lundi 9 mars 2009

Keziah Jones (Olympia, 23 Janvier 2009)

Première surprise dans cet Olympia bourré à craquer : bizarrement, dans le public, à quelques exceptions près, il n'y a que des blancs. Curieux pour un concert de Keziah Jones. Deuxième surprise, et de taille : la qualité de la première partie. Pour une fois, elle n'a pas comme unique fonction de faire passer le temps à un public distrait, écoutant poliment d'une oreille entre deux bières. Saluons donc ici la (trop rare) cohérence entre les styles de la première partie et de l'artiste principal (pour mémoire : l'affreuse ouverture du ô combien frustrant concert d'Amy Winehouse au Zenith fin 2007, assurée par les Raimonds, pitoyable groupe américain de Rock Catholique, indigne d'intérêt voire pire : leur show minable ne fut qu'une longue et pénible torture). Pour assurer cette première partie débarque donc un être androgyne, guitare à la main, casquette à l'ancienne vissée sur la tête, veste sombre portée avec classe. Après avoir parcouru l'Olympia en long et en large à la fin de la soirée, j'ai finalement réussi à dénicher son nom au stand des T-Shirts : elle s'appelle Krystle Warren, et c'est donc une fille.

Dès les premières notes, on la sent habitée, et on est subjugué, pris aux tripes. On sent qu'elle dégage quelque chose de rare, d'unique. Sa voix est à tomber et évoque autant Stevie Wonder que Tracy Chapman, Michael Jackson (période Jacksons 5), Corinne Bailey Rae, ou encore... Keziah Jones. Lentement mais sûrement nous vient clairement la sensation d'assister aux premiers pas d'une future grande et en tout cas à l'une des meilleures premières parties auxquelles nous ayons assisté. D'entrée, deux premiers titres exceptionnels, puis viennent d'autres plus conventionnels mais mettant toujours en avant sa splendide voix. Enfin, elle finit de nous convaincre par un final aux vocalises à couper le souffle. Krystle Warren a clairement tout pour devenir une grande - notamment la voix, l'attitude et l'esprit (on sent une réelle ferveur qui l'habite lorsqu'elle chante). Elle devra d'abord faire ses preuves en tant que compositrice, mais pour ce qui et de son talent d'interprète, nous sommes déjà conquis. Et l'Olympia ne s'y est pas trompé en lui réservant une standing ovation à la fin de son show. Gageons qu'elle saura également mettre le public à genoux lors de son prochain passage à Paris (le 8 Avril au Café de la Danse), et espérons que son premier album ("Circles", sortie le 30 mars) sera à la hauteur de nos attentes. Quoi qu'il en soit, voilà définitivement une artiste à suivre (http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewProfile&friendID=83178103).



Tout ça nous ferait presque oublier la raison principale de notre venue ce soir : monsieur Keziah Jones. Immense tant par son talent que sa taille, il entre sur scène chapeau à la tête (penché sur le côté comme il se doit), vêtu d'un costume africain (tendance pyjama bariolé). Il dégage une classe folle, un charisme évident. Tel un sphynx il domine l'Olympia de sa grandeur...

Son groupe apporte un groove parfait pour mettre en lumière ses chansons, et pendant l'heure et demi du concert, il passera en revue la plupart des titres de son très bon dernier album ("Nigerian Wood"), notamment l'excellent single "My Kinda Girl", dansant et coloré, le magnifique "Long Distance Love", l'émouvant "My Brother" qu'il interprète seul à la guitare dans une ambiance quasi religieuse, et le très groovy "Blue Is The Mind". Mais il n'oublie pas bien sûr de se replonger avec plaisir dans ses albums passés : "Beautiful Emilie", que le public reprend en choeur, "Hello Heavenly" et son impressionnante montée dans les aïgus (crescendo progressif accompagnée par une batterie quasi-militaire), mettant magnifiquement en avant l'organe vocal du Nigérian, et surtout "Rythm Is Love", chanson fondatrice du blufunk et accessoirement titre qui l'a propulsé sur le devant de la scène voilà 17 ans. Les premiers accords de "Rythm..." déclenchent la folie dans le public. S'en suit cinq minutes pendant lesquelles l'Olympia se transforme en dancefloor funky grandeur nature.
On a beau s'être fait une idée de l'immensité du talent de Keziah Jones au fil des écoutes de ses albums (guitariste de génie, compositeur hors pair, excellent chanteur), le voir en concert reste une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie... En effet, il faut le voir pour le croire : la facilité déconcertante avec laquelle il joue de sa guitare, son jeu si particulier avec ces doigts virevoltants qui tapent les cordes autant qu'ils les grattent, ce contraste saisissant entre sa posture imposante sur scène et la finesse de son jeu, sa façon de se déplacer, de danser, de bouger comme un félin, sa simplicité lorsqu'il s'adresse au public, le plaisir ostensible qu'il éprouve à jouer ses chansons sur scène et l'énergie contagieuse qu'il dépense,... La liste est longue, mais de toute évidence, le nigérian semble né pour jouer de la guitare et rarement on aura vu une osmose aussi parfaite entre un artiste et son instrument.

Ah, oui, et pour courronner le tout, le nigérian s'est permis vers la moitié du concert d'ôter sa chemise pour se mettre torse nu, ce qui a eu un effet certain sur les jeunes (et moins jeunes) demoiselles présentes dans la salle et a eu le don de les exciter quelque peu. A vrai dire, nous pouvons les comprendre : pour ne rien gâcher, il est beau comme un Dieu. Une question me vient : ce mec aurait-il un défaut ?

1 commentaire:

  1. Ouah, j'imaginais pas que t'allais y aller a fond dans les details, j'ai l'impression d'etre avec toi dans la fosse !
    Thanks Pierrot

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