.

Olivier (chant) : Il y a aussi deux morceaux où les refrains fonctionnaient bien, on en a fait des couplets et on a retrouvé d'autres refrains. C'est le genre de choses qu'on ne faisait pas avant.

Parlons de "You're Gonna Say Yeah !". Le titre a été utilisé dans Guitar Hero. Vous vivez ça come une reconnaissance ?

Franck (batterie) : Oui, on est super contents.

Wilfried (clavier) : C'est une belle visibilité.

Olivier (chant) : Et puis savoir qu'un mec au fin fond du Texas joue "You're Gonna Say Yeah !", c'est incroyable. Sans ce jeu vidéo, on n'aurait pas pu toucher certaines personnes. Même si ça ne nous a pas fait vendre des milliers d'albums, c'est génial de savoir qu'on est dans le salon d'un gamin quelque part dans le monde.

Cyrille (guitare) : Soyons honnêtes, la manière de diffuser la musique est aujourd'hui de plus en plus réduite. On a assez peu d'accès aux médias habituels, donc toucher d'un coup des gens qu'on n'aurait jamais touchés autrement, ce n'est que du bonheur.

Lire l'interview complète sur Froggy's Delight.

vendredi 4 mars 2011

Interview Elista - extraits (La Flèche d'Or, 28 Février 2011)

Interview réalisée pour Froggy's Delight

C'est dans une Flèche d'Or complètement vide qu'Elista nous reçoit pour nous parler de leur troisième album, L'Amour, La Guerre et L'Imbécile. Les français y délaissent l'électricité de La Folie Douce pour pondre un album bucolique et acoustique, porté par un accrocheur premier single, "La St Valentin". Thomas (guitare /chant) et Benjamin (auteur du groupe et homme de l'ombre) répondent à nos questions. Puis Thomas est rejoint par François (guitare /chant) et Marc (batterie) pour une très belle session acoustique. La soirée se finit par une session photo très décontractée. On sent une ambiance fraternelle chez Elista. Deux chanteurs, un auteur qui fait partie intégrante du groupe mais ne joue pas avec eux : Elista est un groupe atypique et entend bien le rester.

Cinq ans se sont écoulés depuis La Folie Douce. Il a dû se passer pas mal de choses depuis ?
Thomas : Oui, 5 ans, c'est vrai, mais le temps passe vite en musique. On a fini la tournée, on s'est mis un petit peu à composer, on a eu des activités parallèles : Benjamin a écrit des bouquins, François et Benjamin ont aussi joué dans un court-métrage qui a été primé en festival. On voulait également sortir l'album au moment de la St Valentin à cause du single. Même si le disque était déjà prêt, on trouvait ça marrant de coller à l'actualité.

Et si je comprends bien, la St Valentin, ce n'est pas trop votre truc ?
Thomas : Non, pas vraiment. Mais je ne crois pas que ce soit le truc de grand monde, la St Valentin...
Benjamin : La St Valentin, on l'a surtout utilisée pour la métaphore. C'est tellement symbolique. "La St Valentin ce n'est pas dans mes bras que tu la passeras", c'est une façon de dire qu'on n'a pas envie de s'engager, que ce sera très bref entre nous.

Vous avez changé votre fusil d'épaule depuis La Folie Douce. L'Amour, La Guerre et L'Imbécile est un disque de facture beaucoup plus pop. Les fondements restent les mêmes, mais la forme a pas mal évolué ?
Thomas : C'est vrai qu'on avait fait une tournée assez électrique et noisy et on avait envie de calme. On a enregistré à la campagne alors que le deuxième avait été enregistré dans les studios à Paris et Bruxelles, il avait donc quelque chose de très urbain, très électrique. Celui-là est beaucoup plus apaisé. Après, c'est aussi une question de moment. On était calmes et sereins au moment de l'enregistrer. Mais quand on les joue en live, les morceaux sont plus rock. Même si les morceaux sont calmes, on aime bien amener un peu de tempête.
Benjamin : Le premier et le deuxième album étaient déjà très différents. On aime bien le changement. Et puis ça correspond aux chansons.

Comme vous l'avez dit, cet album est plus léger, et on y retrouve des touches de piano, beaucoup de guitares acoustiques, des chansons down tempo. Est-ce que ça vous a posé de nouveaux problèmes en terme d'enregistrement ou d'arrangements ?
Thomas : On n'a pas vraiment eu de problèmes, les arrangements sont venus un peu d'eux mêmes. Le son est venu naturellement aussi. On a enregistré l'album avec Antoine Gaillet, qui a aussi produit le dernier Mademoiselle K et qui avait mixé La Folie Douce. On s'entend super bien avec lui, c'est un copain, la collaboration s'est passée très naturellement. Quand on enregistrait on avait un peu l'impression de faire de la cuisine à la maison entre potes.
Benjamin : Il fallait une grosse entente parce qu'on n'enregistrait pas dans un studio mais dans une maison. On vit dedans, on enregistre dedans, on dort entre trois guitares... On ne pouvait pas le faire avec n'importe qui. Et puis on était déjà convaincu parce qu'il avait fait sur La Folie Douce. Après il fallait d'autres choses, des qualités humaines, et il avait tout ça.
Thomas : Bon, par contre il ne se lave pas, c'est son seul défaut...
Benjamin : Mais nous non plus, donc ça allait ! (rires)

C'est vrai que les textes sont très personnels. Il y a une bonne habitude chez Elista : les paroles sont très bien écrites. Ils sont ici encore plus que par le passé emprunts de désenchantement. Ils portent un regard désabusé sur le monde, et notamment les relations amoureuses...
Benjamin : L'axe c'est l'attachement, et c'est quelque chose de difficile, j'ai l'impression qu'il y a de moins en moins de couples qui durent. Pour les jeunes générations l'investissement c'est quelque chose de compliqué, le rapport a changé, on est très loin de la génération de nos parents et grands-parents pour qui c'était une ligne directe. Il y a aussi une chanson dans le disque qui s'appelle "Le Royaume Des Cieux" qui fait écho à la difficulté de se situer dans le monde. Elle aussi est de plus en plus compliquée, et ça rend plus difficile la façon de se situer par rapport aux autres.

Elista a toujours eu une facilité pour trouver des mélodies et des refrains accrocheurs. Est-ce le point de départ des chansons ou pas forcément ?
Thomas : Non, c'est des trucs qu'on achète sur internet en fait (rires).
Benjamin : On aime bien les trucs efficaces, je pense que même si on ne le dit forcément, tout le monde aime ce qui est efficace. Après, c'est la définition de l'efficacité qui varie d'une personne à une autre. Nous on aime bien qu'il y ait une grosse cohésion entre les textes et la musique, on n'a pas envie qu'ils soient jugés indépendamment l'un de l'autre. C'est vrai qu'on recherche l'efficacité, on a envie que ça marche.

C'est efficace sans qu'il y ait non plus de grosses ficelles...
Benjamin : Non, il n'y a pas de réflexion en tant que single. L'idée c'est que quelle que soit le morceau, qu'il passe en radio ou pas, on aime que ce soit efficace. Je pense aux groupes que j'écoutais plus jeunes, Pixies, Cure, Dominique A, ou le premier Miossec, ils ne passaient pas forcément en radio, mais il y a une vraie efficacité dans leurs chansons. C'est quelque chose qui nous a marqué et qui nous plaît, c'est ce qui fait qu'on réécoute encore ces chansons.

L'Amour, La Guerre et L'Imbécile se rapproche pas mal de ce que faisaient Les Innocents. C'est une influence revendiquée ?
Benjamin : On nous l'a déjà dit. Non, ça ne nous surprend pas. L'image des Innocents était assez champêtre, très pop. J'aime bien les Innocents, Nataf a un sacré talent qui n'est plus à démontrer. Mais ce n'est pas spécialement ce qu'on écoutait, ce n'est pas volontaire. Mais ce n'est pas non plus déshonorant.

Actuellement, comment vous situeriez-vous sur la scène rock française ?
Benjamin : C'est très dur... Je sais de qui on est à peu près les héritiers, mais c'était il y a déjà longtemps. Au premier album, on était plutôt l'héritage de Miossec, Dominique A, etc... toute la scène "nouvelle chansons française". Quand les gens démarrent avec du rock, on les met dans la case Noir Désir. Après, je suis incapable de te dire où on se situe actuellement. Quand on a commencé, on ne savait pas qu'on faisait partie de la "scène rock". Plus on avance et plus on essaie de creuser un sillon qui nous ressemble. Mais les gens dont tu t'inspires ne sont pas forcément ceux dont on va te rapprocher, comme avec les Innocents par exemple. Sur La Folie Douce, je n'ai pas arrêté de bouffer Gainsbourg et du rap, personne ne nous a mis dans la famille "NTM et Serge Gainsbourg".
Thomas : Oui, c'est pour ça que j'allais dire qu'on est entre Stupeflip et Florent Pagny... (rires)
Benjamin : Donc en fait, on ne sait pas trop... Bashung aussi a vachement compté, mais est-ce que ce sont les gens qui comptent qui permettent de te situer ? Je ne sais pas... Et puis c'est de plus en plus difficile parce que les influences sont de plus en plus éclatées. Et puis surtout quand on parle d'influences en musique, ça ne concerne pas tant que ça la scène française. Pour La Folie Douce, on a écouté Kasabian en boucle, là c'était The Coral et Supergrass. On essaie de mélanger tout ce qu'on aime, et ça concerne beaucoup de groupes anglo-saxons. Il y a une petite injustice sur la scène française : à partir du moment où les paroles sont en français, on les rapproche automatiquement de groupes français style Noir Désir. On n'est pas trop concernés par ça parce qu'on n'est pas trop bloqués sur le rock, mais je trouve ça un peu dur. Je ne pense pas que tous les groupes de rock français écoutent Noir Désir en boucle et cherchent à s'en rapprocher.

Il y a aussi le problème de groupes à qui on impose le français pour pouvoir passer à la radio ?
Benjamin : Je crois que ce n'est plus valable. Le truc c'est retourné de manière hallucinante parce que les groupes français qui marchent le mieux chantent en anglais. Et plus ça va moins tu as de groupes français qui chantent en français. Donc la maison de disque qui va demander à un mec de chanter en français, ce n'est plus le cas, c'est fini. On a des exemples dans notre entourage, les mecs de Soma par exemple : la maison de disque se foutait royalement qu'ils chantent en français ou pas. Il y a 5 ou 10 ans ça se serait sûrement passé autrement, mais aujourd'hui le tabou est tombé. Il n'y a qu'à regarder Phoenix qui raffle tout chez les Américains, c'est hallucinant, tout est dit. Cocoon, The Do,... La scène française est maintenant très anglophone.

C'est vrai que l'influence anglo-saxone se ressent plus qu'au début des années 2000.
Benjamin : Oui, mais c'est le paradoxe dont je te parlais tout à l'heure : elle se ressent plus mais je ne pense pas qu'elle soit plus présente. Les mecs chantent plus en anglais aujourd'hui, mais ça ne veut pas dire que quand ils chantaient en français ils voulaient faire un truc franchouillard. Ils voulaient juste faire dans le francophone, mais avec des influences anglaises. C'est un mystère. Il y a un mystère musicalement autour de la langue française.

On dit souvent que c'est plus difficile de chanter du rock en français.
Benjamin : Je ne sais pas. Chacun fait naturellement, avec ce qui vient. Après on a déjà entendu des conneries, des groupes qui disaient "le français ce n'est pas la langue du rock", là ça devient complètement dingue de dire un truc aussi con.

Lire l'interview complète sur Froggy's Delight.

mercredi 2 mars 2011

Oh La La ! "Oh La La !"

"Oh La la !" : c'était à peu de choses près notre réaction lorsque, arpentant la scène dans son short de boxer, torse nu et tétons étoilés de noir, Natasha Lejeune singeait habilement Iggy Pop au beau milieu des années 00. Furie sensuelle, elle éclipsait ses comparses - pourtant tout sauf des manches. Pour beaucoup de gens, A.S. Dragon, c'était elle. La réalité est bien sûr beaucoup plus complexe, mais son franc parler, sa prestance et son appétit rock & roll ont fait d'elle un cas à part. Si bien que c'est avec un vrai plaisir qu'on la retrouve sous ses nouveaux oripeaux de Oh La La !

Une demi-écoute suffit pour se convaincre de la qualité du disque. Natasha a réussi son coup. Le sinueux chemin parcouru depuis son départ d'A.S.Dragon, avec son lot de doutes et de difficultés, a donc abouti à cet album fougueux et revanchard. Un modèle en son genre à placer de ce pas en haut du panier pop.

D'entrée "Paris Ne T'aime Pas", sauvage et claquante, donne le ton. "Relax", dans un style pas si éloigné, enfonce le clou. Ces deux hits en puissance sont pourtant détrônés par les superbes envolées pop de "Goddbye Superman", "Rendez-Vous Avec Un Salaud", "Oser" ou "Not In The Mood" (dont le refrain feutré rappelle Air). Seules vraies ombres au tableau, "Carmen" flirte avec les précédents méfaits de Yelle alors que "Really Nothing", pastiche punk, s'oublie assez vite.

Concoctés par son brillant acolyte Benjamin Lebeau (The Film, The Shoes), les arrangements sophistiqués de ce conquérant album éponyme optent pour le grand écart : on peut passer sans transition de basses grondantes, rythmique lourde et guitares saturées à des nappes de synthés, une basse sautillante, un chant sacchariné et des lignes de guitare claire. Et ça fonctionne.

Les textes, acérés, rythmés et à haute teneur sexuelle (en tête, "Un Poing C'est Tout", ode à la gloire du fist fucking en duo avec le trublion Philippe Katerine), montrent une Natasha qui se livre davantage. Le chant trouve le bon équilibre entre douceur pop et attitude punk, les refrains restent collés à l'oreille, les pieds battent sans relâche la mesure. Résultat : cet album sexy en diable tourne en boucle dans le mp3 depuis quelques semaines. A consommer sans modération.


Découvrez la playlist Oh La La !