samedi 5 mars 2011

Interview HushPuppies - extraits (21 Février 2011)


A l'occasion de la sortie de leur dernier album The Bipolar Drift, HushPuppies nous reçoit pour une interview chez GroundZero, le magasin de disques indépendant du batteur.

Il s'est écoulé quatre ans depuis la sortie de Silence Is Golden (2007). Que s'est-il passé pour vous entre les deux albums, mis à part la tournée ?

Cyrille (guitare) : Quatre ans ? ça fait si longtemps que ça ?

Olivier (chant) : Eh ouais, ça ne nous rajeunit pas. Pour nous, le temps de gestation est à peu près de quatre ans puisqu'on est cinq.

Le temps de se mettre tous d'accord ?

Cyrille (guitare) : C'est à peu près une année par musicien en fait.

Olivier (chant) : En fait depuis la sortie de Silence Is Golden, on a fait la deuxième tournée, ce qui nous a quand même pris un an et demi. On n'a commencé à composer le troisième album qu'après. Du coup ça ne fait plus quatre ans, mais déjà deux ans et demi. On a aussi dû chercher un autre label parce que celui où on était s'est cassé la gueule. Ça nous a pris du temps et au final on s'est rendu compte qu'on n'était jamais mieux servis que par soi-même. On a donc auto-produit l'album.

Ça n'a pas été trop compliqué de trouver une nouvelle maison de disque ?

Olivier (chant) : En fait on a trouvé une licence, pas une maison de disque.

Cyrille (guitare) : Elle fait la distribution, la promo, le développement de l'album, ce genre de choses.

L'album s'ouvre sur une longue plage presque progressive qui est en fait trois morceaux en un. Je trouve qu'elle résume bien les différentes facettes de Hushpuppies.

Cyrille (guitare) : C'est assez représentatif, effectivement, je pense que tu as raison. La première partie aurait même pu devenir une chanson.

Olivier (chant) : Voire même un single.

Cyrille (guitare) : A un moment, on a pensé à développer du chant dessus et faire partir la chanson dans une autre direction. Mais on avait envie de ce côté progressif. On n'aime pas trop le terme parce que c'est souvent assimilé à une scène dans laquelle on ne se reconnait absolument pas. Mais j'entends progressif dans le premier sens du terme : un morceau qui peut, à partir de quelque chose assez basique, évoluer dans des directions complètement différentes.

Olivier (chant) : Ce morceau, on l'a voulu comme ça et en ouverture de l'album parce qu'il y a ce côté progressif qui ouvre sur une plage complètement pop à la Beatles, et ça nous correspond bien. Le côté rock, le côté un peu plus électro/expérimental au milieu et le côté pop à la fin, c'est vrai que ça nous résume bien.

Cyrille (guitare) : Le titre de l'album (ndA : "The Bipolar Drift", soit "la dérive bipolaire" en français) nous rappelle ça : on a essayé de faire cohabiter sur ce disque à la fois notre amour pour la pop et ses formules efficaces avec des plages plus expérimentales et des recherches dans le son. Pour nous c'était évident d'ouvrir avec cette chanson car ça posait les bases de l'album.

Ce nouvel album sonne plus contrasté que les deux précédents. Mis à part "Stop", "A Dog Bay", " Twin Sisters" ou "Frozen Battle", c'est un disque plus calme que les deux premiers. On est moins dans l'urgence, il y a plus d'espace, c'est plus contemplatif.

Olivier (chant) : C'est vrai que de fait on était moins dans l'urgence parce qu'on a pris plus de temps pour écrire et enregistrer les morceaux. On a pris le temps pour y réfléchir et le fignoler.

Les compositions vous ont-elles entraînés dans cette voie ou aviez-vous d'emblée la volonté de faire quelque chose de plus doux ?

Cyrille (guitare) : On ne voulait pas forcément faire quelque chose de plus doux, mais on voulait vraiment apporter une nouvelle couleur à cet album par rapport aux précédents. Certes, de par le temps que l'on a mis à enregistrer ce disque, certaines chansons ont mis plus de temps à arriver à maturité. Mais contrairement aux autres albums, on a écrit beaucoup de chansons, dont une bonne partie a été mise de côté alors qu'elles étaient quasi abouties. Mais elles ne correspondaient pas à ce vers quoi on voulait tendre, elles sortaient de la couleur de l'album. On ne voulait pas de toute façon rester dans le rock assez facile et efficace des deux premiers albums.

The Bipolar Drift donne l'impression que vous avez cherché à élargir votre palette sonore. C'est particulièrement flagrant au niveau du clavier.

Wilfried (clavier) : A chaque album on essaie de se remettre en question. Sur le troisième on voulait proposer quelque chose de plus abouti et qu'on n'avait pas encore fait.

Franck (batterie) : Et puis surtout, c'est le premier disque qu'on a fait avec un réalisateur. Il a apporté sa touche à cet album. Sur les deux premiers, on a enregistré juste avec un ingénieur du son. Il avait très bien bossé d'ailleurs, mais là le producteur est vraiment rentré dans la structure et la texture des morceaux. Il a apporté des sons de guitare et de clavier qu'on n'utilisait pas auparavant.

Wilfried (clavier) : Il a introduit le chorus, le delay à foison...

Franck (batterie) : Des claviers qu'on n'aurait jamais pensé utiliser... Le fait de choisir un réalisateur, c'était vraiment dans ce but là. On s'est dit que sans cette oreille extérieure, nos compos sonneraient trop "Hushpuppies" alors qu'on voulait faire quelque chose de différent.

Cyrille (guitare) : On voulait s'éloigner des étiquettes qu'on nous collait, du coup on a pris le contre-pied de certaines de nos habitudes sonores. Le simple fait d'utiliser un nouveau synthé, ça amène à une nouvelle façon de composer.

Wilfried (clavier) : Même dans le traitement des guitares et des claviers, on a introduit un delay qu'on n'utilisait pas avant. Donc même avec les mêmes instruments qu'avant mais traités différemment, ça apporte une couleur complètement différente. Sur le premier album, il n'y avait pas de réverb, rien. Deuxième un peu de réverb. Troisième réverb et delay.

Olivier (chant) : Il y a quand même toujours eu du delay sur ma voix...

Wilfried (clavier) : On s'est permis des choses auxquelles on n'aurait pas pensé il y a 6 ans.

Cyrille (guitare) : Le simple fait d'aller chercher un réalisateur, c'était une façon de se mettre en danger par rapport au son qu'on avait l'habitude d'utiliser. On savait en choisissant ce réalisateur qu'il allait nous tirer vers des sonorités nouvelles.

Franck (batterie) : C'est sûr que ce n'est pas drôle de faire le même disque à chaque fois.

Du coup c'est vrai qu'on trouve des morceaux étonnants sur l'album : "Zero One" et "Twin Sister" font très new wave, alors que "Every Night I Fight Some Giant" fait beaucoup penser à Zero 7.

Wilfried (clavier) : En fait, le premier album de Zero 7 a été très présent pour nous quand il est sorti, bizarrement.

Franck (batterie) : On est quand même des grands fans de Air. Si tu écoutes le début de "Down, Down, Down" sur le deuxième album, ça fait très Air. Il y a quand même des prémices sur nos précédents albums, sur des intros ou des fins de morceaux. Mais effectivement on n'avait jamais osé pousser l'idée jusqu'au bout, on a essayé cette caisse claire à la Virgin Suicides...

Wilfried (clavier) : De même sur "Frozen Battle", on assume ce côté dansant.

Franck (batterie) : "Zero One", tu dis que ça fait new wave, mais c'est le premier mroceau où on utilise une boîte à rythme.

Wilfried (clavier) : Et puis les synthés sont très années 80, avec un son bien caractéristique.

Cyrille (guitare) : Pour revenir à "Twin Sister", on ne l'a pas du tout écrit comme un morceau new wave, on ne l'a pas fait consciemment. On a d'ailleurs hésité à l'insclure dans l'album, on se demandait si ça collerait avec les autres titres.

Franck (batterie) : En fait, on ne s'est rien interdit. Par exemple un son de clavier 80's qu'on aurait refusé d'emblée il y a quelques temps, là on l'utilise si ça sert le morceau.

Cyrille (guitare) : On n'a pas eu non plus la logique de se demander si ça serait faisable en live ou si les gens allaient aimer. Le but était de pousser nos idées le plus loin possible.

Wilfried (clavier) : Quitte même à revenir parfois en arrière, voire carrément zapper certaines chansons.

Olivier (chant) : Il y a aussi deux morceaux où les refrains fonctionnaient bien, on en a fait des couplets et on a retrouvé d'autres refrains. C'est le genre de choses qu'on ne faisait pas avant.

Parlons de "You're Gonna Say Yeah !". Le titre a été utilisé dans Guitar Hero. Vous vivez ça come une reconnaissance ?

Franck (batterie) : Oui, on est super contents.

Wilfried (clavier) : C'est une belle visibilité.

Olivier (chant) : Et puis savoir qu'un mec au fin fond du Texas joue "You're Gonna Say Yeah !", c'est incroyable. Sans ce jeu vidéo, on n'aurait pas pu toucher certaines personnes. Même si ça ne nous a pas fait vendre des milliers d'albums, c'est génial de savoir qu'on est dans le salon d'un gamin quelque part dans le monde.

Cyrille (guitare) : Soyons honnêtes, la manière de diffuser la musique est aujourd'hui de plus en plus réduite. On a assez peu d'accès aux médias habituels, donc toucher d'un coup des gens qu'on n'aurait jamais touchés autrement, ce n'est que du bonheur.

Lire l'interview complète sur Froggy's Delight.

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