dimanche 28 mars 2010

Gorillaz "Plastic Beach"

Jusqu'ici (mis à part un album inégal avec The Good, The Bad & The Queen en 2007), la discographie de Damon Albarn (Blur, Gorillaz) frise la perfection. Demon Days, la précédente livraison de Gorillaz, avait placé la barre très haute. Trop haute sans doute, car la comparaison est rude pour ce Plastic Beach bien en deçà de nos espérances.

Malgré l'immense succès des deux premiers albums de Gorillaz, Albarn garde la tête froide et ne verse pas dans la surenchère. Il continue son petit bonhomme de chemin, à la recherche de la pop la plus cool du monde. On retrouve donc les ingrédients habituels sur Plastic Beach : invités de marque (Snoop Dogg, Bobby Womack, Lou Reed, Mos Def, De La Soul, Mark E. Smith, Mick Jones, Paul Simonon), production rutilante et efficace, sonorités diverses, brassage des genres (pop, hip-hop, dub, reggae et electro sont passés dans un mixer géant). Mais la formule qui enchantait sur Demon Days ne fonctionne plus que par intermittence. Échoué sur son île déserte, l'unique rescapé Murdoc se la coule douce et livre un Plastic Beach certes décontracté mais en pilote automatique. On a beau chercher, on n'y trouve aucun "Clint Eastwood" ou "Dare".

La belle mécanique de Gorillaz semble donc grippée. La moitié des titres du disque peine à susciter un réel intérêt et l'album ne décolle jamais vraiment. Sur Demon Days, même les morceaux les moins passionnants attiraient l'attention ("November Has Come", "White Light"). Cinq ans après, c'est l'inverse : les meilleurs passages du disque ("Stylo", "Empire Ants", "Plastic Beach", "Some Kind Of Nature", "Glitter Freeze", "To Binge") comportent eux aussi leurs lots de ratés.

Plastic Beach, d'obédience hip-hop, est un disque mou du flow, paresseux. La pléiade d'invités n'y change rien et ne fait surtout pas oublier le charme incomparable de la voix de Damon Albarn, dont la sensibilité fait mouche même sur des titres moyens ("On Melancholy Hill", "Broken") et tire les meilleures compositions vers le haut ("Stylo" "Empire Ants", "Plastic Beach", "To Binge"). Quant aux rythmiques, effets électroniques et gimmicks autrefois passionnants, ils tournent désormais régulièrement dans le vide.

On ne trouve donc rien de bien excitant sur cette île recouverte de plastique. Après deux décennies passées en éclaireur, Damon Albarn nous déçoit pour la toute première fois. Espérons que cette soudaine baisse de créativité de l'une des figures les plus marquantes de ces vingt dernières années ne soit qu'une passade.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight
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Le myspace de Gorillaz.

Découvrez la playlist Gorillaz

samedi 27 mars 2010

Lilly Wood & The Prick "Lilly Wood & The Prick EP"




Lilly Wood & The Prick, jeune duo français, présente comme principal fait d'arme d'avoir participé à la dernière édition de Rock en Seine (sélection Avant-Seine 2009). Pour sympathique qu'il fût, leur passage ne nous avait pas franchement marqué. Il en va de même de ce 6-titres de bonne facture, qui se laisse écouter sans jamais nous donner non plus envie de sauter au plafond.

Lilly Wood, c'est avant tout une voix qui a du caractère et une belle présence. The Prick, ce sont des arrangements oscillant entre pop électronique et folk rustique. Le principal problème de leur formule, c'est le manque d'originalité et de profondeur de leurs compositions. Le single "Down The Drain" sonne comme du Phoenix sous sédatif. "Water Ran", sympathique rengaine trip-hop, ressemble trop à du Morcheeba pour être vraiment prise au sérieux. "This Is A Love Song" est le titre le plus intéressant de cet EP. Le duo s'y dévoile enfin un peu et délivre une chanson plus habitée, dans la lignée des excellents She & Him. "Go Slow" (imitation trop évidente de Cat Power) et "Little Jonny" (tentative de gospel folk), jolies mais trop linéaires, ne retiennent pas plus que ça notre attention.

Lilly Wood & The Prick proposent donc une pop gentillette et inoffensive, à l'image de cette reprise stérile de "L.E.S. A.R.T.I.S.T.E.S", qui n'apporte rien à la version de Santigold. L'ensemble manque également d'énergie : leur musique suit son train-train et ne décolle jamais vraiment. Attendons d'écouter leur album (à sortir prochainement) pour émettre un jugement plus définitif. Mais Lilly Wood & The Prick n'arrive pas pour l'instant au niveau des Gush, auteurs récemment d'un album que l'on vous recommande plus que chaudement.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.

Le Myspace de Lilly Wood & The Prick.

mardi 23 mars 2010

Peter Gabriel (Palais Omnisports de Paris Bercy, 22 Mars 2010)

Peter Gabriel ne pourra pas être accusé de publicité mensongère : "Orchestra, No Drums, No Guitars", les choses sont on ne peut plus claires. Sorti il y a quelques semaines, Scratch My Back, lénifiant nouvel album constitué de reprises enregistrées "sans guitare et sans batterie", avait annoncé la couleur. La soirée fût à son image : terne et triste. Avec ce concept risqué de spectacle exclusivement orchestral, Peter Gabriel se prend sérieusement les pieds dans le tapis. Même ses meilleurs compositions, vidées de leur substance, n'en sortent pas indemnes.

Comme un pied de nez, ou pour mieux marquer le caractère particulier du concert de ce soir, l'orchestre se lance dans les premières mesures de "Sledgehammer". Peter Gabriel l'arrête très vite, annonçant que la première partie du spectacle serait consacrée à Scratch My Back, joué dans son intégralité. Logique et prévisible, mais on attend avec crainte la suite.

Pendant un peu plus d'une heure, nous écoutons donc sagement (et dans l'ordre) les douzes titres de Scratch My Back. L'espace de deux chansons ("Heroes" de David Bowie et "The Boy In The Bubble" de Paul Simon), on y croit. On se dit que finalement, peut-être Peter Gabriel est-il capable de transcender ce projet en live. L'orchestre qui s'élève progressivement, la voix profonde de l'ange Peter : à défaut de magie, l'alchimie se révèle plutôt séduisante. On ressent même de légers frissons lors de la montée finale de "Heroes" et le début de la touchante "The Boy In The Bubble". Puis, plus rien. Peter Gabriel nous guide ensuite vers des rivages d'un ennui profond.

Mis à part le crescendo spectaculaire de "My Body Is A Cage", rien ou presque ne nous sortira de notre torpeur. Bercy paraît bien vide et amorphe, mais Peter Gabriel ne nous aide pas vraiment : planté sur le côté gauche de la scène, immobile, les yeux rivés sur son prompteur, chantant d'une voix retenue, il laisse à l'orchestre le soin de jouer le premier rôle. Pour compenser la glaçante immobilité de l'ensemble, les écrans géants diffusent des visuels et jeux de lumière parfois réussis, mais souvent cheap et guère passionnants. Les arrangements de cordes ne sont pas non plus toujours très digestes. L'abattement est à son comble sur "Street Spirit" (une des plus belles chansons de Radiohead et dernier titre de Scratch My Back), qui finit de plomber l'ambiance.

Après vingt bonnes minutes passées à se persuader que la suite ne peut être que meilleure, la deuxième partie commence avec "San Jacinto". On n'est pas vraiment plus emballés, mais on contemple le très beau jeu de lumière de Peter Gabriel, qui tient dans sa main un miroir envoyant un faisceau lumineux dans le public. Avec "Downside Up", on entend enfin un titre plus entraînant. Le public en profite pour taper dans ses mains. Le lancement de "Digging In The Dirt" sera ensuite un grand moment de flou artistique. La cause : un problème informatique. Le chanteur comble comme il peut, expliquant que c'était prévu et qu'ils sont en train de jouer une pièce de théâtre nommée "le grand fuck off". On apprécie le refrain ("This time, you've gone too far") autant que le reste nous laisse parfaitement indifférent.

Cette deuxième partie suscite certes plus d'intérêt que la soporifique entame du concert. Le spectacle est plus vivant, le public répond présent, on sent Peter Gabriel un peu plus à son aise. Mais malgré quelque beaux moments ("Darkness", "Solsbury Hilll" où le public chante à tue-tête le refrain : "Go, go, go !", la fin de "The Rythm Of The Heat"), l'ensemble manque cruellement de mordant. L'anglais nous donne à écouter deux heures d'une pop orchestrale souvent quelconque. Alors que le public réclame un rappel, la voix de Youssou N'Dour se fait entendre. Le duo avec Peter Gabriel sur "In Your Eyes" fait des étincelles : il en résulte un superbe échange vocal. "Don"t Give Up", bien qu'un peu trop sucré à notre goût, s'impose comme un moment émouvant. Puis Peter Gabriel s'avance, annonce "quelque chose pour dire bye bye" et s'installe au piano pour "Low Light", clôturant ainsi une bien décevante soirée.

Malgré le bilan négatif, on comprend la démarche de l'artiste, cette volonté de revenir à plus de simplicité. Peter Gabriel aurait-il péché par orgueil ? Celui-ci semble en effet faire trop confiance à ses morceaux. Le problème est simple : le principal intérêt de ceux-ci se trouve dans les rythmiques et les arrangements foisonnants, dont rien ou presque ne subsiste dans ces versions orchestrales qui se veulent pourtant recherchées.

Setlist : 01 Sledgehammer (quelques secondes) / PART I : Scratch My Back / 02 Heroes (David Bowie), 03 The Boy In The Bubble (Paul Simon), 04 Mirrorball (Elbow), 05 Flume (Bon Iver), 06 Listening Wind (Talking Heads), 07 The Power Of The Heart (Lou Reed), 08 My Body Is a Cage (Arcade Fire), 09 The Book Of Love (The Magnetic Fields), 10 I Think It's Going To Rain Today (Randy Newman), 11 Après Moi (Regina Spektor), 12 Philadelphia (Neil Young), 13 Street Spirit (Fade Out) (Radiohead) / Interlude / PART II / 14 San Jacinto, 15 Downside Up, 16 Digging In The Dirt, 17 Wallflower, 18 Signal To Noise, 19 Washing Of The Water, 20 Blood Of Eden, 21 The Rythm Of The Heat, 22 Darkness, 23 Solsbury Hill / Rappel / 24 In Your Eyes (avec Youssou N'Dour), 25 Don't Give Up, 26 Low Light.

Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.

Le Myspace de Peter Gabriel.

lundi 15 mars 2010

Jacques Higelin (La Cigale, 14 Mars 2010)

Dans la famille Higelin, je voudrais le père ! Ces dernières mois, de succès critiques en Victoires de la Musique, la progéniture a eu tendance à faire passer le patriarche au second plan. Non content d'avoir sorti le mois dernier un nouvel album unanimement et justement acclamé (Coup De Foudre), le grand Jacques accompagne son splendide come-back d'une résidence à la Cigale pour une semaine.

Dimanche oblige, c'est en pleine journée que l'on est conviés à applaudir Monsieur Higelin Boulevard Rochechouart. Le dernier de ses concerts à La Cigale débute sur un air de Duke Ellington, interprété de main de maître par un trio de cuivre qui nous épatera tout l'après-midi. Suivant de près ses cinq autres musiciens (guitare, basse, percussions, batterie, clavier), Higelin arrive, tout sourire, cheveux blancs parfaitement décoiffés. Sur "Coup De Foudre", splendide titre pop et morceau d'ouverture éponyme du dernier disque, le chanteur fait jaillir le refrain de ses tripes : "Je t'aiiiime" ! On aura appris au moins une chose aujourd'hui : le talent aidant, il est parfaitement possible de chanter ces mots sans avoir l'air immédiatement ridicule. "J'ai Jamais Su" et "New Orleans" viennent ensuite confirmer que Coup De Foudre (qui se taille la part du lion dans la setlist) est un grand cru. Le concert commence sous les meilleurs auspices, même si la semaine passée à La Cigale a visiblement laissé des traces sur les cordes vocales du chanteur.

A presque 70 ans, le barde fantasque rayonne sur scène et met tout son cœur à l'ouvrage. Il nous gratifie de moments de loufoquerie dont il a le secret : avant de se lancer dans "Paris - New York , New York - Paris", il prend le temps de nous réciter "La Cigale et La Fourmi" de Jean De La Fontaine dans la peau d'un écolier en culotte courte. Le titre et l'auteur de la fable sont répétés inlassablement avec la diction d'un gamin de 8 ans qui cherche à gagner du temps face à sa maîtresse. L'intermède se termine par une confusion volontaire avec "Le Corbeau et Le Renard". La salle est hilare. Un peu plus tard, il stoppe son groupe en plein couplet d' "Août Put" et se lance dans un numéro de chef d'orchestre grandeur nature : c'est le public qui chantera le truculent refrain ("Gourdoooon, Alpes-Maritiiiimes, dont le donjon culmiiiine à 2 500 pieeeeds du niveaaaau de la meeeer Méditeeee...rrranée"). La Cigale s'improvise en chorale géante, d'abord timidement, puis à pleins poumons devant les exhortations du chanteur.

Jacques Higelin qui, avec sa voix éraillée et son personnage insaisissable, évoque un Tom Waits francophone ("Kyrie Eleison"), poursuit son tour de chant avec "Cigarette" et "Champagne", passant de la guitare au piano. L'enchaînement de ces deux splendides morceaux s'impose comme le moment phare du concert. "Champagne", dans une version réduite à l'essentiel (piano-voix-percussions), est étourdissante. L'émotion est à son comble et Higelin reçoit une ovation méritée.

Après un "Bye Bye Bye" country et de circonstance, Higelin présente ses musiciens (mention spéciale à l'excellent Alice Botté à la guitare et à l'étrange Dr Dominique Mahut aux percussions, que le chanteur présente comme un alien venu d'une autre planète et recueilli par la troupe) puis se retire. Cinq bonnes minutes (et des tonnerres d'applaudissement) plus tard, tout ce petit monde regagne la scène et entame le rappel par "Crocodaïl", titre étrange et funky du précédent album (Amor Doloroso), aux jeux de mots encore une fois savoureux. Voix grave, diction bancale et paroles susurrées, Higelin y campe un double crédible de Gainsbourg.

Mais l'événement de cette fin de concert reste cette magnifique version reggae de "Pars". L'interprétation pleine de fraîcheur donne une seconde vie au morceau, qui se retrouve carrément dynamité lorsqu'Izïa - fille de - monte sur scène pour partager le micro. Qu'on aime ou pas le disque de la petite, il faut être sourd pour ne pas se rendre compte qu'elle dispose d'une voix époustouflante. A seulement 19 ans, elle possède une qualité réservée aux grands interprètes : dès qu'elle chante (avec une ferveur rare), il se passe quelque chose. Charisme naturel, fougue incomparable et capacités vocales extraordinaires : ne lui reste plus maintenant qu'à écrire de vraies bonnes chansons.

L'épilogue de ce spectacle plein d'entrain nous apprend que papa est incroyablement fier de sa fille et n'aime pas les empêcheurs de tourner en rond. On se fait des bisous à tout va, on s'enlace, on se dit plein de choses gentilles à l'oreille. Même si un peu long, ce bonheur fait plaisir à voir. D'autant que du bonheur, il y en a à revendre dans le public après ce concert jubilatoire.

Setlist : 01 Coup De Foudre, 02 J'ai Jamais Su, 03 New Orleans, 04 Mona Lisa Klaxon, 05 Kyrie Eleison, 06 Qu'est-ce Qui Se Passe A La Caisse ? / Intermède "La Cigale et La Fourmi" / 07 Paris - New York, New York - Paris, 08 Cigarette, 09 Champagne, 10 Egéries, Muses et Modèles, 11 Août Put + Chorale "Gourdon, Alpes Maritimes...", 12 Bye Bye Bye / Rappel /13 Crocodaïle, 14 Pars (avec Izïa).

Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight.



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samedi 13 mars 2010

General Elektriks (Bataclan, 12 Mars 2010)

Forts d'une reconnaissance toute nouvelle et d'un buzz grandissant (tous deux amplement mérités), le français Hervé Salters et sa troupe de General Elektriks prennent d'assaut le Bataclan ce soir, bien décidés à justifier leur réputation d'excellent groupe de scène.

Béret vissé sur le crâne, c'est Chapelier Fou (Louis Warynski à la ville) qui se charge de nous faire patienter avec son curieux univers musical. Timide dès qu'il s'agit de remercier le public entre deux morceaux, il vit intensément sa musique lorsqu'il la joue. Les premières impressions, plutôt bonnes, vont en sa faveur. Ses longues et plannantes variations électro, construites - à la façon d'un Andrew Bird synthétique - à partir de samples de violon réalisés en direct, suscitent l'intérêt à défaut d'un réel enthousiasme. Les titres, emprunts d'une certaine mélancolie (on pense régulièrement à un Yann Tiersen 2.0 ou à Sebastien Schuller, mais sans la même verve lyrique), proposent un empilement de couches sonores successives. L'ensemble, pourtant bien ficelé et sortant des sentiers battus, manque de diversité et s'avère souvent trop chargé. On patiente alors sagement en sirotant notre bière.

Désormais copieusement garni, le Bataclan voit surgir des coulisses General Elektriks au complet. Après un instrumental rugissant, les 5 musiciens tirent leur première salve : "Take Back The Instant", titre d'ouverture du dernier album, syncopé et énergique. On peine à entendre le clavier d'Hervé Salters, mais la débauche d'énergie est telle qu'on ne s'en soucie pas outre mesure. Ce dernier, porté par un groupe ultra carré, saute comme un fou derrière son instrument.

Rayon vestimentaire, mention spéciale au bassiste Jesse Chaton, qui déroge à la sobriété de mise chez les quatre autres membres du groupe (chemise-cravate et habits sombres). Réputé pour son exubérance et affublé d'une imposante coupe afro, le chanteur de Fancy offre à nos yeux un accoutrement rouge clinquant et sexy en diable. Toute la soirée, lui et Hervé Salters cristalliseront tous les regards. Le charisme des deux hommes s'impose comme une évidence : démonstratif pour le bondissant chanteur/pianiste Hervé Salters - qui se déchaîne sur son clavier et bondit avec une intensité telle qu'il ferait presque passer Mathias Malzieu de Dionysos pour un croque-mort -, poseur, félin et théâtral pour Jesse Chaton.

On constate avec plaisir que les titres de l'impeccable Good City For Dreamers (dernier disque de General Elektriks, sorti il y a un an) gardent tout leur charme en live. Ce qu'ils perdent en exactitude, ils le gagnent en puissance. Alternant entre morceaux du premier album, chansons inédites présentes sur le disque bonus de Good City... et tubes de ce dernier, la setlist laisse peu de moments de répit. On ne sait où donner de la tête : le guitariste tisse des cocottes à tout va, le batteur à crête d'iroquois fait des merveilles au vibraphone, la batterie électronique tambourine, la basse rebondit dans tous les sens, et Hervé Salters donne l'impression d'avoir quatre mains au clavier.

Tout ce petit monde se déchaîne sur "Helicopter", pure décharge rock & roll qui fait son effet sur le public. Sur "Engine Kickin' In", le chanteur nous gratifie une nouvelle fois d'une partie de clavier impressionnante. Après une brillante relecture du Melody Nelson de Gainsbourg, General Elektriks nous laisse reprendre nos esprits le temps d'un "Rebel Sun" à la fin intense.

La fin du set n'est qu'une successions de titres à l'efficacité implacable : la très belle "Little Lady", "Raid The Radio" reprise par toutes les lèvres dans la salle et interprétée de façon prodigieuse, l'irrésistible bombe funky "David Lynch Moment", et pour finir "Tu M'intrigues", un des titres phares du premier album (Cliquety Kliqk, 2003) où les doigts d'Hervé Salters sont une nouvelle fois insaisissables.

Les rappels, quoi que trop hachés (à trois reprises les cinq musiciens reviennent pour jouer un seul titre puis sortent de scène), confirmeront notre opinion : General Elektriks, c'est de la dynamite ! La nouvelle et très réussie "Down", la poétique "Bloodshot Eyes", et surtout "Take You Out Tonight" au riff de clavier ravageur clôturent en beauté cette remarquable soirée.

Deux bémols cependant : une petite tendance à transformer les éblouissants solos de clavier en démonstrations de force, et un chant pas vraiment à la hauteur. Ce qui est toutefois bien trop peu pour ternir la soirée : General Elektriks nous a offert un concert survolté. Avis aux personnes qui ont eu la mauvaise idée de ne pas être présentes au Bataclan ce soir : on ne serait que trop vous conseiller de vous ruer sur les quelques billets restants pour leur passage le 3 Mai à l'Olympia...

Lire également la chronique du concert sur Froggy's Delight
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Le myspace de General Elektriks.

mercredi 10 mars 2010

Converts à venir... Avril 2010

Micky Green le 6 Avril à La Cigale et le 3 Avril au Plan (Ris-Orangis - 91)
La Maison Tellier le 6 Avril au Café De La Danse
Howard Hughes le 6 Avril au Salon Musical de St Eustache
Jil Is Lucky le 7 Avril à La Cigale
Absynthe Minded le 7 Avril au Nouveau Casino
Revolver le 10 Avril au Rack'an (Brétigny-sur-Orge - 91) et le 17 Avril à l'EMB Sannois
Hindi Zahra le 10 Avril au Plan (Ris-Orangis - 91)
Wild Beasts le 15 Avril à La Maroquinerie
Blood Red Shoes le 15 Avril au Nouveau Casino
Hey Hey My My (avec Revolver) le 17 Avril à l'EMB Sannois (95)
The Besnard Lakes le 19 Avril au Bus Palladium
Midlake le 20 Avril au Bataclan
Mika les 26 et 27 Avril au Palais Omnisports de Paris-Bercy
Brian Jonestown Massacre le 27 Avril au Bataclan
Nada Surf le 28 Avril au Trabendo
K's Choice le 28 Avril au Bataclan
Efterklang le 28 Avril au Nouveau Casino
She & Him le 29 Avril à l'Alhambra
Eli "Paperboy" Reed & The True Loves le 29 Avril au Nouveau Casino
Tuung le 30 Avril à La Maroquinerie

jeudi 4 mars 2010

Two Door Cinema Club "Tourist History"





Moins prétentieux que Bloc Party, moins surcotés que Foals, moins boursouflés qu'Editors, plus insouciants que Franz Ferdinand : en ce début d'année, Two Door Cinema Club débarque à grand raffut dans le paysage rock international. Alors, quid de ces jeunes pousses (signées sur le label français Kitsuné et dont le disque a été mixé par Philippe Zdar dans son studio parisien) : réjouissante découverte ou énième pseudo-révélation à durée de hype limitée ?

Même si les jeunes irlandais ne sont pas non plus les rois du pétrole, on pencherait plutôt pour la première solution. Tourist History est un disque pétillant, pétaradant et sautillant, où les rockers en herbe se jètent sans retenue dans la bataille. Ils affichent crânement l'insouciance et l'énergie de leur jeunesse. Leur musique offre un feu d'artifice post-punk certes pas toujours des plus subtils, mais régulièrement jubilatoire.

Le hic - car il y en a toujours un - c'est que les chansons ne sont pas toutes à la hauteur. Certains titres s'avèrent imparables ("Come Back Home", "Do You Want It All ?" et surtout "Undercover Martyn"), mais passée l'énergie contagieuse des premières écoutes, le disque s'essouffle quelque peu. Tourist History ne passera donc pas à la postérité, mais est suffisamment entraînant et séduisant pour que l'on y passe un bon moment. Le retour de buzz sera sans doute rude pour Two Door Cinema Club, mais ils démontrent avec ce premier album qu'ils méritent qu'on les suive de près.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.

Le Myspace de Two Door Cinema Club.


Découvrez la playlist Two Door Cinema Club

mercredi 3 mars 2010

Eldia "Ya Ya Ya"





Belle petite entreprise qu'Eldia, groupe parisien à consonance ibérique mais d'obédience bien anglo-saxonne. Ya Ya Ya, leur second album, est un bel objet pop. Tout sauf une surprise : vus lors de premières parties enthousiasmantes pour Hushpuppies ou Hey Hey My My, les français ont commis voilà trois ans un galop d'essai enthousiasmant et injustement passé inaperçu (And All The People On The Ship Say Land Ho).

Depuis, ils ont semble-t-il passé du temps à rechercher la formule pop parfaite. Vaste programme. Si Ya Ya Ya se situe dans la même veine que le précédent opus, on sent une volonté d'aller plus loin, d'apporter des arrangements et des structures plus complexes. Tout ne s'avère pas parfait, mais le résultat est séduisant.

On ne peut enlever à Eldia leur bon goût. Les gaillards connaissent leur rock 60's sur le bout des doigts. On ne s'étonnera donc pas de voir invoqués régulièrement les fantômes des Kinks et des Beatles (entre autres). Ce qui est certes plaisant mais soulève un vrai problème : Eldia a-t-il un style qui lui est propre ?

L'efficacité mélodique de leurs titres s'impose comme une évidence. Il est difficile de rester insensible à des morceaux comme "If You Come Again", "Favorite Murderer" ou "Ya Ya Ya". Mais loin de céder à la facilité, ils ajoutent par-ci par-là un petit grain de folie et d'imprévu qui surprend et ajoute du cachet à l'ensemble. On pense notamment à "Kenneth Anger Satanic Blues", rencontre improbable entre un Kasabian sous acides et la guitare de Jonny Greenwood. On apprécie également "On The Top Of The Cliff", qui sonne comme une longue jam psychédélique, ou "Stromboli", intermède sucré et mélancolique et seule chanson apaisée du disque.

Dans la lignée d'autres formations hexagonales (Hey Hey My My, Pacovolume, Revolver), Eldia fait souffler un air frais sur le rock français chanté en anglais. Ya Ya Ya fourmille de bonnes idées qui demandent à être approfondies. Pour l'instant, Eldia signe juste un très bon disque. Que leur manque-t-il, alors ? Un démarquage plus clair avec leurs influences, une palette sonore encore plus riche et quelques compos un peu plus solides. Mais Eldia est sur la bonne voie : l'esprit et l'envie sont là et Ya Ya Ya est suffisamment réjouissant pour que l'on ne fasse pas la fine bouche.

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.



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