Qui a découvert Gush en concert ne peut que se réjouir de les voir enfin sortir leur premier album. Vus à deux reprises sur les planches l'an dernier (à Rock En Seine et surtout lors d'une première partie magique pour -M- à La Cigale), la grande famille Gush (deux frères et deux cousins) y excelle malgré son jeune âge. S'échangeant leurs instruments, se relayant au micro, déployant une puissance pop et une énergie communicatives, ils offrent une des prestations les plus percutantes du moment. Il faut beaucoup de (mauvaise) volonté pour ne pas en ressortir avec une banane énorme.
Outre de forts jolis minois, les quatre Gush ont plus d'un atout dans leur manche. Premier, et non des moindres : ils font figure de bizarrerie dans le petit monde du rock français. Guitares acoustiques limées, percussions truculentes, chœurs surf-pop tantôt électrisants tantôt caressants : leur musique est un cocktail explosif aussi foutraque que jubilatoire, entre gospel rock et folk-pop. Surtout, ils possèdent ce qui fait défaut à nombre de groupes français : grain de folie et originalité. Ils osent sans retenue et avec une réussite insolente.
Convoquant Beach Boys, Beatles, Beck et Stevie Wonder pour une orgie sonore irrésistible, Everybody's God comporte tellement de tubes potentiels qu'on ne sait plus où donner du déhanché ("Let's Burn Again", "Dance On", "Back Home", "Vondelpark", "No Way", "You Really Got Style"). Comment ne pas fondre devant le charme suranné de "Jealousy" ou les splendides ballades "My Favourite Song" et "Into The Sun" ? Capable de faire pleurer dans les chaumières, Gush nous sert aussi des riffs tranchants à la Keith Richards ("No Way", "Back Home"). A l'écoute de "Killing My Mind", on ne serait pas vraiment étonné que leur chanson préférée des Beatles soit "Ob-La-Di, Ob-La-Da".
La recette Gush est simple : quatre musiciens polyvalents, quatre bons chanteurs, quatre compositeurs futés. Et une alchimie à rendre jaloux n'importe quel Strokes. McCartney peut dormir sur ses deux oreilles : on ressent un vrai amour de l'orchestration chez Gush. Pour ces quatre drôles, les harmonies vocales semblent même être une religion, une seconde nature. Le groupe n'en finit plus de gravir les échelons, et fort est à parier que ce n'est qu'un début. Concentré de générosité, de fraîcheur et de culot, surprenant son auditeur en permanence, Everybody's God force le respect. Gush s'impose comme un chef de file dès son premier essai, et a tout pour casser la baraque en 2010. En anglais, Gush signifie "jaillissement". On n'aurait pas trouvé nom de groupe plus approprié.
Découvrez la playlist Gush
Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.
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