Klang. Comme un marteau enfonçant un clou. Mais aussi comme une guitare qu'on branche dans un ampli gavé de saturation, potards tournés à fond... Et c'est parti, on balance la sauce. Voilà l'état d'esprit dans lequel les londonniens ont enregistré leur troisième album, réfugiés pour l'occasion à Berlin-Est (dans les studios d'une anciennce station de radio soviétique).
Le résultat est à cette image : son crasseux, tendu à l'extrême, batterie furieuse, guitares fiévreuses, chant surexcité : la machine des Rakes tourne à plein régime, va directement à l'essentiel et frappe de plein fouet. Mené par des guitares incandescentes, acérées comme des lames, The Rakes développe ici une force de frappe qui rappelle l'énergie contagieuse de leur inaugural Capture/Release, mais avec un son ayant gagné en maturité.
Agité de part en part, Klang regorge de petites bombes punk d'où transpire un sentiment d'urgence. C'est ce qui manquait par moment sur 10 New Messages, leur précédent album, plus bavard que les deux autres. The Rakes se concentre ici sur son noyau dur et accouche d'un nouvel album totalement enflammé. Joué sur les chapeaux de roue, il ne laisse aucun répit à l'auditeur, qui se retrouve projeté à son corps défendant sur des charbons ardents.
Comme à chacun de leurs disques, on se retrouve une nouvelle fois bluffés par tant d'énergie à revendre. D'autant plus que cette ferveur est mise au service de chansons à l'efficacité redoutable : de "1989" en passant par "You're In It", "That's The Reason", ou "The Woes Of The Working Woman", The Rakes réalise en dix chansons et même pas une demi-heure un parfait condensé de l'essence du Rock.
On s'étonne encore que leur succès critique reste un succès d'estime. Il est en effet curieux de constater que leur public demeure constitué majoritairement de connaisseurs, alors que d'autres groupes sortis de l'ombre en même temps qu'eux et à qui ils n'ont rien à envier (Arctic Monkeys, The Kooks pour ne citer qu'eux) ont depuis longtemps déjà étendu leur succès au grand public. Ils méritent clairement davantage, mais ne semblent pas s'en soucier outre mesure. Ces gars-là ne se prennent pas au sérieux et ont su jusqu'ici tracer leur propre voie, sans concession. Cela leur a réussi, Klang en est une nouvelle preuve Tant qu'ils maintiendrnt le cap, on ne pourra qu'approuver. Mais le plus dur les attend sûrement, avec ce grand défi incontournable : être capable de se renouveler sans perdre son identité, rester au plus haut niveau sans se répéter. C'est la marque des grands groupes que d'y parvenir. On y croit pour ces sympathiques anglais. A fond.
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