jeudi 3 février 2011

Fyfe Dangerfield (La Boule Noire, 2 Février 2011)

Il existe des disques tortueux, qui jouent à cache-cache avec l'auditeur pour mieux se révéler quand on ne s'y attend plus. Et puis il y a des albums, tels Fly Yellow Moon, qui ne nécessitent pas plus de deux écoutes pour s'imposer comme l'un des plus beaux disques de l'année passée. Libéré du carcan de son groupe (les sympathiques mais inégaux Guillemots), Fyfe Dangerfield prend son envol de songwriter.

Qu'en est-t-il de la retranscription live ? Livré à lui-même (seules une violoniste et une altiste sont à ses côtés) et pourvu d'un sampler, le chevelu anglais et ses pop-songs ciselées séduisent. La Boule Noire est ce soir complète et le public très concerné. L'ambiance est détendue et Fyfe Dangerfield à son aise : l'intimité de la salle sied parfaitement à la finesse de ses compositions.

Sans livrer une performance renversante - on aurait aimé entendre les chansons dans des conditions optimales : avec un vrai groupe accompagnant le chanteur -, le talent de l'anglais pour jongler entre piano et guitares, son magnifique organe vocal et son humour so british rendent ce tour de chant extrêmement plaisant.

Et puis la force des morceaux est telle que, même dans des versions parfois un peu cheap, on est conquis. Sur certains titres, même réduits à l'essentiel, la magie opère ("Firebird", d'une extrême douceur en ouverture, "Live Wire", qu'on croirait sortie d'un disque d'Eels, "Barricades", somptueuse ballade Lennonienne à faire pâlir de jalousie Chris Martin, la délicate "Don't Be Shy"). Le leader des Guillemots semble surtout avoir un don pour les envolées lyriques - que Rufus Wainwright ne renieraient pas -. Sans verser dans l'emphase, ses mélodies dorées et ses refrains virevoltants captivent ("So Brand New", "Faster Than The Setting Sun", "She Needs Me").

Fyfe Dangerfield se permet même deux reprises, aussi surprenantes l'une que l'autre - chacune à sa manière - : il revisite tout d'abord le "Fool On The Hill" des Beatles. Osé, mais le chanteur enfile la combinaison de McCartney avec une insolente réussite et livre une version toute personnelle et intense. Et puis, beaucoup plus surprenant, il reprend un titre du girl band Girls Aloud, sorte de Spice Girls des années 2000. Un succès, contre toute attente.

Après une cocasse intervention évoquant les charmes des interviews en France pour un chanteur Anglais et deux faux-départs parfaitement gérés sur "Let's Start Again"(la faute à un accordeur laissé outre-Manche) - ne parvenant pas à accorder convenablement ses guitares, il se rabat brillamment sur le piano -, le chanteur conclut par une version d'"Any Direction" aux airs de démo. Il revient pour deux chansons en rappel : "She's Always A Woman" à la guitare acoustique (chanson de Billy Joel présente sur l'album) puis "If The World Ends" des... Guillemots. Une façon de rappeler que cette escapade solo couronnée de succès n'était qu'une parenthèse avant le prochain album de son groupe. Qui sera, on l'espère, du même niveau que Fly Yellow Moon.



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