lundi 28 mars 2011

Anna Calvi "Anna Calvi"


Calvi, Calvi... Ne tentons pas de jeu de mots. Trop risqué. C'est du sérieux, Anna Calvi. Au moment où vous lisez ces lignes, vous frôlez sûrement l'overdose de superlatifs concernant la demoiselle. Faîtes-vous une raison, cette affaire est bien partie pour durer...

Calvi par-ci, Calvi par-là, la miss est encensée partout, a fait la couverture de presque tous les magasines musicaux et est adoubée telle une future reine. On la compare déjà à Jeff Buckley, Patti Smith, PJ Harvey. Le tout à seulement 22 ans. Nous avouons donc avoir un peu la pression à la première écoute (et si nous n'aimions pas ?). D'un naturel méfiant, nous avons bien tenté de résister à cette énième vague hype. Mais nous avons été emportés par la tornade lyrique qu'est le premier album de l'anglaise.

Nous entrons dans le disque comme dans un songe ("Rider To The Sea", splendide instrumental inaugural aux envolées guitaristiques qui ne sont pas sans rappeler un certain Jeff Buckley) pour n'en ressortir que dix chansons plus tard. Après cette vaporeuse mise en bouche, place à la trilogie enchanteresse ("No More Words", "Desire" et "Suzanne & I"). "No More Words", toute en retenue, distille une ambiance feutrée et exhale le romantisme (le vrai, qui prend aux tripes, pas celui en toc vomi à longueur de journée sur les ondes). "Desire", exaltée et épique, fait irrémédiablement penser aux glorieuses aînées Patti Smith, Siouxsie et Chrissie Hynde. "Suzanne & I", parcourue par une rythmique rebondissante où le batteur maltraite sa caisse claire, convoque à la fois le feu et la glace.

En quatre titres éblouissants, l'affaire est pliée, la magie opère. La barre est placée très haut, mais la suite n'est pas en reste. A commencer par "Blackout", chanson absolument parfaite. Florence & The Machine et Nicole Atkins ne sont pas bien loin. Les titres oscillent entre beauté pure et traversées de démons ("First We Kiss", "I'll Be Your Man", "The Devil"). "Love Won't Be Leaving" conclut le disque sur une note optimiste.

Lyrisme échevelé, chant fiévreux, sens de l'interprétation rare, superbe pochette, joli minois et regard de braise : Anna Calvi dispose d'une puissance de séduction peu commune. La chanteuse fait des merveilles avec trois fois rien, les arrangements étant cantonnés au strict minimum. Elle frappe un grand coup avec ce premier effort qui, bien que contemplatif, n'accuse paradoxalement presque aucun temps mort : tension à chaque recoin, captivant du début à la fin. Pour Anna Calvi, future grande, le plus dur reste à venir : confirmer. Mais quoi qu'il advienne, on n'oubliera pas ces débuts grandioses.

Lire l'article sur Froggy's Delight.

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