dimanche 18 septembre 2011

We Love Green J1 (Samedi 10 septembre 2011)


Un festival écolo à Paris, ça donne quoi ? La question était sur toutes les lèvres dans la navette amenant les festivaliers vers le parc Bagatelle. Premier élément de réponse, le festivalier type du We Love Green semble être bio et bobo, férocement indé et bien fringué. Bref, malgré la proximité de l'Hippodrome de Longchamp, on n'est pas exactement à Solidays.




Première vue d'ensemble : on proposerait bien au festival de se renommer We Love Beige, ça serait plus raccord avec la couleur dominante du décor. Il est annoncé 6000 festivaliers ce week-end, là encore on est bien loin des mastodontes de fréquentation franciliens qui dépassent chaque année les 100 000 entrées. We Love Green se veut un festival intimiste comme en atteste la petitesse du site (une seule scène). En découle une douceur de vivre et un confort inhabituel pour le festivalier qui peut déambuler en toute décontraction. Pas besoin de jouer des coudes pour se frayer un passage ou encore marcher dix bonnes minutes pour assister au concert suivant. Pour ne rien gâcher, c'est dans un bain de soleil que nous assistons au coup d'envoi de l'aventure We Love Green.

Pas grand chose à dire sur Pilooski, qui termine son DJ Set dans l'indifférence générale. A sa décharge, l'électro au milieu de l'après-midi, ça n'a jamais fait rêver les foules. On profite de la demi-heure de battement avant Connan Mockasin pour faire un tour des stands. On s'attarde sur la bicyclette qui, moyennant quelques coups de pédale, nous permet de recharger notre portable avant de jeter un oeil aux splendides (et instructives) affiches situées juste après l'entrée. On apprend notamment qu'en France, après des siècles de déforestation humaine, la forêt reprend de la place grâce à l'exode rural. Fichtre ! On rentrera moins con ce soir. La suite des clichés fait mal à notre petit coeur écolo, mais on tient bon.

Suite du programme : confection de colliers de fleurs personnalisés, un attractif espace lounge avec coussins moelleux et coin à l'ombre, un bar pas comme les autres (bières hollandaises exceptées, tout est bio), un stand de bouffe pas comme les autres (maîtres mots : bio et végétarien, ça change des kebabs et sandwiches américains), deux mini-géodes en bois dont une abrite une expo photo, des toilettes sèches avec sciure de bois, un stand de crêpes bio,...

L'esprit du festival est bien présent (tout est pensé pour être écolo), mais pas pour tout le monde. Chaque festival a son lot de crétins, on s'attardera ici sur une frange agaçante des festivaliers (pas très green pour le coup) qui jette par terre papiers, emballages et mégots. Un comble. D'autres semblent être venus surtout pour exhiber leurs dernières acquisitions shopping en cet ultime week-end estival.

Pour nous, We Love Green, c'est avant tout une programmation musicale croustillante mais bizarrement répartie : si dimanche offre un consistant plat de résistance (Peter Doherty, Metronomy, Selah Sue, Piers Faccini), le samedi fait plutôt pâle figure. En dehors de Connan Mockasin et des excellents Of Montreal, pas grand chose à se mettre sous la dent pour rassasier notre appétit musical. 

En ce week-end d'ouverture de la coupe du monde de rugby, on ne s'étonnera pas de voir les néo-zélandais Connan Mockasin livrer le premier vrai concert de la journée. Leur second disque (Forever Dolphin Love) est dors et déjà une des belles surprises de l'année et on est curieux d'entendre ses perles de pop atmosphérique live. Le chanteur avoue être content d'être en France et remercie chaudement le public de s'être déplacé car "chez nous, personne ne vient nous voir".



L'album est joué en entier, à commencer par l'excellente "Faking Jazz Together" et son riff hypnotique, "Megumi The Milkyway Above", "It's Choade My Dear", ou encore "Forever Dolphin Love", longue et envoûtante plage progressive d'une douceur extrême. Les chansons sont là, le son aussi, mais ça ne fonctionne pas vraiment. La musique de Connan, mystérieuse, sensible, est un oiseau de nuit. En plein jour, la magie du disque tombe un peu à plat. Concert agréable malgré une pointe de déception.

S'en suit un interminable changement de plateau. On se dit d'abord que Superpitcher, prévu à 18h20, est gonflé de prendre autant de temps et va mettre tout le monde à la bourre. Puis on se rend compte que c'est Of Montreal qui effectue ses balances et qu'on ne verra pas le DJ allemand. Le combo funko-psychédélique américain (pas canadien pour un sou) débarque un peu après 19h, bariolés comme à leur habitude, visiblement ready to party. Ça tombe bien, nous aussi.

En trois disques de haute volée (Hissing Fauna, Are You The Destroyer ? (2007), Skeletal Lamping (2008), False Priest (2010)) et après une décennie passée dans l'anonymat, Of Montreal s'est forgé un style immédiatement reconnaissable et une solide réputation : morceaux disco-funk-psyché-rock, chanteur dépressif à la voix de fausset, performances scéniques hautes en couleur.

Les concerts des américains colorés convoquent en général un bestiaire et un cortège de personnages improbables. Le show d'aujourd'hui ne déroge pas à la règle : slam de superheros en collants rouge et noir, combat de catcheurs, jet de dollars dans le public, apparition de cochons sur scène, longue saucisse de ballons de baudruche dépliée dans le public,... Le chanteur Kevin Barnes (très seyant en collants mauves, mocassins rouges et short blanc) et son guitariste en mode Woodstock s'en amusent. On en oublierait presque la musique. Avec une setlist centrée sur Hissing Fauna..., Of Montreal régale et livre une performance enthousiasmante.


Capable d'envolées rock ("Suffer For Fashion", "Coquet Coquette"), les américains excellent lorsqu'ils versent dans une funk sous LSD ("For Our Elegant Caste", "Gronlandic Edit"). Basse souple et ondulante, gimmicks de guitare sautillants, voix haute perchée, claviers psyché : la formule fait mouche presque à chaque coup ("A Sentence Of Sorts In Kongsvinger", "St.Exquisite's Confessions" - qui finit dans une longue jam prog -,  "Heimdalsgate Like A Promethean Curse").



Le concert se termine avec un coucher de soleil de toute beauté à gauche de la scène. Et c'est à peu près tout pour ce samedi, puisqu'après quelques minutes (assez pénibles) de DJ Koze, on se résout à rentrer chez nous et faire l'impasse sur Kruder & Dorfmeister. Au final, la première journée aura été fort agréable (soleil, cadre bucolique, rosé bio) mais peu consistante au niveau musical (deux concerts ? C'est un peu court, jeune homme...).

Lire l'article sur Froggy's Delight.
Crédits photos : Pierre Baubeau.

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