dimanche 20 septembre 2009

Wax Tailor "In The Mood For Life"

En l'espace de deux albums malins et rafraîchissants (Tales Of The Forgotten Melodies en 2005, Hope & Sorrow en 2007) et une participation à la B.O. de Paris ("Seize The Day", véritable bijou), Wax Tailor a imposé un style, au croisement des chemins du hip-hop, de l'électro, du down tempo, du trip-hop et de la pop. Son succès au-delà de nos frontières a ouvert une brèche, et ce brassage des genres a trouvé écho en France chez Sporto Kantès et General Elektriks, qui ont fait évoluer la formule vers d'autres directions.

Wax Tailor a trouvé sa voie avec son splendide premier album Tales Of The Forgotten Melodies (qui comportait les magnifiques "Que Sera", "Our Dance", "How I Feel" et "Walk The Line") puis étoffé son style sur le second (Hope & Sorrow), qui pointait déjà quelques limites malgré des titres excellents ("The Games You Play", "Positively Inclined", "The Man With No Soul" et "To Dry Up"). Il confirme avec son nouvel opus tout le bien que l'on pense de lui, sans toutefois parvenir à gommer les faiblesses déjà entrevues par le passé.

Sur ce In The Mood For Life au titre clin d'oeil à Wong Kar Wai, il n'y a pas vraiment de surprise ni de nouveauté : Wax Tailor fait du Wax Tailor. Le résultat est très bon, et il prouve une fois de plus qu'il n'a pas son pareil pour mixer habilement les genres. Mais les disques du DJ français se suivent et se ressemblent, et c'est bien là le problème. Mêmes fulgurences géniales, mêmes sonorités, même défauts : l'effet de surprise est retombé et on aimerait le voir prendre un peu plus de risques.

On retrouve une nouvelle fois ici une ribambelle de collaborateurs venus poser leur flow sur la bande, qu'ils soient de nouveaux venus (le suédois Speech Defect sur l'entraînante "B Boy On Wax", la chanteuse soul anglaise Dionne Charles sur "Leave It", d'inspiration Motown, Charlie Winston, qui s'en sort avec les honneurs sur "I Own You") ou des fidèles de la première heure (l'envoûtante Charlotte Savary qui apparaît sur quatre titres, et Mattic). Ils apportent tous une touche personnelle au hip-hop orchestral et mélancolique du français. In The Mood For Life propose des arangements méticuleux où la flûte traversière, le violoncelle, les scratchs, samples et bouts de dialogues cinématographiques jouent souvent les premiers rôles, comme c'était déjà le cas sur les précédents disques. Le résultat se révèle coloré, aérien, enthousiaste, et sans doute moins sombre qu'à l'accoutumée.

Il y a beaucoup à se mettre sous la dent sur ce troisième disque. Peut-être même trop (51 minutes, 19 titres et de nombreux intermèdes) : Wax Tailor gagnerait à être moins bavard, à distiller avec davantage de parcimonie ses interludes urbains et ses passages de films qui sont certes sa marque de fabrique, mais alourdissent l'écoute et donnent un côté fouillis à l'ensemble. On apprécie davantage ses titres rythmés et dansants que ses compositions down tempo ("Go Without Me", "Dragon Chasers", "Fireflies"). Le constat reste le même que sur ses deux précédents albums : bien que porté par quelques chansons de très haute volée ("B Boy On Wax", qui a de faux airs de "Positively Inclined", "No Pity", "Leave It", "Sit And Listen", "Say Yes",...), on reste un peu sur notre faim. Pourtant, même si In The Mood For Life ne comporte pas de titres du niveau de "How I Feel" ou "Que Sera", c'est peut-être le disque le plus cohérent de Wax Tailor. Mais on sait qu'il peut faire encore beaucoup mieux.
Lire également la critique de l'album sur Froggy's Delight.

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