lundi 9 novembre 2009

Richard Hawley "Truelove's Gutter"

Chants d'oiseaux, ambiance crépusculaire, arpèges de guitare délicats : dès le premier titre - "As The Dawn Breaks", chef d'œuvre de beauté éthérée -, Richard Hawley pose le décor. Et puis là, à la 40ème seconde, une apparition miraculeuse : cette voix ténébreuse, intense et profonde, concentré de subtilité et d'émotion.

Rentrer dans cet univers mélancolique et fragile n'est pas chose aisée. Ne vous arrêtez surtout pas à la lenteur de l'ensemble, mais prêtez plutôt attention aux merveilles mélodiques que comporte cet album. Passez au-delà la longueur de certaines chansons (six minutes en moyenne, et presque onze minutes de rêve éveillé pour "Don't You Cry") et leur aspect répétitif de prime abord. Laissez-vous bercer, emporter par le courant, ne songez pas à résister.

Car Richard Hawley n'est pas un homme pressé. Il prend tout son temps pour installer des atmosphères sépulcrales où il laisse progressivement pénétrer la lumière. Le quarantenaire, ancien combattant de la britpop (il a notamment participé à l'aventure Pulp), semble avoir dédié sa carrière solo à la recherche de la beauté musicale la plus pure. Ses précédents essais (Truelove's Gutter est son sixième disque), bien que moins sombres, dégagent la même grace. Mais celui-ci a quelque chose de plus.

Richard Hawley parvient ici à une épure absolue et pousse la subtilité à l'extrême. Truelove's Gutter, ou la beauté du vide. De grands espaces, une immensité sans fin, et au milieu, ce chant caverneux - à peine souligné par quelques notes de guitare - qui hante le disque de la première à la dernière note. Le romantisme absolu de l'ensemble fait fondre les coeurs : passée la surprise initiale, impossible de rester insensible à la beauté magistrale de l'oeuvre. L'anglais y chante l'amour et ses déceptions avec passion. Concentré de douceur, Truelove's Gutter est la bande son idéale de vos nuits érotiques.

Huit titres, 53 minutes de musique : aucun déchet. C'est simple, on tutoie le sublime tout au long de l'album : la splendide "As The Dawn Breaks" inaugurale, les envolées de cordes de "Open Up Your Door", "For Your Lover Give Some Time" - monument de romantisme désabusé -, la divine berceuse "Don't Get Hung Up In Your Soul", le crescendo final de "Soldier On", les onze minutes de "Don't You Cry",... Richard Hawley se révèle parfait dans la peau d'un Leonard Cohen des temps modernes.

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