mardi 28 avril 2009

Candi Staton (17 Avril 2009, Alhambra)

Les apparitions de Candi Staton se faisant de plus en plus rare, son passage à l’Alhambra fait office d’événement. A 69 ans, la diva soul, survivante des 60’s, ancienne icône disco tombée dans l’oubli puis ressuscitée au milieu des années 2000 par la grâce d’un splendide best of, sort un nouvel album (« Who's Hurting Now ? ») et s’offre une tournée européenne dans la foulée. Cette soirée était donc l’occasion rêvée pour aller admirer une des plus mésestimées chanteuses soul américaine qui, après s’être égarée à un moment dans les paillettes du disco puis s’être adonnée au gospel, revient à ses premiers amours.

Pour nous faire patienter jusqu’à l’arrivée de la grande dame, un jeune blondinet à mèche est chargé de nous échauffer les écoutilles. Assis sur une chaise, accompagné de sa seule guitare acoustique, il délivre d’honnêtes chansons bourrées d’influences soul. Il dispose d’une voix rocailleuse et nasillarde qui ne manque pas de caractère mais qui, selon les moments, fait penser au mieux à Rod Stewart, au pire a Paolo Nutini. Intéressant sans être tonitruant, agréable à écouter malgré quelques côtés agaçants (notamment des intonations un peu maniérées).

Après l’entracte, les spectateurs regagnent petit à petit leur siège, la lumière s’éteint et les musiciens entrent un par un sur scène, entamant un instrumental groovy et terriblement efficace augurant d’une bonne soirée. Puis le choriste annonce l’arrivée de Candi Staton, qui pénètre sur scène sourire aux lèvres et entame sans plus attendre sa setlist par deux titres du nouvel album, avant de gratifier le public de magnifiques versions de ses plus belles chansons (« I’m Just A Prisonner », « Too Hurt To Cry », « I’d Rather Be An Old Man’s Sweetheart Than To Be A Young Man’s Fool », et « Stand By Your Man »).

Peu à peu, les spectateurs se dérident, quelques fans fous furieux gagnent la fosse pour y danser sans répit. L’un d’entre eux demande même un baiser a Candi, laquelle s’exécute sans broncher, ce qui provoque une explosion de joie chez le concerné. Puis, sur « Stand By Your Man », l’américaine demande au public de se lever, ce qui finit de briser l’ambiance légèrement plan-plan qui régnait jusqu’alors dans la salle. Même les plus réfractaires n’auront ensuite d’autre choix que de se trémousser au rythme des bombes funky-disco délivrées par le groupe.

Les musiciens de la chanteuse sont tous excellents, le groove impeccable, le son parfait et dominé par la voix de l’américaine, dont on peut constater qu’elle n’a rien perdu de son charme ni de sa puissance. Elle a l’air ravie d’être là et sincèrement touchée par l’accueil du public. Petite surprise parmi la setlist : deux reprises lumineuses d’Elvis Presley (« Suspicious Mind » et « In The Ghetto ») qui rendent grâce aux originaux et mettent en avant sa voix ô combien expressive.

A la suite de « Stand By Your Man », visiblement très émue, Candi Staton essuie quelques larmes et se lance dans une longue tirade sur le bonheur de vivre, la nécessité de profiter de la vie (pour faire court). Ce long speech se révèle être une parfaite introduction à “Young Hearts Run Free”, tube parmi les tubes de la dame qui finit de transformer l’Alhambra en boîte de nuit disco. S’en suit une présentation des musiciens par la chanteuse, lesquels se lancent tour à tour dans de vertigineux solos. Après la magnifique “You Got The Love”, Candi Staton sort de la scène suivie par son groupe, pour mieux y revenir lors d’un rappel anecdotique comparé au reste de la soirée (une chanson du nouvel album).

Ce superbe concert fait la démonstration que Candi Staton est définitivement une grande dame de la soul. Malgré son âge avancé, elle a délivré des versions splendides et pleines de fraîcheur de ses plus grands succès, le tout entrecoupé d’extraits du nouvel album – qui, sans atteindre les sommets de ses enregistrements de jeunesse, se laissent écouter sans déplaisir. Chapeau madame, et merci.

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