Phoenix se présente ce soir dans la capitale alors que leur nouvel album sort aujourd'hui même partout en France et en Europe. Pour les avoir vus deux fois précédemment sur scène (à Rock en Seine en 2006 et au Château de Versailles en Juin 2007), on savait les français capables de renverser les foules avec leurs petites bombes pop. Pour ne rien gâcher, l'écoute en boucle de l'excellent Wolfgang Amadeus Phoenix depuis une semaine laisse augurer d'un grand concert ce soir. On croise les doigts, mais on est confiant : le groupe ne nous a jamais déçus jusqu'ici.
Ce sont les jeunes bordelais d'Adam Kesher qui assurent la première partie. Après un premier morceau très accrocheur, la suite de leur set ne passionne pas vraiment. Pourtant, le groupe est très carré et joue avec ferveur son électro puissante. Ils se dépensent sans compter et délivrent un concert très énergique. Mais les mélodies font cruellement défaut, et on n'accroche pas trop avec la voix du chanteur, aux intonations proches de Kele Okereke (chanteur de Bloc Party).
Vient ensuite le moment tant attendu. Dans une ambiance indescriptible, Phoenix arrive sur scène pour entamer un concert qui restera quoi qu'il arrive comme l'un des plus marquants de l'année. Sans plus attendre, ils commencent par "Liztomania", premier single de leur nouvel opus – et assurément l'un des tubes de l'année. Non seulement c'est l'une des meilleures chansons qu'ils aient jamais composé, mais la version jouée ce soir est tout simplement énorme. Sans transition, ils se lancent dans "Long Distance Call" – très bon single du précédent album – avant que "1901" – autre extrait de Wolfgang Amadeus Mozart – ne vienne tout emporter sur son passage.
En trois titres, tout est dit. C'est un groupe gonflé à bloc qui se présente devant nous, fort comme jamais et prêt à en découdre. Phoenix dégage une puissance de feu, bien aidé en cela par son batteur (le suédois Thomas Hedlund) qui, comme à son habitude, bat la mesure comme un roc et maltraite ses fûts pour notre plus grand plaisir. Plus qu'un groupe, les français sont une véritable machine de guerre.
Après deux piqûres de rappel bienvenues – "Run Run Run", une de leur plus grande réussite, et la puissante "Napoleon Says" –, le groupe ralentit le tempo et se lance dans l'épique instrumental trônant au milieu de leur dernier album : "Love Like A Sunset". Le morceau était déjà impressionnant sur disque, mais en concert il est effarant de voir à quel point le groupe retranscrit à la perfection cette longue et progressive montée en tension. Ce passage est vraiment révélateur de la qualité du groupe, affolant de maîtrise.
Puis Phoenix ravive la flamme des nostalgiques avec "If I Ever Feel Better", qui donne des fourmis dans les jambes (bdlr (blague de l'auteur) : on est à La Cigale) et que le public reprend en choeur. Sur "Rally" et "Lasso", le groupe maintient l'intensité au maximum avant de gagner le creux de la vague pour trois titres légèrement en retrait. "I’m An Actor" – extrait du second album Alphabetical – dépoussière les oreilles mais convainc moins. "Sometimes In The Fall" – tirée du précédent et 3ème album It's Never Been Like That – reste plus qu'honorable, mais en-deça du reste de la setlist. De même "Funky Squaredance" – présente sur United, album fondateur du groupe –, bien que sortant du cadre, ne nous captive pas autant que les morceaux du début du concert.
Après ce dernier titre, le groupe dit aurevoir mais, devant l'ovation de la foule, décide de rester sur scène et de jouer les titres prévus en rappel sans plus attendre. Rarement on aura vu un groupe acclamé de la sorte, et les Versaillais semblent sincèrement émus par l'accueil phénoménal - et mérité - du public. La suite du show ne sera qu'une progressive montée en régime jusqu'à un final orgasmique : "Too Young", "Girlfriend", "Armistice" puis la tubesque "Consolation Prizes", à la suite de laquelle le groupe quitte la scène. Les six musiciens (Thomas Mars au chant, Deck D'Arcy à la basse, Christian Mazzalai et Laurent Brancowitz à la guitare, accompagnés en live par Rob aux claviers et Thomas Hedlund à la batterie) refont apparition quelques instants plus tard. La folie atteint alors son paroxysme sur "Rome", dernière chanson interprétée par Phoenix ce soir. Le groupe en propose une version grandiose, complètement foutraque, étirée en longueur et couplée avec des passages de "Napoleon Says". Thomas Mars n'hésite pas à plonger au coeur de la fosse pour un a cappela avant que ses comparses ne fassent reparler la foudre.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on ne resort pas déçu de leur prestation. Durant le concert, on attend chaque titre de Wolfgang Amdeus Phoenix avec une grande impatience, et au final ils furent les morceaux les plus réussis du concert. Le public connait déjà les paroles par coeur alors que l'album ne sort qu'aujourd'hui : il est en bonne voie pour devenir un classique. Seuls petits regrets de la soirée : une setlist un peu trop convenue, et l'absence de certains titres ("Fences", "North","One Time Too Many", "Love For Granted",...). Mais c'est vraiment pour chipoter, tant le groupe a tutoyé les sommets ce soir. Ce concert, servi par un son parfait, un très bon chanteur et des musiciens épatants, a été éblouissant de part en part. On s'en rappelera longtemps. Après cette soirée à La Cigale, Phoenix s'impose un peu plus encore comme l'un des groupes majeurs de l'année 2009. Une séance de rattrapage est dors et déjà prévue le 19 Octobre au Zénith de Paris. C'est la première fois que les français investissent le complexe parisien : le début de la gloire ?
Set-List Phoenix : 01 Lisztomania, 02 Long Distance Call, 03 1901, 04 Run Run Run, 05 Napoleon Says, 06 Love Like A Sunset, 07 If I Ever Feel Better, 08 Rally, 09 Lasso, 10 I'm An Actor, 11 Sometimes In The Fall, 12 Funky Squaredance, 13 Too Young, 14 Girlfriend, 15 Armistice, 16 Consolation Prizes - Rappel - 17 Rome / Napoleon Says (medley)
Merci à Pascal Codron pour ses photos.
Lire également la chronique de l'album sur Froggy's Delight.
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