vendredi 5 juin 2009

Fredo Viola "The Turn"

"Bizarre, bizarre... Vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre..." Malgré, ou à cause de sa bizarrerie, il y a quelque chose d'incroyablement addictif dans la musique de Fredo Viola : ça surprend, ça choque, ça interpelle, ça émerveille, et on y retourne encore et encore, comme si l'on voulait percer le mystère entourant ces chansons.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la musique de Fredo Viola est étrange, peu commune. Elle ne ressemble à rien de connu, coincée entre un esprit pop très inspiré de Pet Sounds ("Red States", "Risa", "Puss") et les chants grégoriens. Ses chansons habitent un no man's land, une terra incognita qu'il est au final très agréable de fouler. Mais ce n'est pas forcément le cas à la première écoute tant les aspects très solennel, religieux et déconcertant de sa musique peuvent rebuter de prime abord. Ce disque demande un temps d'acclimatation pour pouvoir vraiment l'apprécier.

Mais ce serait du gâchis que de s'arrêter à ses premières impressions, de ne pas s'aventurer plus avant dans The Turn. Car c'est une expérience vraiment particulière dont on resort marqué. A son écoute, on éprouve un sentiment de plénitude et on y plonge avec un vrai délice. Cet album est parcouru de titres aux harmonies envoûtantes, incarnés par une voix splendide et spectrale ("The Turn", "The Sad Song", "Friendship Is...", "Red States", "Risa", "Moon After Berceuse", "Puss").


Fredo Viola habille ses morceaux de sonorités originales, mais sans en abuser. Il procède par petites touches et les chansons restent souvent à l'état de squelette, ce qui permet de mettre en avant les harmonies vocales (les parties de chant viennent se poser comme par magie les unes par-dessus les autres). Une ligne de synthé par-ci ("Friendship Is..."), des pizz de violoncelle accompagnés par un clavecin et un xylophone par-là ("Puss"), une guitare acoustique, quelques notes de piano, une flûte traversière, des choeurs ("Red States", la chanson la plus produite de l'album, très beachboysienne dans l'âme) ou encore quelques arpèges de piano un peu bancals ("The Original Man"), le tout conduit par une batterie très discrète. Tellement effacée qu'elle est souvent absente, pour mieux laisser l'organe vocal du chanteur s'exprimer ("The Turn", "The Sad Song", "Moon After Berceuse").

Malgré quelques titres en retrait ("K Thru 6", pas facile d'accès, "Robinson Crusoe", ou encore "Death Of A Son"), ne boudons pas notre plaisir. Nous tenons là une oeuvre lumineuse, véritable cathédrale d'harmonies en tous genres, à la profondeur abyssale et d'une inventivité rare. The Turn révèle au grand jour le talent de Fredo Viola, qui signe autant avec ce disque un O.V.N.I. musical qu'une vraie réussite pop. Une grande découverte, et un artiste à suivre de toute urgence.

Merci à Pascal Codron pour ses photos.

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