lundi 3 mai 2010

MGMT "Congratulations"

Célébrés voilà 2 ans par une génération entière suite à un premier album (Oracular Spectacular, 2007) frisant la perfection et porté par une poignée de tubes intemporels ("Kids", "Time To Pretend", "Electric Feel", "The Youth"), MGMT semblait paradoxalement mal en point ces derniers temps. Embarqués malgré eux dans une spirale médiatique incontrôlable, les américains y ont semble-t-il laissé quelques plumes. Pressentant le fort potentiel du groupe (à l'inverse de Klaxons, au hasard), on attendait avec crainte leur seconde livraison tant les nouvelles compositions jouées l'an dernier à Rock en Seine nous avaient laissés perplexe. Il faut dire que jusqu'à présent, MGMT peine à faire honneur à ses chansons en live.

Déjouant les pronostics pessimistes, le groupe de Brooklyn - le duo est devenu combo suite à l'interminable tournée d'Oracular Spectacular - signe avec Congratulations une odyssée spatiale pleine de surprises. Un disque fouillis, tintinnabulant, grouillant d'idées et dont on se délecte chaque jour un peu plus. Un album où MGMT s'ingénie à nous perdre dans un dédale de sonorités et de structures alambiquées. Les deux gamins ont grandi, et la pop psychédélique pleine d'innocence et de fraîcheur d'Oracular Spectacular s'est muée en un rock progressif plus complexe et moins accessible.

En effet : pas de "Kids" ou de "Time To Pretend" dans ce second opus des New Yorkais. Si risque il y avait, ce n'était pas celui du surplace tant les synapses du duo semblent en ébullition permanente. Il faut du culot pour pondre ce disque déboussolant et prendre à contre-pied ceux qui attendaient un "Oracular Spectacular" bis. MGMT passe là un message fort : "la musique, rien que la musique". Et pas n'importe laquelle : la plupart du temps passionnante ("It's Working", "Song For Dan Treacy", "Someone's Missing", "Flash Delirium", "Brian Eno"), même si elle connaît quelques coups de pompe, notamment dans la seconde partie du disque.

Le morceau de bravoure "Siberian Breaks", d'une complexité orchestrale remarquable, propose ainsi 12 minutes d'intensité inégale débutant par une splendide mélodie aux accents de Midlake, plongeant ensuite allègrement dans un rock progressif pas toujours captivant, puis une symphonie pastorale un peu lisse (avec un chorus à la flûte). "Lady Dada's Nightmare", instrumental sombre et kitsch, certes plutôt joli au début, devient ensuite pompeux et lourd.

Ces deux morceaux mis à part, il n'y a pas grand chose à reprocher aux lutins psychédéliques de MGMT. Le disque se clôt par la chanson-titre ("Congratuations"), belle ballade apaisée qui sonne comme le calme après la tempête. Sa simplicité est en totale contradiction avec la démesure des huit autres titres : juste une guitare, une mélodie et de discrets arrangements japonisants.

Bercé par un univers féérique évoquant le Pink Floyd de Syd Barrett, on a la tête dans les étoiles tout au long de ce Congratulations, disque délibérément ambitieux, déconcertant mais revigorant, qui redonne espoir à une époque où tous les disques rock ont tendance à se ressembler.

PS : Par respect pour la famille de l'artiste, nous ne ferons pas de commentaire sur la pochette du disque...

Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight
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