On avait laissé Ghinzu il y a quatre ans, gonflés à bloc par le succès de leur album Blow – notamment en France – et de la tournée qui a suivi. On attendait impatiemment leur retour, et notre patience n'aura pas été veine : Mirror Mirror, tout en suivant la même voie que son prédecesseur, va encore plus loin. Il n'y a pas de single évident comme "Do You Read Me", pas de titre de l'envergure de l'épique "Blow". Mais on trouve de très bonnes choses sur toutes les chansons, et l'album est plus homogène que le prédédent. Pour compléter le tableau, les sonorités rock sont encore plus affirmées et les guitares plus tranchantes. Peut-être ce disque est-il un peu moins accessible que Blow. On note quelques passages à vide – surtout sur la fin –, mais le niveau global est suffisamment bon pour rendre cet album excitant et donner envie de continuer à suivre ce groupe.
Le titre d'ouverture, "Cold Love", débute comme du bon Kasabian (on pense à leur magistral "Club Foot"). Le refrain a l'évidence des grandes chansons, la basse et les guitares sont triturées dans tous les sens, saturées, agressives, jouant pied au plancher. L'ensemble est réellement impressionnant et dégage une vraie puissance tout en gardant un pied dans le terrain pop. "Take It Easy" ou la sautillante "The End Of The World" sonnent comme des titres des Strokes (à plusieurs reprises sur l'album on sent l'influence des New-Yorkais au niveau des guitares et de la voix). On peut déjà prédire à la première une belle carrière sur les ondes FM. Vient ensuite la ballade de la mort qui tue, "Mother Allegra". Inquiétante, ténébreuse, elle fait fondre les coeurs instantanément. Les harmonies planantes de l'orgue font écho à ceux d'Arcade Fire sur Neon Bible ("My Body Is A Cage"). On peut juste regretter que Ghinzu ne fasse pas durer un peu plus notre plaisir.
La chanson-titre "Mirror Mirror" démarre par une montée en régime progressive aboutissant sur une partie instrumentale à décorner les boeufs. Le titre alterne judicieusement entre décharges soniques et baisses de tension, ce qui ne manquera pas de ravir les fans de Muse. La basse est énorme, la batterie cogne comme si sa vie en dépendait, la guitare rugit de plaisir : on salive à l'avance en imaginant l'effet de cette incroyable débauche d'énergie sur une fosse sautillante et pogotante... "This War Is Silent" est du même acabit que "Cold Love" : c'est une chanson évidente poussée par des parties instrumentales agressives, et bien servie par des arrangements mettant en avant la puissance de frappe du groupe. La fin de la chanson est un modèle de furie rock parfaitement orchestré.
Les belges ont mis dans ce disque tous les ingrédients de l'album parfait. Ils ont clairement franchi un pas dans la production, leur son est plus dense, plus affirmé. Ils semblent avoir trouvé leur voie et, chose rare, ont réussi sur ce disque à saisir au vol l'énergie et la folie qu'ils dégagent en concert. Ce nouveau Ghinzu est tendu comme un arc et le groupe nous prouve ici qu'ils méritent davantage qu'une sympathique attention. Le chant de John Stargasm aussi a fait sa mue, il a davantage de caractère, il est également plus varié. Ghinzu se transforme lentement mais sûrement en une véritable machine de guerre, capable de faire flamber les stades. Leurs performances live ont la réputation d'être particulièrement déjantées et on frémit déjà à l'idée de les voir à Paris le 23 Octobre prochain. Ce sera au Zénith, signe que le groupe a définitivement changé de catégorie.
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