dimanche 12 décembre 2010

M.I.A. (Le Trianon, 11 Décembre 2010)

C'est dans un état assez confus que l'on ressort du Trianon, ne sachant trop à quoi on vient d'assister. Vaste plaisanterie ? Communion altermondialiste ? Prise en otage par un lobby pro-sonotone ? Show futuriste annonciateur d'une troisième guerre mondiale ? Apocalypse musicale ? Concert séduisant par son côté radical ? Un peu de tout ça. Et la musique, au fait ?

Eh bien, pas grand chose à se mettre sous la dent si ce n'est un show d'une brutalité rarement vue et une proximité charnelle dégoulinante de sueur dans la fosse. On connaissait l'étiquette "sans concession" de M.I.A., mais son récent album Maya et ce concert virulent viennent durcir encore son image.

La soirée débute avec un DJ-Set creux et lassant pendant lequel on constate que c'est une assemblée cosmopolite qui s'est déplacée au Trianon ce soir. La suite ? M.I.A. entre en scène pour une heure d'agression permanente, sur tous les plans : visuel (des lumières blanches épileptiques, des flash balancés de façon métronomique dans nos tronches), sensoriel (premiers rangs bombardés de fumée, sueur de tous les côtés, nanas en talons aiguilles dans la fosse) et surtout auditive. On est ici dans le registre du passage à tabac sonore. Le public se retrouve pris dans les cordes, bastonné de toutes parts par des sons stridents et des basses malfaisantes servies sans répit, les boutons de volume poussés à fond.

La voix de M.I.A. est inintelligible, et quand on l'entend c'est pour se rendre compte que la miss chante particulièrement faux (le "Paper Planes" final est un massacre). Les basses explosent tout sur leur passage. Bien que davantage concentré sur la ferveur populaire qui règne dans la fosse que sur ce qui se passe sur scène (M.I.A. se trimbale une bouteille à la main, invite à deux reprises les premiers rangs à venir s'afficher sur scène - certains jouant un peu trop le jeu -, déhanche son corps élancé tout en scandant ses paroles), on reconnaît "Born Free", "Boyz" ou "Paper Planes".

Au moins aura-t-on apprécié ce bain de foule musclé. On ressort en sueur de cette expérience plus particulière qu'agréable. L'appréciable calme qui règne sur le chemin du retour ne nous fait pas complètement oublier nos tympans criant au viol...

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