mardi 7 septembre 2010

Timber Timbre "Timber Timbre"

La musique folk n'en n'est plus à une étrangeté près. Timber Timbre, trio canadien passé entre les mailles du filet jusqu'ici, en apporte une preuve aussi lumineuse qu'inclassable. Emmenés par l'épatant singer/songwriter Taylor Kirk, ils s'affranchissent des codes musicaux du genre pour pondre un troisième album en forme d'objet musical non identifié.

Sorti il y un an déjà outre-atlantique, Timber Timbre intrigue instantanément. Est-ce la voix ensorcelante de Taylor Kirk - quelque part entre la sensibilité rocailleuse de M.Ward et le vibrato lyrique et profond de Richard Hawley -, l'atmosphère envoûtante que le groupe tisse autour de cette dernière, ou encore l'agréable impression que le groupe n'en fait qu'à sa tête (tendance Devendra Banhart) ? Toujours est-il que Timber Timbre distille dans nos oreilles un agréable goût de reviens-y.

Ambiance feutrée, compositions tenant sur un fil mélodique simplissime mais brillant - "Lay Down In The Tall Grass" en est l'exemple le plus éclatant -, titres lancinants et distillant très peu d'informations (Timber Timbre se rapproche en cela d'une version organique de The XX) : une douceur apaisante émane du disque, et la magie opère. Le folk habité des canadiens s'étire en longueur, les titres déroulent un fil d’Ariane, prennent le temps de poser leur atmosphère, répètent jusqu'à plus soif des gimmicks faits de peu de choses mais tellement addictifs. L'auditeur se retrouve emporté dans une lente et calme descente d'un long fleuve ténébreux.

On songe par-ci par-là à Bright Eyes ("We'll Find Out") ou Tindersticks ("I Get Low"). Mais, dans un style assez similaire (folk minimaliste), c'est Bon Iver dont l'ADN se rapproche le plus de celui de nos canadiens. Si l'on n'avait pas été totalement conquis par For Emma, For Ever Ago (premier album multi-encensé du groupe de Justin Vernon), Timber Timbre s'installe lui chaque jour un peu plus sur notre platine, les chansons tissant lentement mais sûrement leur toile dans notre esprit.

Bien loin de la candeur souvent barbante des divers essais folk actuels, l'album recèle un côté obscur parfaitement assumé. Il flotte tout au long de ce disque un parfum d'étrangeté fort troublant : Timber Timbre oscille entre une noirceur des plus âpres ("Magic Arrow" et "Trouble Comes Knocking" sonnent comme la bande son d'une sinistre fin de soirée trop arrosée) et une légèreté toute cinématographique ("Demon Host" en apesanteur, "No Bold Villain", "We'll Find Out").

Disque épuré et reposant, transportant l'auditeur d'un paysage à l'autre, Timber Timbre évite l'écueil de la préciosité (Antony Hogarty, si tu nous entends...). Sous ses airs arides (les arrangements tiennent en un clavier hanté, une basse caverneuse et une guitare dénuée de fioritures), cet album cache une flopée de mélodies en forme d'oasis qui continuent de vous obséder longtemps après la dernière note. Qu'on aime ou pas, on ne peut rester insensible à cette musique. En cela, les canadiens gagnent haut la main leur pari.



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