mardi 29 juin 2010

Solidays J2 : "On ira tous à Paradis" (26 Juin 2010)

Festival couvert pour Froggy's Delight.

"Une personne handicapée s'est faite voler sa béquille, merci de la rapporter le plus vite possible. Si vous voyez une béquille rouge, rapportez-la au micro de toute urgence". Il s'en passe des belles, à Solidays... Radio Camping. C'est vrai, on l'avait oubliée celle-là ! Comme si la chaleur étouffante ne suffisait pas à nous extirper de nos tentes, les enceintes du camping balancent dès 9h du matin Muse, Black Eyed Peas, David Guetta et consorts, entrecoupés d'annonces souvent hilarantes de festivaliers : "On voudrait savoir s'il était possible que vous annonciez les titres de Bob Marley en avance, histoire qu'on ait le temps de rouler ?", "Spéciale dédicace à tous les Nantais, Nantes la vraie capitale de la Bretagne !".

Après un début d'après-midi passé à chercher de l'ombre et à roupiller, nous entamons cette deuxième journée par une visite du site : village des associations, manèges, scène France 4, stand des produits laitiers, boutique Solidays. Alors qu'une queue monstre patiente sous le soleil pour le saut à l'élastique, nous prêtons une oreille au groupe afro Fanga, qui envoie du jus sur la scène Bagatelle. Rythmes syncopés et improvisations inspirées : Fanga est une bonne introduction à la venue demain de Femi Kuti.

"On ira tous à Paradis" semble être le dicton du jour : impossible en effet d'approcher à moins de 100 m du Dôme, là où Madame Depp se produit. Une grande scène aurait été plus judicieuse. Tant pis pour Joe (le taxi). On en profite pour se faufiler sous la scène Domino et attendre Jil Is Lucky (au détriment des BB Brunes, qui s'agitent sur la grande scène, à l'autre bout du festival). La formation de Jil Bensénior est un des groupes français les plus en vogue actuellement. Leur premier album sorti l'an dernier a connu un joli succès d'estime, et Jil Is Lucky s'est taillé une excellente réputation en écumant les salles de concert et les scènes de festival. On les retrouvera notamment au Casino de Paris en décembre prochain, signe que le bouche à oreille fonctionne bien. Quid du concert ? Habile, Jil Is Lucky fait un strike : son folk tzigane décalé fait mouche et ravit les spectateurs entassés sous le chapiteau. Tour à tour entraînant et touchant, enjoué et mélodique, l'univers coloré de Jil Is Lucky séduit.

Séduction, le nom colle bien à Hindi Zahra, dont le chant sensuel et habité ferait fondre le plus glacé des cœurs. Déjà testée et validée (en avril dernier au Plan), la prestation scénique de la franco-marocaine est un régal. Malgré des problèmes de larsens et un son médiocre, elle parvient sans difficulté à envoûter le chapiteau de sa voix mélancolique. Chacune de ses apparitions nous convainc un peu plus qu'Hindi Zahra est une future grande dame.

Après un tour au "bout du monde" (havre de paix ombragé et paradis du sandwich à la raclette) puis un remplissage des bouteilles vides au stand de l'eau de Paris, nous retournons sous le Dôme pour écouter Jamie Lidell des jeunes. Affublé d'un t-shirt "The End", l'anglais mène son affaire de main de maître. Très à l'aise et doté d'une voix fantastique, il produit ce qui reste comme l'un des tous meilleurs spectacles de ce festival. Les titres du complexe mais excellent nouvel album (Compass) mettent plus de temps à charmer le public, mais à chaque extrait de Jim (son précédent disque, sorti il y a deux ans), c'est de la folie pure. "Another Day", "Out Of My System" ou "Wait For Me" déclenchent une vague collective de déhanchements. La musique de Jamie Lidell, au carrefour de l'électro et de la soul, habitée et allègre, est aussi passionnante sur scène que sur disque.

Pendant que Diam's s'échine sur la grande scène, on s'enfile un plat de pastas aux restos du monde (rayon Italie, of course). Les premiers méfaits des mélanges alcoolisés pointent leur nez ici et là dans l'hippodrome. Notre estomac contenté, on se dirige vers la scène Bagatelle où le barde fou Jacques Higelin s'apprête à nous servir un feu d'artifice. A l'image de son excellent concert à la Cigale en mars dernier, le patriarche Higelin éclabousse Solidays de sa classe. Revenu en grâce ces derniers temps avec son splendide album Coup De Foudre (2010), il nous propose comme à son habitude un cocktail musical chamarré emprunt de loufoquerie et de beauté pop. Clou du spectacle : les splendides versions de "Champagne" (seul au piano) et "Pars" (joué en reggae).

C'est parti ensuite pour une deuxième nuit électro qui, à l'exception du show percutant de Chinese Man, ne parvient pas à nous passionner davantage que celle de la veille. Les bonnes vibrations sont à chercher du côté du Nova Club, plus efficace que Miss Kittin, Missill ou Bost & Bim. A l'écoute des commentaires élogieux, on regrette de ne pas avoir assisté au concert de Skip The Use.

Lire également la chronique du festival sur Froggy's Delight.

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