Après la sortie il y a quelques mois de son cinquième album solo, Andrew Bird investit La Cigale pour un concert très attendu, tant « Noble Beast » a marqué les esprits. Il se révèle même être l’un des tous meilleurs disques de ce début d’année. Laissant la part belle aux violons et aux guitares acoustiques, évoquant les grands espaces, « Noble Beast » est un bain de jouvence au rayon du folk et un retour aux sources pour Andrew Bird. Si son précédent album (« Armchair Apocrypha », 2007) était un poil trop tarabiscoté pour réellement nous enthousiasmer, là il va à l’essentiel et dévoile de somptueuses compositions aux mélodies imparables (« Oh No », sans doute la plus belle chanson de Bird, et candidate au titre de meilleure chanson de l’année, « Fitz & Dizzyspells », « Effigy », ou encore « Natural Disaster »).
C'est donc avec enthousiasme (malgré la pluie qui s’abat sur la capitale) que l’on pénètre dans la salle du Boulevard Rochechouart. Alors que l’on tente à grand peine de se frayer un passage dans la salle comble, on tend une oreille pour écouter la première partie qui débute, et, ô surprise, il s’agit de l’un de nos coups de cœur de l’année dernière : Laura Marling. Son album « Alas I Cannot Swim » contient quelques joyaux qu’on ne se lasse pas d’écouter (« Ghost », « Tap At My Window », « Crawled Out Of The Sea », « My Manic And I », « The Captain And Hourglass ») et elle confirme ce soir tout le bien que l’on pense d’elle et de ses compositions d’une maturité étonnante pour son âge (19 ans). Sa voix remarquable se mêle parfaitement aux harmonies tissées par le violoncelle qui l’accompagne et pour ne rien gâcher, son physique de blonde vénitienne dégage un charme qui n’est pas pour nous déplaire. Quoi qu’un peu courte, ce fut une première partie de haute volée, même si l’on peut regretter quelques fins de chansons un peu expédiées, et un problème de son avec la guitare (un léger grésillement fort désagréable).
A peine remis de nos émotions, les lumières s’éteignent et Andrew Bird fait son apparition sur scène. Il empoigne son violon et, en guise de hors d’œuvre, nous propose deux brillants titres instrumentaux basés sur des samples superposés qu’il enregistre lui-même et distille tout au long du morceau. Il reproduira cette formule originale sur toutes les chansons, à savoir une introduction où il pose le décor en empilant les couches sonores enregistrées avec son violon.
Puis son groupe le rejoint, et à mesure qu’il enchaîne les chansons, on comprend rapidement que le monsieur est un touche-à-tout génial, un musicien virtuose qui jongle entre les instruments avec brio et, de surcroît, un grand chanteur. Il est capable d’envolées vocales proprement sidérantes, siffle magnifiquement bien, sait tout faire avec son violon, et n’est pas en reste lorsqu’il empoigne sa guitare ou son xylophone. Mais surtout, il propose un univers musical extrêmement original dont il semble maîtriser le moindre aspect malgré des structures de chansons complexes. Pour compléter le tableau, il dégage un charisme évident sans en faire des tonnes : il chante beaucoup avec ses mains, est très démonstratif, et apparaît en fonction des moments un brin déjanté ou bien complètement dans sa bulle. Ce mélange de folie et de concentration extrême n’est pas sans rappeler l’attitude sur scène de chanteurs comme Thom Yorke ou Patrick Watson.
Si le personnage et sa virtuosité rendent le concert envoûtant et passionnant, tout n’est pas parfait et l’on sent qu’il manque quelque chose pour que l’on soit complètement emballé. Il apparaît que passé quelques titres, ses chansons deviennent trop prévisibles tant leur schéma demeure identique de l’une à l’autre. En guise d’introduction et d’accompagnement à ses chansons, il développe des nappes de cordes réellement impressionnantes mais souvent trop chargées et qui noient la mélodie dans de complexes couches sonores. On regrette également quelques titres qui s’étirent trop en longueur. Un autre point quelque peu irritant est son utilisation du sifflet : il n’y a aucune contestation sur le fait qu’il siffle comme un Dieu, mais il en use et en abuse si bien qu’au bout d’un moment, sur chaque chanson, on attend juste le moment où il va se mettre à siffler.
Ainsi sa prestation impressionne plus qu’elle ne touche. Il restera tout de même quelques moments magiques lorsqu’il relâche le tempo, fait taire ses samples, préfère l’épure à l’empilage de couches sonores, et se livre seul avec son instrument et sa magnifique voix.
Setlist Andrew Bird : 01-Dark Matter, 02-Waterjet, 03-Masterwarm, 04-Opposite Day, 05-A Nervous Tic Motion Of The Head To The Left, 06-Oh No !, 07-Effigy, 08-Fitz & Dizzyspells, 09-Natural Disaster, 10-Tenuousness, 11-Not A Robot, But A Ghost, 12-Cataract, 13-Anonanimal, 14-Imitosis, 15-Not Easy Being Green, 16-Fake Palindromes / Rappel / 17-Why ?, 18-Tables And Chairs, 19-Don't Be Scared
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